Macron giflé: l'agresseur fan du Moyen Âge et «curieux» de l'extrême droite

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et son épouse Brigitte Macron se promènent à Valence le 8 juin 2021 lors d'une visite dans le département de la Drôme. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et son épouse Brigitte Macron se promènent à Valence le 8 juin 2021 lors d'une visite dans le département de la Drôme. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 09 juin 2021

Macron giflé: l'agresseur fan du Moyen Âge et «curieux» de l'extrême droite

  • Damien T., 28 ans, interpellé à Tain-L'Hermitage, habite Saint-Vallier (Drôme) au nord de Valence
  • Sur YouTube, Damien T. est abonné à plusieurs chaînes d'extrême droite, comme celle d'Henry de Lesquen

SAINT-VALLIER: L'homme qui a giflé le président Emmanuel Macron, mardi dans la Drôme, est un fan d'histoire médiévale qui suit l'extrême droite royaliste sur les réseaux sociaux, mais que l'on décrit comme apolitique et non violent dans sa commune.

Damien T., 28 ans, interpellé à Tain-L'Hermitage, habite Saint-Vallier (Drôme) au nord de Valence. Il y a fondé deux associations dans les arts martiaux historiques européens – une pratique de combats "tombés dans l'oubli" qui compte 1 500 pratiquants en France – et les jeux de plateau à figurines.

Il y côtoie son ami Arthur C., 28 ans, arrêté à ses côtés après avoir filmé l'agression du chef de l'État.

Rencontré mardi soir à Saint-Vallier,  Loïc Dauriac, 36 ans, est un ami des deux hommes - le second est le parrain de sa fille. Il se trouvait d'ailleurs avec eux avant le passage de M. Macron - les trois ont été filmés par une équipe de l'émission Quotidien.

Parti avant la gifle, il dit avoir été "énormément" étonné par le geste de Damien T.: "c'est pas quelqu'un de violent". Deux commerçantes voisines de l'association de jeux confirment, évoquant "un gamin sans histoires".

"C'est pas du tout le style de la personne", abondent encore deux anciennes camarades de collège et de lycée croisées dans Saint-Vallier. "Et il n'a jamais montré d'opinion politique, à ce qu'on sache."

Idem pour Arthur C., selon un habitant qui le côtoie dans un conseil de quartier. "Franchement je suis tombé du sixième étage, je comprends pas, ce garçon a dû se laisser entrainer", affirme-t-il.

"Je le côtoie dans nos réunions, où l'on ne parle pas de politique, ni de religion ; on est là pour la ville, pour aider les gens, et il a toujours été correct avec nous, très sensé dans ses raisonnements", ajoute-t-il.

Allusion au film Les Visiteurs

Sur YouTube, Damien T. est cependant abonné à plusieurs chaînes d'extrême droite, comme celle d'Henry de Lesquen, condamné en 2018 pour provocation à la haine et contestation de crime contre l'humanité ; ou royalistes comme celle du Cercle Richelieu.

Sa page Facebook indique qu'il "aime" celle du groupe Action Française Lyon, parmi d'autres des mêmes mouvances.

Interrogé sur ces fréquentations en ligne, Loïc Dauriac répond qu'il n'est "pas surpris" car son ami "est de nature curieuse". Mais "il n'a pas ces idées-là". "Il est contre les royalistes. Pour lui, ils ont des idées à la con", assure-t-il.

Pourquoi, dès lors, avoir prononcé leur cri de guerre, "Montjoie Saint-Denis", en s'en prenant au président ? Pour M. Dauriac, il ne faut pas y voir une référence royaliste mais plutôt une allusion au film Les Visiteurs : en bon "médiéviste", il aurait pu tout aussi bien lancer une réplique de la série télévisée Kaamelott.

Selon lui, Damien T. vit de petites missions d'intérim après avoir entamé, sans les achever, des études de thanatopraxie. Ses deux associations visent à faire vivre la commune et son histoire, "assez riche avec Diane de Poitiers" (qui fut comtesse de Saint-Vallier), à "défendre la belle image de la France".

Et d'expliquer le geste du jour par des rancœurs contre un discours de M. Macron, en 2017, sur la diversité de la culture française ; par les difficultés "à joindre les deux bouts" ; par le "gros ras-le-bol" face à un président "qui ne nous écoute pas".

