La CGT poursuit son déclin électoral, Martinez fragilisé

Philippe Martinez, secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT). (Photo, AFP)
Philippe Martinez, secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT). (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 28 mai 2021

La CGT poursuit son déclin électoral, Martinez fragilisé

  • La CGT a dit « mesure(r) le déficit de présence qu'elle doit combler pour repasser en tête », et promis de « tout mettre en œuvre pour être le syndicat de tous les salariés »
  • Plusieurs noms sont déjà évoqués pour succéder à Philippe Martinez

PARIS : « La CGT est en danger de mort », dramatise un patron de fédération. Les mauvais résultats électoraux enregistrés dans le privé par la centrale syndicale ravivent les plaies d'une organisation traversée de profondes tensions, poussant certains à déclarer ouverte la succession de Philippe Martinez.

Rendus publics mercredi, les chiffres de la mesure de l'audience syndicale sont sans appel : la CGT, qui avait obtenu en 2013 26,77% des suffrages, et perdu en 2017 sa place de premier syndicat du privé au profit de la CFDT, avec 24,85% des voix, est tombée cette année à 22,96%.

Dans un communiqué, la CGT a dit « mesure(r) le déficit de présence qu'elle doit combler pour repasser en tête », et promis de « tout mettre en œuvre pour être le syndicat de tous les salariés ». Son dirigeant Philippe Martinez n'a pas pris la parole depuis l'annonce des résultats.

Pour Emmanuel Lépine, secrétaire général de la fédération CGT des industries chimiques (Fnic-CGT), les derniers chiffres marquent « un grave recul, contrairement d'ailleurs à ce que dit la note confédérale, qui considère que tout va bien ».

« Quand on est dans le déni de la réalité, on a du mal à établir un plan d'actions pour modifier cette réalité », a-t-il confié à l'AFP.

Romain Altmann, secrétaire général du syndicat Info'Com CGT, dit ne pas être « surpris ».

« Malheureusement, il n'y a pas l'air d'avoir dans la CGT une prise de conscience sur sa propre baisse d'influence », déplore-t-il. Alors que la perte du statut de numéro un aurait dû être un « électrochoc », rien ne s'est passé, affirme-t-il.

Le syndicaliste appelle sans détour à « changer d'ère »: « Ecrivons une nouvelle page de la CGT (...). Et ça passe notamment par une nouvelle direction ».

M. Lépine, sans se prononcer sur les « questions de personnes », appelle lui à un changement d' « orientation », et souhaite que le congrès de la CGT ait lieu le plus tôt possible, en mai 2022, trois ans après le congrès de Dijon.

Un « pôle contestataire » qui « grossit »

Il est signataire avec de nombreux membres de sa fédération d'un « appel pour une CGT à la hauteur des enjeux », dont les représentants se sont retrouvés à Gardanne (Bouches-du-Rhône) la semaine dernière. 

Plaidant pour une CGT plus combattive, ils appellent à la mise sur pied d'un « plan de lutte national interprofessionnel », avec en vue une mobilisation d'ampleur à la rentrée.

Selon M. Altmann, ce « pôle contestataire » –qui regroupe trois importantes unions départementales, celles des Bouches-du-Rhône, du Nord et du Val-de-Marne, ainsi que des représentants des fédérations de la chimie, du commerce et des services publics –  est « en train de grossir ».

Autre ligne de fracture au sein de la CGT, quoique moins structurante selon lui, celle née autour de la volonté du secrétaire général de la CGT d'adhérer au collectif « Plus jamais ça », avec des ONG environnementales comme Greenpeace.

Les fédérations des cheminots et de l'énergie ont écrit des courriers à la direction de la CGT pour marquer leur désaccord. « Le collectif Plus jamais ça, on n'adhère pas du tout », affirme Sébastien Menesplier, secrétaire général de la CGT Mines-Energie.

La décision a posé problème à certains sur le fond et de manière plus globale sur la forme, M. Martinez ayant « sorti (cette idée) du chapeau après la pandémie, sans construction et consultation en interne », selon M. Altmann.

Le comité confédéral national (CCN) des 29 et 30 juin doit se prononcer sur la date du congrès, la commission exécutive confédérale ayant pour l'instant proposé qu'il se tienne fin novembre 2022.

Plusieurs noms sont évoqués pour succéder à Philippe Martinez, élu en 2015: ceux de Sophie Binet, co-secrétaire générale de l'Ugict-CGT, de Baptiste Talbot, ancien secrétaire général de la fédération des services publics, et de Laurent Brun, patron des cheminots.

Ce dernier tourne clairement la page Martinez, affirmant que l'actuel numéro un est « retraitable » et qu'il ne « voit pas un retraité à la tête de la confédération ».

M. Brun n'exclut pas une candidature: « Si la CGT m'expliquait que si je ne vais pas à la confédération, c'est la mort et le néant, je réfléchirais peut-être... »

 


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.