Le chef de la diplomatie canadienne aux dirigeants libanais: les jeunes, les femmes, la rue ont parlé, il faut les écouter

Le ministre des Affaires étrangères canadiens était à Baabda, réitérant au Président de la république le soutien du Canada au peuple libanais. (DALATI ET NOHRA/AFP)
Le ministre des Affaires étrangères canadiens était à Baabda, réitérant au Président de la république le soutien du Canada au peuple libanais. (DALATI ET NOHRA/AFP)
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Le chef de la diplomatie canadienne aux dirigeants libanais: les jeunes, les femmes, la rue ont parlé, il faut les écouter

  • Selon son ministre des Affaires étrangères, le Canada veut apporter « une réponse historique au défi historique qu’affronte le peuple libanais »
  • « Le Canada souhaite faire partie de la reconstruction. Nous sommes heureux d’aider le Liban, mais les réformes sont nécessaires et la corruption doit s’arrêter ; la rue a parlé, les jeunes, les femmes, les victimes ont parlé; il faut les écouter

BEYROUTH: L’honorable François-Philippe Champagne, ministre canadien des Affaires étrangères, est arrivé à Beyrouth le 26 août, précédé d’une opération de secours envoyée sur place et du financement d’un fonds de secours pour le Liban dont chaque dollar est doublé par Ottawa. Il a été accueilli par son homologue libanais, le ministre dans le gouvernement démissionnaire Charbel Wehbé.

Dès sa sortie de l’aéroport, le chef de la diplomatie canadienne qui s’arrêtait à Beyrouth après une escale en Suisse (où il a annoncé une donation de 2 millions de $ à la Croix Rouge libanaise de la part du gouvernement canadien), et une autre en Italie, a fait une déclaration pour le moins vitaminée : « Je viens d’arriver au Liban et je suis très heureux d’être ici pour les deux prochains jours et rencontrer les gens de la société civile et veiller à ce que le Canada apporte une réponse historique au défi historique qu’affronte le peuple libanais. On vous tiendra au courant au fur et à mesure, ce n’est que le début ».

Et c’est au pas de charge que le bien nommé M. Champagne, chaussé de rangers qui contrastent avec son protocolaire costume sombre, enchaîne les rencontres. Son agenda serré le conduit en premier lieu chez son homologue libanais, au ministère des Affaires étrangères situé au palais Bustros fortement endommagé. Auprès de ce dernier, il souligne l’appui du Canada au « peuple libanais » suite à la tragédie que celui-ci vient de vivre. Champagne ouvre avec son homologue le sujet des « réformes économiques et politiques et de l’enquête crédibles nécessaires au redressement du Liban ».

Trois heures plus tard, le ministre des Affaires étrangères canadiens était à Baabda, réitérant au Président de la république le soutien du Canada au peuple libanais et la nécessité des réformes à engager pour assurer au pays un redressement durable et déclarant en substance : « le Canada souhaite faire partie de la reconstruction. Nous sommes heureux d’aider le Liban, mais les réformes sont nécessaires et la corruption doit s’arrêter ; la rue a parlé, les jeunes, les femmes, les victimes ont parlé. A présent, il faut les écouter ».

Le Canada veillera à la sécurité alimentaire du Liban et à l’éducation des jeunes

Les premières visites protocolaires bouclées, et presque au même moment où atterrissait à Beyrouth un nouvel avion chargé d’aides affrétées de Toronto par la communauté libanaise du Canada, Champagne revenait sur le terrain, plus précisément sur le parking jouxtant la caserne des pompiers de Beyrouth, rejoint par le gouverneur de la ville Marwan Abboud. C’est ici que sont regroupés les représentants des douze organisations de la coalition humanitaire, ici que sont également regroupées et distribuées les aides internationales. Parmi les personnes venues quérir des secours pour leurs familles, François-Philippe Champagne s’approche de chaque travailleur humanitaire, pose des questions, écoute chaque histoire, s’assure que chaque personne affectée par l’explosion sera rapidement soutenue et aidée, félicite et ajoute pour chacun, avec une évidente sincérité : « merci, vous êtes un héros/une héroïne ».

