Économie saoudienne et Covid-19: un mal pour un bien

Les clients font la queue pour payer leurs courses dans un supermarché pendant la crise de la Covid-19. Certains consommateurs affirment que « la mauvaise expérience causée par le virus les a sensibilisés à l’importance d’économiser de l’argent » (photo AFP)
Les clients font la queue pour payer leurs courses dans un supermarché pendant la crise de la Covid-19. Certains consommateurs affirment que « la mauvaise expérience causée par le virus les a sensibilisés à l’importance d’économiser de l’argent » (photo AFP)
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Publié le Vendredi 28 août 2020

Économie saoudienne et Covid-19: un mal pour un bien

  • « Les gens sont devenus des acheteurs avisés qui se concentrent sur les produits liés à la santé »
  • 68 % des consommateurs de la région Mena déclarent que leurs critères de consommation ont changé

RIYAD: « La pandémie a créé une culture de la prudence dans les dépenses de la société saoudienne », déclare l’économiste Abdallah al-Maghlouth.

La pandémie de Covid-19 a porté un coup dur à l'économie mondiale, et, malgré sa force, l'économie saoudienne n'a pas fait exception. Cependant, cette crise a aussi fait naître une culture de la prudence dans les dépenses de la société saoudienne dont l'économie nationale est bénéficiaire à long terme, selon un expert.

Pour le Dr Abdallah al-Maghlouth, de l'Association économique saoudienne, nous allons observer d'énormes changements sociaux à la suite de la pandémie, dont le plus important sera le comportement des consommateurs. « La récession économique a déjà commencé. Elle influera sur le comportement des consommateurs, ce qui, en retour, affectera fortement toutes les variables économiques », déclare-t-il à Arab News.

Tout le monde est conscient du changement remarquable qui s'est produit dans le comportement des consommateurs alors qu'une grande partie de la population est entrée sur le marché numérique où les sociétés de soins de santé, les restaurants et les sociétés de nutrition ont les taux de vente les plus élevés.

Al-Maghlouth ajoute : « Les gens sont devenus des acheteurs avisés qui se concentrent sur les produits liés à la santé. De plus, les marchés saoudiens connaîtront une diminution significative des prix et les gens constateront cette baisse sur de nombreux biens et services. »

Il pense que le nouveau comportement des consommateurs réduira les dépenses des particuliers dans une tentative d’augmenter leurs économies.

Après la fin de la crise, le marché commencera à envoyer des indicateurs rassurants qui devraient ramener les consommateurs sur le marché. « La prospérité reviendra alors et les gens auront une vie décente et stable. »

L'infirmière saoudienne Wafa al-Shammari nous explique que la mauvaise expérience causée par le virus a changé bon nombre de ses habitudes d'achat et lui a fait prendre conscience de l'importance d'économiser.

 

« Nous dépensions trop d’argent pour des choses dont nous n’avons pas vraiment besoin. Avant, quand je faisais les courses du mois avec mes deux enfants, les bonbons et les jouets qu’ils réclamaient représentaient parfois la moitié de la facture », raconte-t-elle.

Elle ajoute qu'elle avait l'habitude d'acheter des articles, nouveaux ou à prix réduit, qui ne figuraient pas sur sa liste de courses – une habitude courante chez la plupart des acheteurs.

Al-Shammari explique que la gravité de la pandémie l’a rendue plus prudente en ce qui concerne la santé de sa famille.

« La pandémie m'a incitée à attribuer tous les mois une somme à l’achat de désinfectants, de masques, de gants médicaux et même d’agents de blanchiment pour nettoyer la maison. Je ne sais pas où les membres de la famille peuvent contracter le virus. Ces articles sont devenus une priorité. L'expérience nous a appris à dépenser à bon escient », explique-t-elle.

Pour Ahmed al-Zahrani, policier à la retraite et père de six enfants : « Malgré l’expérience dure que le pays a traversée avec la pandémie, les gens ont beaucoup appris sur le plan économique. Nombreux sont ceux qui ont commencé à planifier leurs dépenses pour éviter les revers financiers. »

Il souligne qu’aujourd’hui sa principale préoccupation est la santé et la sécurité de sa famille.

« Qu'est-ce qu'une vie de luxe comparée à une bonne santé ? Pourquoi devrais-je acheter des produits coûteux puis emprunter de l'argent quand j’en ai désespéramment besoin ? Nous devons être préparés au pire et faire tout ce que nous pouvons pour nous protéger contre les accidents, y compris les maladies », confie-t-il.

