La Californie déjà en proie à la sécheresse aux portes de l'été

«Avoir un niveau d’eau aussi bas, cela veut dire que l’on aura moins d’eau pour l’agriculture, pour la consommation d’eau courante dans les villes et pour les besoins environnementaux», explique l’un des responsables de l’agence californienne de gestion de l’eau. (Photo, AFP)
«Avoir un niveau d’eau aussi bas, cela veut dire que l’on aura moins d’eau pour l’agriculture, pour la consommation d’eau courante dans les villes et pour les besoins environnementaux», explique l’un des responsables de l’agence californienne de gestion de l’eau. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 30 mai 2021

La Californie déjà en proie à la sécheresse aux portes de l'été

  • La situation, aggravée par les effets du changement climatique ne devrait pas s'améliorer avant le retour des précipitations, dans cinq ou six mois
  • Cette année, en Californie, les incendies ont déjà consumé cinq fois plus de végétation que l'an dernier à la même époque

OROVILLE: L'été n'a pas encore commencé et le niveau du lac d'Oroville, deuxième plus grand barrage de Californie qui alimente en eau une grande partie de l'Etat, est déjà moitié moins élevé que la normale, symptôme préoccupant de l'aggravation de la sécheresse chronique qui sévit dans la région.

Dès le 10 mai, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a décrété l'état d'urgence lié à la sécheresse dans plus de 40 comtés. Celui de Butte, où se situe le barrage d'Oroville, est déjà classé au niveau "exceptionnel", le plus élevé.

Et la situation, aggravée par les effets du changement climatique dans tout l'ouest des Etats-Unis, ne devrait pas s'améliorer avant le retour des précipitations, dans cinq ou six mois.

"Le niveau du réservoir est beaucoup plus bas que nous le voudrions, bien plus bas que d'habitude à cette époque de l'année. Il est à environ 47% de la moyenne", dit John Yarbrough, un responsable du Département des ressources en eau de Californie, en montrant la terre craquelée qui forme les parois du lac.

En 2019, "une bonne année", l'eau atteignait la limite des arbres qui bordent le barrage, soit une cinquantaine de mètres plus haut qu'actuellement, se souvient l'expert.

Les riverains interrogés disent ne jamais avoir vu ça. Et beaucoup, incrédules, renvoient au mois de février 2017, lorsqu'ils avaient dû évacuer la zone car le barrage débordait sous l'effet de pluies torrentielles et risquait de les engloutir.

La neige s'évapore 

"Quand nous entrons dans une année comme celle-ci avec un réservoir bas et des conditions vraiment sèches dans tout l'État, il y a de quoi s'inquiéter", lâche John Yarbrough.

Car le lac d'Oroville, construit dans les années 1960 au confluent de trois rivières, est l'élément-clef du "State water project", colossal réseau de 21 barrages et de plus d'un millier de kilomètres de canaux et de tuyaux qui acheminent l'eau du nord de la Californie vers le sud, plus peuplé et bien plus sec. 

"Ce lac fournit de l'eau potable à 27 millions de Californiens, il irrigue aussi jusqu'à 300.000 hectares de terres agricoles", souligne-t-il. 

Le nord de la Californie reçoit en moyenne les deux-tiers des précipitations totales de Californie mais cette année a été particulièrement mauvaise.

Au 1er avril, qui marque traditionnellement la fin des chutes de neige, les réserves de neige dans la Sierra Nevada voisine - source d'environ un tiers de l'eau utilisée en Californie - étaient seulement d'environ 60% par rapport à la moyenne.

"En plus, ce qui est vraiment unique cette année, c'est que lorsque la neige a fondu, le ruissellement a fini par s'infiltrer dans les sols secs et par s'évaporer", sans réellement parvenir jusqu'au lac d'Oroville pour gonfler ses réserves, explique John Yarbrough.

Certes, le barrage le plus haut de Californie (234 mètres) ne sera pas à sec de si tôt mais à la fin de la saison sèche, il devrait avoir atteint son niveau le plus bas jamais enregistré, en septembre 1977.

La peur des feux de forêt 

Après deux années particulièrement pauvres en précipitations et sans aucune assurance d'une amélioration dans les saisons à venir, les restrictions d'eau sont d'ores-et-déjà au programme. Le Département des ressources en eau, qui gère le State Water Project, a prévenu qu'il risquait de ne pas pouvoir satisfaire plus de 5% des demandes formulées pour cette année...

Et les propriétaires de plusieurs dizaines de bateaux amarrés sur le lac d'Oroville ont été contraints cette semaine de les faire tracter hors de l'eau, sous peine qu'ils s'échouent et soient endommagés.

Autre grave conséquence de la sécheresse: un risque d'incendie accru, ce qui inquiète particulièrement dans une région dévastée à plusieurs reprises ces dernières années par des feux de forêt d'une ampleur exceptionnelle.

Les arbres calcinés qui se dressent sur les hauteurs du lac d'Oroville sont là pour le rappeler: l'an dernier, plus de 17.000 km2 sont partis en fumée rien qu'en Californie et 33 personnes ont péri dans les flammes, dont 15 à Berry Creek, aux portes d'Oroville.

Et cette année en Californie, les incendies ont déjà consumé cinq fois plus de végétation que l'an dernier à la même époque.

"Nous sommes dans une tendance à long terme de conditions de sécheresse. Cela dure depuis environ six ans, avec quelques années humides qui s'intercalent. Mais globalement, c'est beaucoup plus sec que ce dont nous avons l'habitude", résume John Messina, chef des pompiers du comté de Butte.

"Plus les combustibles sont secs, plus les risques d'avoir un feu de forêt catastrophique sont élevés. Ou en tout cas d'avoir un été extrêmement agité..."


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.