Cet arrêt se clôture par un point de presse où le chef de la diplomatie canadienne a réitéré les objectifs de sa venue au Liban, insistant une fois de plus sur les réformes en vue d’un État inclusif, l’écoute des jeunes, des femmes et des exigences de la rue. Champagne a notamment insisté sur le rôle que le Canada s’apprête à jouer en vue de la sécurité alimentaire du Liban, fortement éprouvé par l’explosion qui a détruit son port et une partie de la capitale, mais également rongé par une crise économique sans précédent. Il a également annoncé une aide consistante à l’éducation à travers la francophonie, insistant sur la volonté de son gouvernement de soutenir en priorité la jeunesse.

François-Philippe Champagne a ensuite poursuivi sa visite de la ville en direction du camp de la Croix-Rouge internationale basé sur le nouveau bord de mer dans le parking de l’ancien Biel, une zone où les destructions sont effarantes.

En retrait de la foule, le chef de la diplomatie canadienne qu’Arab News en français a été autorisé à suivre dans cette parenthèse de repos, a déjeuné d’un sandwich en voiture avant de nous inviter à le rejoindre à l’ombre, sous le porche du hall d’expositions en ruine, pour répondre à nos questions. Nous l’interrogeons sur la dimension du mot « historique » revenu dans ses déclarations à plusieurs reprises. « L’aide internationale doit accompagner des réformes très sérieuses, répète le ministre. L’impunité doit cesser. Les jeunes, les femmes, les victimes ont parlé, et il faut les écouter. C’est ce que j’ai dit aux responsables. Dans une tragédie d’une ampleur sans précédent, on doit poser les bonnes questions et développer des réponses inclusives à la hauteur, pour un Liban prospère. »

Et d’ajouter: « On voudrait accompagner le Liban à chaque étape. Nous étions là pour sauver des vies au stade de l’aide humanitaire d’urgence, puis viendra l’assistance technique nécessaire pour les réformes judiciaires, mais également sur les plans de l’énergie, des télécoms, de l’eau. Et finalement, il y a l’enquête. Les gens veulent savoir qui a commis cet acte criminel, et le Canada est prêt à y participer, sous conditions qui nous permettront d’aller au bout des choses ».

Rappelant que la diaspora libanaise au Canada compte « 300 000 canadiens d’origine libanaise, qui veulent contribuer à bâtir un Liban prospère et inclusif », le ministre a assuré que « la diaspora va vouloir prêter main forte à leurs frères et sœurs libanais, si le mode de gouvernance est là. »

A la question de savoir s’il avait décelé une volonté de changement chez les responsables, M. Champagne affirme sentir « que l’écoute est là. » « J’ai souhaité au président d’accompagner ces jeunes qui ont accouru au chevet de leur capitale et qui veulent rester au Liban, mais l’impunité doit cesser et les reformes doivent se faire. On ne peut pas le faire à leur place mais on peut les accompagner… »

Durant cette pause, nous interrogeons enfin le ministre sur les éventuelles facilités que pourrait offrir le Canada aux jeunes souhaitant émigrer et sur la contribution du Canada aux réformes attendues. « On avait déjà annoncé un groupe de travail entre ministre de l’immigration  et ministre des AE, explique-t-il, pour bien comprendre la réalité sur le terrain. Je veux que nos agents consulaires aient toute l’empathie qu’il faut, et il faut venir sur le terrain pour sentir, voir, même toucher la dévastation, pour accompagner ceux qui aimeraient vivre chez nous. Mais les jeunes d’ici veulent rester et bâtir le Liban de demain. »

Sur le site du port en ruines

Le convoi de Champagne se dirige ensuite au port de Beyrouth, sur le site de l’explosion monstrueuse où le ministre constate les dégâts. Devant la silhouette décharnée des silos, le chef de la diplomatie canadienne déclare : « Je me trouve ici aujourd’hui sur le site de la tragédie au port de Beyrouth. Vous pouvez voir derrière moi ; on sent la destruction, on voit la destruction, on la touche. Je n’ai jamais rien vu de pareil. C’est sans pareil pour plusieurs. Vous ne pouvez même pas imaginer le volume des dégâts. Je n’ai moi-même certainement jamais rien vu de pareil, et cela ne fait que redoubler notre détermination et la générosité du peuple canadien pour assurer notre aide au peuple libanais dans cette crise tragique.