Selon une enquête menée par les conseillers d’Ernst & Young (EY), 69 % des consommateurs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena) pensent que leur mode de vie a changé à long terme en raison de la Covid-19.

Le EY Future Consumer Index, qui a interrogé 1 018 consommateurs d'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, révèle que 84 % des consommateurs ont déclaré avoir changé leurs habitudes de consommation et donnent aujourd’hui la priorité au rapport qualité-prix et à la consommation de produits fabriqués localement. 68 % ont déclaré que leurs valeurs ont changé et qu'ils ont un regard différent sur la vie.

Al-Maghlouth explique que le gouvernement saoudien a déjà pris un certain nombre de décisions importantes pour faire face à la récession économique.

Ces efforts ont commencé lorsque le Royaume a invité le G20 à une réunion virtuelle mondiale. Les 20 sont parvenus à un accord selon lequel « l'offre de pétrole sera réduite sur les marchés mondiaux afin que le prix du pétrole ne soit pas différent de sa valeur réelle ».

« Le gouvernement a également pris des mesures pour empêcher son économie nationale de sombrer dans la récession. Il a alloué un budget spécial au secteur privé et a pris en charge environ 60 % des salaires de ses employés. Il a également soutenu les projets anticoronavirus. Enfin, il a mis en garde le secteur privé contre les conséquences du licenciement de ses employés. »

Al-Maghlouth ajoute que l'économie saoudienne jouit de la confiance des investisseurs locaux et mondiaux. « Cette confiance est capable d'encourager davantage d'investissements étrangers et locaux pour activer les processus économiques et faire avancer les mégaprojets sans aucun retard ni interruption, conformément aux dispositions de Saudi Vision 2030 », conclut-il.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
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  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Le Parlement libanais approuve un projet de loi sur le secret bancaire

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
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  • La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise
  • Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière

BEYROUTH: Le Parlement libanais a approuvé jeudi un projet de loi sur la levée du secret bancaire, une réforme clé réclamée par le Fonds monétaire international (FMI), au moment où des responsables libanais rencontrent à Washington des représentants des institutions financières mondiales.

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise imputée à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a désormais besoin de fonds pour la reconstruction.

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière.

Ces organismes pourront avoir accès à des informations telles que les noms des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

Le Liban applique depuis longtemps des règles strictes en matière de confidentialité des comptes bancaires, ce qui, selon les critiques, rend le pays vulnérable au blanchiment d'argent.

En adoptant ce texte, le gouvernement avait précisé qu'il s'appliquerait de manière rétroactive pendant 10 ans. Il couvrira donc le début de la crise économique, lorsque les banquiers ont été accusés d'aider certaines personnalités à transférer d'importantes sommes à l'étranger.

Le feu vert du Parlement coïncide avec une visite à Washington des ministres des Finances, Yassine Jaber, et de l'Economie, Amer Bisat, ainsi que du nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid, pour des réunions avec la Banque mondiale et le FMI.

M. Jaber a estimé cette semaine que l'adoption des amendements donnerait un "coup de pouce" à la délégation libanaise.

En avril 2022, le Liban et le FMI ont conclu un accord sous conditions pour un programme de prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord avec Beyrouth après des discussions avec M. Jaber. Le nouveau gouvernement libanais s'est engagé à mettre en oeuvre d'autres réformes et a également approuvé le 12 avril un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.


Syrie: Londres lève ses sanctions contre les ministères de la Défense et de l'Intérieur

Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
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  • "Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor
  • Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier

LONDRES: Le Royaume-Uni a annoncé jeudi avoir levé ses sanctions contre les ministères syriens de l'Intérieur et de la Défense ainsi que contre des agences de renseignement, qui avaient été imposées sous le régime de Bachar al-Assad.

"Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor.

Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier.

Ces autorités, issues de groupes rebelles islamistes, ont pris le pouvoir le 8 décembre.

Le Royaume-Uni avait début mars déjà levé des sanctions à l'égard de 24 entités syriennes ou liées à la Syrie, dont la Banque centrale.

Plus de trois cents individus restent toutefois soumis à des gels d'avoirs dans ce cadre, ainsi qu'une quarantaine d'entités, selon le communiqué du Trésor.

Les nouvelles autorités syriennes appellent depuis la chute d'Assad en décembre dernier à une levée totale des sanctions pour relancer l'économie et reconstruire le pays, ravagé après 14 années de guerre civile.