"Ces gens-là, ça fait des années qu'ils n'ont pas voté", conclut M. Dauriac au sujet des mis en cause.

Le cri de guerre médiéval

"Montjoie Saint-Denis", les mots lancés lors de l'agression d'Emmanuel Macron mardi se réfèrent à un cri de guerre des armées royales au Moyen Âge, devenu un slogan de ralliement royaliste.

L'agresseur du chef de l'Etat avait-il ces références historiques ou politiques à l'esprit en prononçant ces mots? Cela n'a pas encore été établi.

«Moyen-Âge»

Ce cri des armées royales françaises remonte au temps des Capétiens. Il aurait été crié pendant la bataille de Bouvines en 1214, par les forces de Philippe II Auguste contre celles de Otton IV, l'empereur du Saint Empire romain Germanique.

"Montjoie" désigne la bannière derrière laquelle se rassemble l'armée médiévale, lorsqu'elle monte au combat. 

Et "le cri fait référence à l'oriflamme royal, conservé à Saint-Denis, où sont également enterrés les rois", souligne Florian Besson, docteur en histoire médiévale et animateur sur Twitter du compte @AgeMoyen, consacré au Moyen-Âge.

Une légende citée par l'Encyclopédie Universalis rapporte par ailleurs que le roi Clovis aurait été victorieux à "Montjoye", près de Saint-Denis, grâce à un écu portant trois fleurs de lys d'or sur un fond azur. Un miracle qui aurait été commémoré par le cri de guerre "Montjoie Saint-Denis!". Cette bannière était dès lors devenue l'étendard du royaume.

Quant à l'origine du mot "mont-joie", elle est liée, selon l'Encyclopédie Universalis, aux mont-joies, ces petits tas de pierre que l'on trouve encore aujourd'hui au col d'une montagne. Au Moyen-âge, ce mot désignait aussi une colline, un oratoire ou un territoire à protéger. 

Cri nationaliste

Le cri est abandonné à partir du XVIe siècle. Puis "il devient un mot de ralliement politique avec la naissance du royalisme en 1789", écrit sur Twitter Paul Chopelin, maître de conférence en histoire moderne à l'Université Jean Moulin à Lyon. 

Au XIXe siècle, il est redécouvert et réinventé. L'historien Jules Michelet, grand inventeur du "roman national" en fait ainsi "le cri de la France". Il s'agit d'une "vision évidemment anachronique qui surestime largement l'importance de ce cri, mais comme bien souvent les idéaux nationalistes de l'époque", estime Florian Besson. 

"Quand les chevaliers utilisaient ce cri, ils ne pensaient pas en termes de France, mais en termes de royaume. Mais pour Michelet c’est très important de trouver un +cri de la France+ dès le 12ème siècle", dit-il.

Plus récemment, ce cri avait pris une teinte folklorique après avoir été popularisé par le film "Les Visiteurs" (1993). Le chevalier Godefroy de Montmirail, joué par Jean Reno, y lance "Montjoie Saint-Denis, que trépasse si je faiblis", en chargeant des gendarmes.

Action française

Le député LFI Eric Coquerel (La France Insoumise) avait été entarté en avril 2018 par trois étudiants, alors membres de l'Action française, au cri de "Montjoie Saint-Denis!". La fédération francilienne d'Action française avait alors revendiqué l'action sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, le choeur "Montjoie Saint-Denis", composé d'hommes costumés en mousquetaires ou en militaires, était un des piliers des fêtes du Front national.


Macron va marquer le 80e anniversaire de la libération de Strasbourg

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse après avoir visité le brise-glace Almirante viel de la marine chilienne à Muelle Molo de Abrigo, Valparaiso, Chili, le 21 novembre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse après avoir visité le brise-glace Almirante viel de la marine chilienne à Muelle Molo de Abrigo, Valparaiso, Chili, le 21 novembre 2024. (AFP)
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  • Emmanuel Macron marque samedi le 80e anniversaire de la libération de Strasbourg du joug nazi avec un hommage à la résistance alsacienne
  • Le chef de l'Etat, qui poursuit un long cycle mémoriel autour des 80 ans de la Libération de la France et de la fin de la Seconde guerre mondiale, est attendu à 11H20 place Broglie pour une cérémonie militaire, avant un discours à l'université

STRASBOURG: Emmanuel Macron marque samedi le 80e anniversaire de la libération de Strasbourg du joug nazi avec un hommage à la résistance alsacienne, aux incorporés de force et à l'historien Marc Bloch qui pourrait être panthéonisé.