J’ai eu la chance de remercier les gens, les premiers répondants, la Croix-Rouge, ceux qui sont là pour reconstruire, mais ce qui m’inspire le plus c’est la résilience, les gens qui parlent déjà de reconstruire, de s’assurer que cette tragédie serve de catalyseur pour changer la société libanaise. Alors on sera là à leurs côtés. »


Le Hezbollah dit recourir à de nouvelles armes dans ses attaques contre Israël

Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien Iron Dome au-dessus du plateau du Golan annexé par Israël, le 17 mai 2024, alors que des affrontements transfrontaliers se poursuivent entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo Jalaa Marey AFP)
Des roquettes tirées depuis le sud du Liban sont interceptées par le système de défense aérienne israélien Iron Dome au-dessus du plateau du Golan annexé par Israël, le 17 mai 2024, alors que des affrontements transfrontaliers se poursuivent entre les troupes israéliennes et les combattants du Hezbollah. (Photo Jalaa Marey AFP)
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  • Le Hezbollah, selon l'analyste militaire Khalil Helou, est capable d'envoyer «des drones qu'il peut contrôler facilement et qui volent lentement à basse altitude sans être détectés par les radars»
  • Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque à l'aide d'un drone équipé de deux missiles «S5», généralement tirés depuis des avions, contre un site militaire à Metoulla dans le nord d'Israël

BEYROUTH, Liban : Le puissant Hezbollah libanais a eu recours ces dernières semaines à de nouvelles armes dans son conflit avec Israël, dont un drone capable de lancer des missiles avant d'exploser en attaquant ses cibles.

Depuis le début de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah armé et financé par l'Iran affirme attaquer des objectifs militaires principalement dans le nord d'Israël à partir du sud du Liban, où il est fortement implanté, pour soutenir le mouvement islamiste palestinien.

- Drones et missiles -

Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque à l'aide d'un drone équipé de deux missiles «S5», généralement tirés depuis des avions, contre un site militaire à Metoulla dans le nord d'Israël.

Il a publié une vidéo montrant le drone volant vers un site où se trouvent des chars, avant de lancer deux missiles puis d'exploser contre sa cible.

C'est la première fois que le mouvement annonce l'utilisation d'une telle arme depuis le début des échanges de tirs transfrontaliers.

L'armée israélienne a déclaré que trois soldats avaient été blessés dans l’explosion d'un drone à Metoulla.

Selon le Hezbollah, la charge explosive du drone pèse entre 25 et 30 kilos.

L'importance de cette arme, explique à l'AFP l'analyste militaire Khalil Helou, un général de brigade à la retraite, réside dans sa capacité à lancer l'attaque depuis l'intérieur du territoire israélien.

Le Hezbollah, selon lui, est capable d'envoyer «des drones qu'il peut contrôler facilement et qui volent lentement à basse altitude sans être détectés par les radars».

- Missiles iraniens -

Mercredi, le mouvement libanais a annoncé avoir lancé des «drones d'attaque» contre une base militaire proche de Tibériade dans le nord d'Israël, à environ 30 kilomètres de la frontière avec le Liban.

C'est la première fois selon des experts qu'il cible un objectif en profondeur du territoire israélien.

Ces dernières semaines, le Hezbollah a aussi annoncé avoir utilisé simultanément dans une seule attaque contre des sites ou des convois militaires israéliens, des drones explosifs et des missiles guidés.

Il a aussi eu recours à des «missiles guidés» et à des missiles iraniens de type Burkan, Almas et Jihad Moughniyé, du nom d'un commandant du Hezbollah tué par Israël en 2015 en Syrie.

Mais, dit M. Helou, le Hezbollah continue d'utiliser en premier lieu dans ses attaques, des missiles antichars Kornet, qui ont une portée entre 5 et 8 kilomètres.

Le missile antichars russe Konkurs fait également partie de son arsenal et peut échapper au système de défense antimissiles israélien Dôme de fer.

- «Guerre d'usure» -

Le Hezbollah, qui possède un énorme arsenal, a maintes fois annoncé disposer de plusieurs armes et missiles avancés capables d'atteindre Israël en profondeur.

Le 5 avril, son secrétaire général Hassan Nasrallah avait affirmé que le mouvement n'avait «pas encore employé ses principales armes» dans la bataille.

