La justice russe désigne comme «extrémistes» les organisations de Navalny

Les États-Unis ont condamné une décision de la justice russe «particulièrement inquiétante», tandis que le Royaume-Uni l'a qualifiée de «perverse». (Photo, AFP)
Les États-Unis ont condamné une décision de la justice russe «particulièrement inquiétante», tandis que le Royaume-Uni l'a qualifiée de «perverse». (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 10 juin 2021

La justice russe désigne comme «extrémistes» les organisations de Navalny

  • Ce jugement, à l'issue d'une audience à huis clos, intervient après des mois de répression ayant visé l'opposition russe
  • «On se débrouillera, on évoluera, on s'adaptera. Mais on ne reculera pas devant nos objectifs et nos idées. C'est notre pays et nous n'en avons pas d'autre»

MOSCOU: La justice russe a désigné mercredi comme "extrémistes" les organisations de l'opposant emprisonné Alexeï Navalny, point d'orgue de la liquidation de son mouvement qui ouvre la voie à une répression accrue de ses partisans.

L'opposant, qui purge une peine de deux ans et demi de prison pour une affaire de fraude qu'il juge politique, a aussitôt fait savoir sur Instagram qu'il "ne reculera pas".

Ce jugement, à l'issue d'une audience à huis clos, intervient après des mois de répression ayant visé l'opposition russe, marquée par l'envoi d'Alexeï Navalny, 45 ans, en colonie pénitentiaire, l'exil de plusieurs cadres de son mouvement, mais aussi des mesures ciblant la presse indépendante et d'autres voix critiques.

À quelques mois des législatives de septembre, un tribunal de Moscou a ordonné mercredi la liquidation des organisations de M. Navalny, notamment son Fonds de lutte contre la corruption (FBK), connu pour ses enquêtes retentissantes sur le train de vie et les malversations des élites russes, et ses bureaux régionaux, qui s'occupent d'organiser les manifestations et des campagnes électorales.

"Il a été reconnu que ces organisations non seulement diffusaient volontairement des informations incitant à la haine et à l'hostilité envers les représentants du pouvoir, mais commettaient également des crimes et délits extrémistes", a déclaré aux journalistes un représentant du Parquet, Alexeï Jafiarov, après l'annonce de la décision.

Un message publié mercredi soir sur le compte Instagram d'Alexeï Navalny a appelé ses partisans à continuer à le soutenir, et à se rallier aux consignes de vote de son équipe pour les élections législatives de l'automne.

"On se débrouillera, on évoluera, on s'adaptera. Mais on ne reculera pas devant nos objectifs et nos idées. C'est notre pays et nous n'en avons pas d'autre", lisait-on encore.

Les États-Unis ont condamné une décision de la justice russe "particulièrement inquiétante", tandis que le Royaume-Uni l'a qualifiée de "perverse".

"Cette décision place les employés, les bénévoles et des milliers de sympathisants à travers la Russie sous la menace de poursuites pénales et d'incarcération pour l'exercice de droits humains fondamentaux garantis par la Constitution russe", a dit le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, appelant une nouvelle fois à la libération "immédiate et inconditionnelle" de l'opposant. 

"Il s'agit d'une nouvelle attaque kafkaïenne contre ceux qui se dressent contre la corruption et pour des sociétés ouvertes, et d'une tentative délibérée de mettre effectivement hors la loi la véritable opposition en Russie", a déclaré pour sa part le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab.

Risque de prison

Commencée dans la matinée, l'audience de mercredi a duré plus de 12 heures, selon les avocats de l'équipe Komanda 29, qui défendait notamment le FBK et qui a annoncé son intention de faire appel de la décision.

Les avocats ont dénoncé dans un communiqué "un procès à huis clos avec certains documents classés 'secrets'". "Lors de la dernière audience, toutes les requêtes de la défense ont été rejetées et aucune preuve suffisante de culpabilité n'a été présentée", ont-ils estimé.

Le Parquet a salué, lui, un jugement "légal et justifié".

L'issue de cette procédure laissait peu de doutes, le réseau de bureaux régionaux de M. Navalny ayant déjà été classé fin avril dans la liste des organisations "extrémistes" du service de surveillance financière. En conséquence, le réseau avait procédé à son auto-dissolution pour éviter des poursuites à ses membres.

La justice a ordonné mercredi la liquidation des organisations restantes, dont le FBK.

Les collaborateurs de formations jugées "extrémistes" risquent en Russie de lourdes peines de prison et sont privés de participation aux élections depuis une loi promulguée la semaine dernière par le président Vladimir Poutine.

Pour l'opposition, ce texte vise à neutraliser les candidats dangereux pour le pouvoir avant les législatives de septembre, qui s'annoncent délicates pour le parti du Kremlin, Russie Unie, en recul dans les sondages dans un contexte de stagnation économique. 

La répression de l'opposition en Russie a visé ces derniers mois non seulement le mouvement de M. Navalny, mais aussi d'autres détracteurs du Kremlin, tel Andreï Pivovarov, arrêté pour avoir collaboré avec l'organisation Open Russia ("Russie Ouverte") de l'ex-oligarque en exil Mikhaïl Khodorkovski, jugée "indésirable".

Autre figure de la contestation inquiété par la justice : Dmitri Goudkov, un libéral qui prévoyait de se présenter aux législatives. Après avoir été arrêté, puis relâché, il a finalement décidé de fuir en Ukraine, où il a dénoncé mercredi la dérive "dictatoriale" de Vladimir Poutine, déterminé à "détruire" l'opposition russe.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.