Présidentielle au Pérou: second tour serré entre Keiko Fujimori et Pedro Castillo

Un mannequin représentant le candidat présidentiel de gauche péruvienne pour le parti Pérou Libre, Pedro Castillo, à Tacabamba, dans la région de Cajamarca, au nord-est du Pérou, le 04 juin 2021 avant le second tour de l'élection présidentielle du 6 juin entre la droite- l'aile Keiko Fujimori et le gauchiste Pedro Castillo. (AFP)
Un mannequin représentant le candidat présidentiel de gauche péruvienne pour le parti Pérou Libre, Pedro Castillo, à Tacabamba, dans la région de Cajamarca, au nord-est du Pérou, le 04 juin 2021 avant le second tour de l'élection présidentielle du 6 juin entre la droite- l'aile Keiko Fujimori et le gauchiste Pedro Castillo. (AFP)
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Publié le Dimanche 06 juin 2021

Présidentielle au Pérou: second tour serré entre Keiko Fujimori et Pedro Castillo

  • Sur les dix présidents qu'a connus le pays depuis la fin du régime militaire en 1980, sept ont été condamnés ou sont le coup d'une enquête pour des scandales de corruption
  • Seuls Fernando Belaunde Terry (1963-1968 et 1980-1985) et Valentin Paniagua (huit mois en 2000-2001) en sont sortis indemnes

LIMA : Les Péruviens sont appelés aux urnes dimanche pour élire leur nouveau président parmi les deux vainqueurs surprise du premier tour: la candidate de droite populiste Keiko Fujimori ou le représentant de gauche radicale Pedro Castillo.

Dans un pays où le vote est obligatoire sous peine d'amende, une majorité se rendra dans les centres de vote à contrecœur.

Ecartelés par deux extrêmes dans lesquels ils ne se reconnaissent pas, ils sont surtout préoccupés par les chiffres alarmants de l'épidémie de coronavirus qui a déjà fait plus de 184 000 morts, faisant du pays andin le 5e le plus endeuillé au monde et le premier par rapport à son nombre d'habitants (33 millions).

Après le soulèvement populaire de novembre 2020 pour protester contre les agissements du Parlement et la succession de trois présidents en 10 jours, cette présidentielle était attendue pour mettre fin à une instabilité politique chronique dans le pays qui a aussi connu six ministres des Affaires étrangères en un an.

Mais le futur président n'aura pas les coudées franches pour gouverner. Lors des législatives organisées début avril lors du 1er tour, aucune majorité ne s'est détachée. Le parti Peru Libre de Pedro Castillo est arrivé légèrement en tête devant Fuerza Popular de Keiko Fujimori.

3e second tour pour Fujimori

Et au lieu d'apaiser les tensions ambiantes, la campagne du second tour les aura alimentées entre deux camps fortement antagonistes et au coude à coude dans les sondages: 42% des intentions de vote pour Pedro Castillo, contre 40% pour Keiko Fujimori, selon une enquête de l'Institut Ipsos réalisée à une semaine du scrutin.

Mme Fujimori, 46 ans, et ses partisans n'ont eu de cesse d'agiter le chiffon rouge par rapport au candidat de la gauche radicale, affirmant qu'il allait transformer le Pérou en une sorte de Corée du Nord ou de Venezuela, et mener le pays à la ruine et à la dictature.

L'instituteur syndicaliste de 51 ans a, lui, répété à l'envi qu'avec sa rivale ce sera "plus de pauvres dans un pays riche" et que perdurera la corruption.

Il fait référence au scandale Odebrecht, du nom du géant brésilien du bâtiment qui a reconnu avoir versé des pots-de-vin dans plusieurs pays latino-américains. L'affaire a éclaboussé de déshonneur la classe politique péruvienne.

Pas moins de quatre ex-présidents, dont un s'est suicidé, ont été impliqués dans ce scandale.

Et Keiko Fujimori, qui a déjà passé 16 mois en détention provisoire pour blanchiment d'argent présumé dans cette affaire, a vu le parquet requérir contre elle 30 années de prison.