Depuis octobre 2023, le Hezbollah et Israël testent leurs méthodes d'attaque et leurs tactiques militaires, estiment des analystes.

Mais selon M. Helou, le mouvement libanais «ne veut pas élargir le cercle de la guerre. Il s'agit d'une guerre d'usure» dans laquelle il tente de pousser l'armée israélienne à mobiliser davantage de soldats à sa frontière nord et de la dissuader de «lancer une attaque d'envergure au Liban».

 


Israël: tiraillements au sommet de l'Etat sur fond de «bataille décisive» à Rafah

Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avec des soldats près d'un obusier d'artillerie automoteur lors d'une visite à une position le long de la frontière avec la bande de Gaza près de Rafah. (Photo de l'armée israélienne / AFP)
Cette photo diffusée par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avec des soldats près d'un obusier d'artillerie automoteur lors d'une visite à une position le long de la frontière avec la bande de Gaza près de Rafah. (Photo de l'armée israélienne / AFP)
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  • La bataille de Rafah à peine lancée, le ministre de la Défense Yoav Gallant a le 15 mai pressé Benjamin Netanyahu de préparer l'après-Hamas, soulignant que «la fin de la campagne militaire doit s'accompagner d'une action politique»
  • Faute de trouver un remplaçant au Hamas qu'Israël considère comme terroriste, celui-ci ne pourra être vaincu, avertissent les experts

JÉRUSALEM : Des dissensions sont apparues au sommet de l'Etat israélien autour du scénario de l'après-guerre dans la bande de Gaza, au moment où le gouvernement affirme y mener la «bataille décisive» pour anéantir le mouvement palestinien Hamas.

En entrant dans le 8e mois de guerre, l'armée israélienne a lancé le 7 mai des opérations au sol à Rafah, localité adossée à la frontière égyptienne à la lisière sud de la bande de Gaza, où se cachent, selon elle, les derniers bataillons du Hamas.

Mais, la bataille à peine lancée, le ministre de la Défense Yoav Gallant a le 15 mai pressé Benjamin Netanyahu de préparer l'après-Hamas, soulignant que «la fin de la campagne militaire doit s'accompagner d'une action politique», s'opposant publiquement au Premier ministre qui peu avant avait écarté «toute discussion sur l'avenir de la bande de Gaza» avant que «le Hamas soit anéanti».

«Une alternative gouvernementale au Hamas va être préparée immédiatement», a martelé M. Gallant, indiquant clairement qu'il s'opposerait à ce que la bande de Gaza soit placée sous administration civile ou militaire israélienne et sommant M. Netanyahu de déclarer que ce ne sera pas le cas.

Ces propos ont suscité la colère de ministres du gouvernement, parmi lesquels les ministres des Finances Bezalel Smotrich et de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, chefs de deux petits partis d'extrême-droite, acteurs-clé de la coalition gouvernementale, qui ont appelé au départ de Gallant.

- «Prix à payer» -

«Avec les critiques de Gallant (...) des réelles fissures sont apparues au sein du cabinet de guerre israélien», estime sur X Colin P. Clarke, directeur de recherche au centre de réflexion Soufan Group.

Et, avertissent les experts, faute de trouver un remplaçant au Hamas qu'Israël considère comme terroriste, celui-ci ne pourra être vaincu.

«Sans alternative pour remplir le vide, le Hamas continuera de prospérer», indique à l'AFP Mairav Zonszein, analyste de l'International Crisis Group (ICG).

«Si le Hamas est laissé seul dans Gaza, bien sûr, il apparaîtra ici et là et l'armée israélienne sera contrainte de courir partout», abonde Emmanuel Navon, professeur à l'université de Tel-Aviv.

Les Etats-Unis, principal soutien militaire d'Israël, pressent aussi M. Netanyahu d'éviter d'être englué, après le conflit, dans une interminable campagne de contre-insurrection. Washington a estimé fin mars qu'une «Autorité palestinienne redynamisée» pouvait jouer un rôle pour «créer les conditions d'une stabilité à la fois en Cisjordanie et dans Gaza», territoires palestiniens toujours considérés comme occupés au regard du droit international.