Le chef de l'Etat, qui poursuit un long cycle mémoriel autour des 80 ans de la Libération de la France et de la fin de la Seconde guerre mondiale, est attendu à 11H20 place Broglie pour une cérémonie militaire, avant un discours à l'université.

Il se rendra ensuite dans l'ancien camp de concentration nazi de Natzweiler-Struthof, le seul érigé sur le territoire français, à une soixantaine de kilomètres de Strasbourg, alors que l'Alsace était annexée de fait par le IIIe Reich.

Place Broglie, il saluera la mémoire du général Leclerc et des hommes de la Deuxième division blindée, libérateurs de Strasbourg le 23 novembre 1944, après s'être juré trois ans plus tôt lors du serment de Koufra (Libye) de combattre jusqu'à ce que le drapeau français flotte sur la capitale de l'Alsace.

En clin d'oeil, les couleurs de la France seront de nouveau hissées sur la flèche de la cathédrale de Strasbourg durant la cérémonie.

- "Malgré-nous" -

Emmanuel Macron prendra ensuite la parole au Palais universitaire de Strasbourg. "Ce sera l'occasion d'évoquer la résistance des Alsaciens, la libération du territoire et le toujours délicat sujet des incorporés de force d'Alsace-Moselle" dans la Wehrmacht, a indiqué l'Elysée.

Plus de 130.000 Alsaciens et Mosellans, considérés comme Allemands après l'annexion de ces territoires, ont dû intégrer l'armée allemande et 12.000 ne sont jamais revenus, un drame qui reste douloureux dans la région, 80 ans après la fin de la guerre.

Très longtemps, les "Malgré-nous", associés pour certains à l'un des pires massacres de civils commis par les Nazis en Europe occidentale à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) en 1944, sont demeurés un sujet relativement tabou.

"Après la guerre, on va surtout valoriser la mémoire héroïque, résistante, tout ce qui peut refaire le ciment de la France. Et dans toute cette histoire, les +Malgré nous+, ça fait un peu tache, ce n'est pas glorieux, ça ne  permet pas de construire une mémoire qui sera nationale", pointe l'historien Christophe Woehrle.

"80 ans après, il faut poser des mots et des actes, il faut sortir des sentiments" de honte et de la "non-reconnaissance", estime la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian qui appelle le président à se prononcer pour l'indemnisation des orphelins de "Malgré-nous".

- Entre France et Allemagne -

Emmanuel Macron pourrait aussi annoncer l'entrée au Panthéon de l'universitaire et résistant Marc Bloch, arrêté par la Gestapo et fusillé trois mois plus tard en 1944, selon plusieurs sources à l'AFP. A l'issue du discours, il remettra aussi la Légion d'honneur à son fils Daniel Bloch.

Professeur d'histoire du Moyen-Age à l'université de Strasbourg de 1919 à 1936, Marc Bloch a renouvelé en profondeur le champ de la recherche historique en l'étendant à la sociologie, la géographie, la psychologie et l'économie.

En 1929, il a notamment fondé avec Lucien Febvre la revue des "Annales d'histoire économique et sociale", qui a eu une résonance universitaire dans le monde entier.

Capitaine et Croix de guerre en 1914-1918, de nouveau mobilisé en 1939, Marc Bloch s'engage dans la résistance au tournant des années 1942/43.

Il est arrêté à Lyon le 8 mars 1944, emprisonné et torturé à la prison de Montluc, puis fusillé le 16 juin avec 29 de ses camarades.

Au Struthof, Emmanuel Macron ravivera la flamme au pied du Mémorial aux héros et martyrs de la déportation, après une "visite sobre et solennelle" du camp où 17.000 personnes périrent.

Le chef de l'Etat visitera également le Musée mémorial d'Alsace-Moselle à Schirmeck, qui retrace l'histoire des habitants de la région, ballotés entre France et Allemagne durant des décennies entre 1870 et 1945, et rend hommage aux 36.000 Alsaciens et Mosellans décédés durant la guerre.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.