Selon une nouvelle enquête, les turcs seraient très préoccupés par l’état de leur démocratie

Des personnes portent des masques de protection pour freiner la propagation du nouveau coronavirus (Covid-19) sur la place Kizilay, à Ankara, le 24 juin 2020. (AFP)
Des personnes portent des masques de protection pour freiner la propagation du nouveau coronavirus (Covid-19) sur la place Kizilay, à Ankara, le 24 juin 2020. (AFP)
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Publié le Mardi 08 juin 2021

Selon une nouvelle enquête, les turcs seraient très préoccupés par l’état de leur démocratie

  • L'administration Biden, qui a hérité d'une relation bilatérale instable, devrait se concentrer principalement sur le bilan démocratique de la Turquie
  • «L'Allemagne et la Turquie sont liées par des millions de liens personnels et culturels qui se sont formés avec la génération d'immigrants turcs et leurs descendants», a déclaré à Arab News Walter Glos, directeur de la KAS en Turquie

ANKARA : Les Turcs sont très préoccupés par l'état de leur démocratie, selon un nouveau sondage publié lundi, avec 63% des personnes interrogées déclarant qu'elles pensaient qu’elle est en mauvais état et 39% déclarant qu'elle était en danger.

Les résultats font partie de l'enquête Transatlantic Trends 2021, par le German Marshall Fund of the United States (GMF) et parrainée par Konrad-Adenauer-Stiftung (KAS) en Turquie, les résultats révélant les opinions des Turcs sur les défis auxquels fait face la sécurité, la coopération transatlantique et la politique intérieure.

Ils précèdent à une réunion critique entre le président Recep Tayyip Erdogan et le président Joe Biden le 14 juin lors du sommet de l'OTAN à Bruxelles. 

L'administration Biden, qui a hérité d'une relation bilatérale instable, devrait se concentrer principalement sur le bilan démocratique de la Turquie.

Selon l'enquête, les Turcs pensaient que les défis les plus importants auxquels la sécurité de leur pays était confrontée étaient la pandémie, le terrorisme et les migrations. Un tiers des personnes interrogées souhaitaient une diminution de l'engagement militaire de la Turquie au Moyen-Orient.

L'enquête a également indiqué que 40% considéraient l'Allemagne comme l'acteur le plus influent en Europe, suivie par le Royaume-Uni à 25%. Les personnes interrogées ont déclaré que la santé mondiale (22 %), le commerce (15 %) et les droits de l'homme (15 %) constituaient les priorités de la coopération transatlantique.

« L'Allemagne et la Turquie sont liées par des millions de liens personnels et culturels qui se sont formés avec la génération d'immigrants turcs et de leurs descendants », a déclaré à Arab News Walter Glos, directeur de la KAS en Turquie. « De plus, l'Allemagne est toujours le plus grand partenaire commercial et investisseur étranger de la Turquie. Les deux pays ont un intérêt fondamental à de bonnes relations étroites fondées sur des convictions et des valeurs communes. »

La moitié des personnes interrogées considéraient l'influence chinoise dans les affaires mondiales comme généralement négative, et la Chine était également considérée comme étant un rival plutôt qu'un partenaire.

Près de la moitié s'attendaient à ce que leur gouvernement soit plus dur avec la Chine concernant ses violations des droits de l’homme.

Si l'opinion publique n'est pas le principal moteur de la politique étrangère, elle l'est toujours, et de plus en plus, compte tenu de l'influence des réseaux sociaux sur la politique.

Ozgur Unluhisarcikli

Malgré le récent étalage de charme de la Turquie envers l'Europe, le pays était perçu comme le partenaire le moins digne de confiance par les personnes d'autres nationalités participant à l'enquête. Les Turcs se sont avérés être les sondés les plus sceptiques quant à la fiabilité des autres pays.

« Si l'opinion publique n’est pas le principal moteur de la politique étrangère, elle l’est toujours, et de plus en plus compte tenu de l'influence des réseaux sociaux sur la politique », a déclaré à Arab News Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d'Ankara du GMF.

« La coopération devient politiquement ardue lorsqu'il n'y a pas de soutien public. Bien qu'il y ait des raisons culturelles et historiques à cette méfiance mutuelle, à la montée de l'islamophobie en Occident et au nationalisme en Turquie, les tensions récentes entre la Turquie et ses alliés occidentaux et les discours publics des politiciens jouent également un rôle important dans ce résultat. » Mais il a ajouté qu'il n'y avait pas de raccourci pour rétablir la confiance.

« Bien qu'un leadership politique responsable des deux côtés puisse inverser la situation à plus long terme, le soutien du public ne sera pas l'un des points forts de la coopération de la Turquie avec ses alliés occidentaux dans un avenir prochain. »

Plus d'un tiers des sondés turcs pensaient que l'OTAN jouait un rôle important dans la sécurité de leur pays et la plupart (66 %) soutenaient des liens économiques plus étroits entre Washington, DC et Ankara.

La moitié des personnes interrogées ont trouvé l'Allemagne, la Suède et le Canada être les partenaires les plus fiables, tandis que seulement 23% des Turcs considéraient les États-Unis comme dignes de confiance.

Glos a déclaré que, malgré l'augmentation des tensions au sein des relations bilatérales ces dernières années, l'Allemagne restait le point de référence le plus important pour la Turquie dans l'UE et était considérée comme le partenaire le plus fiable.

« L'accord migratoire UE-Turquie n'aurait pas vu le jour sans la médiation du gouvernement allemand. De même, la Turquie est ouverte aux efforts de médiation du gouvernement allemand dans le différend sur la mer Égée avec la Grèce », a-t-il ajouté. « Cela permet à l'Allemagne de maintenir ouverts les canaux de communication avec la Turquie et d'exiger des concessions sans avoir à faire d'offres concrètes de coopération de la part de l'UE. Il faut reconnaître le mérite de la bonne diplomatie par rapport aux difficultés de la part de la chancelière Merkel. »

L'Allemagne se classe au premier rang des exportations de la Turquie avec 16 milliards de dollars et au deuxième rang des importations avec près de 22 milliards de dollars. Près de 7 000 entreprises allemandes sont actives en Turquie.

Glos pensait que, malgré tout, l'Allemagne était capable de critiquer la Turquie de manière constructive tout en reconnaissant simultanément que la Turquie avait des intérêts légitimes et devait supporter des charges particulières en raison des crises et des conflits dans la région.

« En même temps, l'Allemagne attend des dirigeants politiques turcs, mais aussi de la société civile et des institutions, qu'ils s'en tiennent à une politique sociale, économique et de sécurité axée sur les valeurs, les intérêts et les mécanismes de consultation de l'OTAN, du Conseil de l'Europe et l'acquis de l'UE auquel la Turquie s'est engagée depuis des décennies », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.