Une idée balayée par M. Netanyahu, pour qui l'Autorité palestinienne (AP), chassée de Gaza en 2007 par le Hamas et qu'il accuse de «soutenir» et «financer le terrorisme», n'est «certainement pas» une option pour diriger la bande de Gaza.

Pour Yoav Gallant, «le +jour d'après le Hamas+ n'existera qu'avec des entités palestiniennes prenant le contrôle de Gaza, accompagnées par des acteurs internationaux».

«C'est, par dessus tout, dans l'intérêt de l'Etat d'Israël» car «l'administration militaire de Gaza deviendrait le principal effort militaire et sécuritaire» d'Israël ces prochaines années et «le prix à payer serait un bain de sang (...) ainsi qu'un lourd coût économique», a-t-il estimé.

- Combats «acharnés» -

La guerre a été déclenchée par l'attaque sanglante menée par le Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort, côté israélien, de plus de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a lancé une offensive tous azimuts sur la bande de Gaza, qui a déjà fait plus de 35.000 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Et alors qu'Israël dit avoir entamé la «bataille décisive» de Rafah, les soldats israéliens affrontent à nouveau depuis le 12 mai des combattants du Hamas dans le nord du territoire.

L'armée avait pourtant proclamé en janvier avoir «achevé le démantèlement de la structure militaire» du Hamas dans le nord. Elle admet désormais mener, à Jabaliya, ses combats «peut-être les plus acharnées» dans cette zone depuis le début de son offensive terrestre le 27 octobre.

Un signe que «l'anéantissement» du Hamas, un des objectifs de la guerre, n'est peut-être pas si proche. Quant aux espoirs caressés d'une trêve négociée au Caire avec le Hamas, ils se sont évanouis avec le début des opérations dans Rafah.

L'accord de trêve «est dans une impasse totale» et «Israël fait semblant qu'il y a des progrès», explique Mme Zonszein. Les tiraillements au sommet de l'Etat, «plus les désaccords avec les Etats-Unis et le refus de l'Egypte de laisser passer de l'aide» depuis l'offensive israélienne à Rafah, «tout cela commence à faire beaucoup», ajoute-t-elle.

 


Des enfants parmi les victimes alors que les forces israéliennes intensifient leurs attaques contre le Hezbollah

Des soldats de l'armée libanaise et des badauds se rassemblent autour de la carcasse d'une voiture touchée par une frappe israélienne, qui aurait tué un responsable local du Hamas, à Majd al-Jabal dans la vallée de la Bekaa au Liban, le 17 mai 2024. (AFP)
Des soldats de l'armée libanaise et des badauds se rassemblent autour de la carcasse d'une voiture touchée par une frappe israélienne, qui aurait tué un responsable local du Hamas, à Majd al-Jabal dans la vallée de la Bekaa au Liban, le 17 mai 2024. (AFP)
Des volutes de fumée s'élèvent lors du bombardement israélien du village libanais d'Al-Najjariyeh, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. (AFP)
Des volutes de fumée s'élèvent lors du bombardement israélien du village libanais d'Al-Najjariyeh, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. (AFP)
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  • Le Sud-Liban est confronté à une « escalade de la violence », déclare un vétéran de l'armée à Arab News
  • L'ambassade des Etats-Unis se joint aux appels à élire un nouveau président libanais pour « unir la nation »

BEYROUTH : Deux enfants d'une famille de réfugiés syriens ainsi qu’un combattant du Hezbollah ont été tués lors de frappes aériennes israéliennes ayant touché une zone située à plus de 30 km à l'intérieur de la frontière sud du Liban.

Les frappes israéliennes ont ciblé les villages de Najjariyeh et Addousiyeh, tous deux situés au sud de la ville côtière de Saïda, tuant des enfants et un combattant du Hezbollah qui conduisait un camion pick-up au moment de la frappe.

En riposte à ces raids, le Hezbollah a lancé des dizaines de roquettes en direction de la Haute Galilée, la Galilée occidentale, du bassin de la Galilée et du Golan.

Les médias israéliens ont rapporté que 140 roquettes avaient été tirées vers le nord du pays.

CONTEXTE

Le Hezbollah a échangé des tirs transfrontaliers avec les forces israéliennes presque quotidiennement depuis l'attaque du Hamas au sud d'Israël, le 7 octobre,ce qui a déclenché la guerre à Gaza,depuis déjà  huit mois.