En cas de victoire, après deux échecs au second tour en 2011 et 2016, elle deviendra la première femme présidente du Pérou et ne pourra être jugée qu'à l'issue de son mandat de cinq ans.

Un fauteuil éjectable qui peut conduire en prison 

Corruption des élites, pouvoirs du Parlement: le fauteuil de président du Pérou s'apparente souvent à un siège éjectable, qui peut conduire en prison ou même à la mort.

Sur les dix présidents qu'a connus le pays depuis la fin du régime militaire en 1980, sept ont été condamnés ou sont le coup d'une enquête pour des scandales de corruption.

Seuls Fernando Belaunde Terry (1963-1968 et 1980-1985) et Valentin Paniagua (huit mois en 2000-2001) en sont sortis indemnes.

Président par intérim depuis novembre, Francisco Sagasti semble être en mesure de terminer sans encombre son mandat avant le scrutin de dimanche qui désignera son successeur, entre Keiko Fujimori et Pedro Castillo.

Economie dégradée

Si les deux candidats ont des programmes politiques à l'extrême opposé, étatisme et nationalisations d'un côté, libre concurrence et réduction des impôts de l'autre, ils s'accordent cependant sur certaines questions de société.

Le vainqueur devra aussi faire face à une situation économique dégradée: après avoir connu pendant des années une croissance supérieure à la moyenne latino-américaine, celle-ci s'est contractée de 11,12% en 2020, le pire chiffre depuis trois décennies.

Deux millions de Péruviens ont perdu leur emploi pendant la pandémie et trois millions ont basculé dans la pauvreté. Un tiers des habitants sont classés comme pauvres, selon les chiffres officiels.

Les bureaux de vote seront ouverts douze heures d'affilée pour limiter les attroupements, de 07H00 à 19H00 locales (12H00-00H00 GMT). Les premiers résultats officiels seront connus vers 23H00 (04h00 GMT lundi).

Cinq choses à savoir sur le Pérou

Terre des Incas 

Le Pérou a abrité la plus ancienne civilisation des Amériques (Caral, il y a 5.000 à 3.500 ans), puis une succession de civilisations, avant l'apogée de l'empire inca (1400-1532 environ), dont plusieurs sites sont classés au patrimoine mondial de l'Unesco, comme la cité de Machu Picchu.

Colonie espagnole après 1532, le Pérou est indépendant depuis 1821. Après la Guerre du Pacifique (1879-83), il perd un pan de son territoire, annexé par le Chili.

Multiculturalisme

Le Pérou est un pays multiculturel, où cohabitent diverses communautés: les "criollos" qui descendent des Espagnols, les Amérindiens quechuas, aymaras et d'autres peuples indigènes vivant en Amazonie, les Afro-péruviens, descendants d'anciens esclaves, auxquels s'ajoutent les immigrants venus de Chine et du Japon. 

Selon le ministère de la Culture, 16 communautés amérindiennes (4 500 personnes) vivent en situation d'isolement volontaire, sans aucun contact avec le reste de la société péruvienne.

Sentier lumineux 

Entre 1980 et 2000, le pays est en proie à un conflit entre l'Etat et les guérillas du Sentier lumineux (maoïste) et du Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru (guévariste), qui fait 70 000 morts ou disparus.

Précieux métaux 

Le Pérou est un des principaux producteurs mondiaux d'or, d'argent, de cuivre, de zinc, d'étain et de plomb.

En 2020, son PIB, plombé par la pandémie de coronavirus, a chuté de 11,12% selon l'Institut national péruvien des statistiques (INEI). 

Une gastronomie réputée 

La cuisine péruvienne et sa grande diversité est une autre attraction majeure pour les quatre millions de touristes étrangers que le pays recevait chaque année jusqu'à l'apparition de la pandémie. 

Parmi les plats péruviens les plus réputés figure le ceviche, du poisson "cuit" dans une marinade à base le plus souvent de citron et qui se déguste froid. Il y a aussi le fameux pisco sour, un cocktail à base d'eau-de-vie de raisin et de citron. 


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.