Les tensions entre les forces israéliennes et le Hezbollah ont atteint un niveau critique avec des attaques de drones menées en profondeur dans le territoire libanais et le nord d'Israël.

Le général à la retraite Khaled Hamadé de l'armée libanaise a mis en garde contre une « escalade vers des violences plus graves dans le sud du Liban ».

Le Hezbollah insiste pour conditionner un cessez-le-feu dans le sud du Liban à la fin des hostilités dans la bande de Gaza.

Contrairement à la situation dans la bande de Gaza, aucune initiative n'est prise pour arrêter les affrontements entre Israël et le Hezbollah, selon Hamadé.

Dans un communiqué, le Hezbollah a revendiqué avoir visé la base logistique Tsnobar d'Israël dans le Golan avec 50 roquettes Katyusha en réponse à la frappe sur Najjarieh.

Selon les médias israéliens, des salves de roquettes ont visé des bases militaires à Katzrin et des zones au nord du lac de Tibériade.

Deux personnes ont été blessées dans des explosions de roquettes à Karam bin Zamra dans la Haute Galilée, ont ajouté les médias.

Les caméras de surveillance à Najjarieh ont capturé un drone israélien suivant un camion pick-up alors que le conducteur, nommé Hussein Khodor Mehdi, tentait de s’enfuir.

Le premier missile lancé par le drone a raté sa cible, mais un second a frappé le camion, le mettant en feu et tuant son conducteur. Trois passants ont également été blessés.

Le Hezbollah a déclaré que Mehdi, 62 ans, était un « martyr sur la route de Jérusalem ».

La radio de l'armée israélienne a affirmé que la victime était un commandant de haut rang dans l'armée de l'air du Hezbollah et que les chasseurs de l'armée avaient visé des infrastructures du Hezbollah à Najjarieh.

La deuxième frappe aérienne a touché une salle de congrès et une usine de ciment, blessant plusieurs membres d'une famille de réfugiés syriens. Deux enfants, Osama et Hani Al-Khaled, sont décédés des suites de leurs blessures.

Le Hezbollah a revendiqué avoir visé le site militaire d'Al-Raheb avec l'artillerie et les positions israéliennes à Al-Zaoura avec une salve de roquettes Katioucha.

Selon une source sécuritaire, les dernières cibles du Hezbollah comprenaient des ballons de surveillance près de Tibériade et à Adamit en Galilée.

Tôt vendredi, le Hezbollah a attaqué le nouveau quartier général du 411e Bataillon d'Artillerie au Kibboutz Jaatoun, à l'est de Nahariyya, à l’aide de drones en réponse à la mort de deux combattants du Hezbollah, Ali Fawzi Ayoub, 26 ans, et Mohammed Hassan Ali Fares, 34 ans, la veille.

Dans son sermon du vendredi, cheikh Mohammed Yazbek, chef du Conseil de la charia du Hezbollah, a déclaré que le groupe menait « sa guerre féroce dans le nord de la Palestine, pourchassant l'ennemi, aveuglant ses opérations d'espionnage et franchissant les lignes rouges, tout en traquant ses soldats dans leurs cachettes jusqu'à ce que la guerre à Gaza prenne fin ».

L'ambassade des États-Unis au Liban a lancé une mise en garde concernant le conflit à la frontière sud et la vacance présidentielle dans le pays.

L'élection d'un président est cruciale pour garantir la participation du Liban aux discussions régionales et aux futurs accords diplomatiques concernant sa frontière méridionale, a souligné l'ambassade.

Le Liban « a besoin et mérite un président capable d’unir la nation, de donner la priorité au bien-être de ses citoyens et de former une coalition large et inclusive pour restaurer la stabilité politique et mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires », a ajouté le communiqué.

Les ambassadeurs d'Égypte, de France, du Qatar, d'Arabie saoudite et des États-Unis au Liban ont publié cette semaine une déclaration mettant en garde contre « la situation critique à laquelle est confronté le peuple libanais et les répercussions difficiles à gérer sur l'économie et la stabilité sociale du Liban en raison du retard pris dans la mise en œuvre des réformes nécessaires ».