PARIS: La présidente du Musée d'Orsay Laurence des Cars a été choisie par l'Elysée pour prendre la tête du Louvre, le plus grand musée du monde, dont elle veut faire "une chambre d'écho de la société".
Première femme à accéder à la tête du musée depuis sa création en 1793, l'annonce de sa nomination par Emmanuel Macron a été faite par France Inter.
Elle succèdera le 1er septembre à Jean-Luc Martinez qui en huit ans à la tête du Louvre l'aura rendu plus accessible à tous les publics, sans compter la mise en oeuvre de projets nationaux et internationaux comme le Louvre Abou Dhabi.
Le projet que Mme des Cars, 54 ans, avait soumis à l'Elysée "réfléchit à la manière dont le Louvre peut être pleinement contemporain. Il a beaucoup à dire à la jeunesse, c'est une chambre d'écho de la société", a-t-elle expliqué sur France Inter.
Elle a annoncé sa première mesure: la création d'un neuvième département, qui sera consacré à Byzance et aux chrétiens d'Orient.
L'historienne d'art dirigeait le Musée d'Orsay depuis quatre ans. Elle a été remarquée pour son dynamisme, avec notamment le chantier "Orsay Grand ouvert" et l'exposition "le Modèle noir" en 2019.
"Elle a été choisie car conservatrice reconnue, de stature internationale, ayant très bien réussi à Orsay, ayant une connaissance du Louvre car à la manoeuvre sur le Louvre Abou Dhabi de 2007 à 2014", a expliqué l'Elysée.
Son projet, se félicite-t-on, vise à "accueillir la polyphonie du monde dans un musée en résonance" avec la société: place de la femme dans les collections, provenance des œuvres.
"Ce qui a beaucoup intéressé le président, c'est qu'elle sente que les débats de société sont entrés dans les musées et regarde comment ne pas subir ces débats mais les traiter par l'art et le spectacle vivant, en invitant notamment des artistes", a indiqué un conseiller de l'Elysée.
10 millions de visiteurs en 2019
"Laurence des Cars aura à écrire une nouvelle page de l’histoire du plus grand musée du monde. Le Louvre doit se réinventer dans le monde de l'après-crise, devenir plus encore qu’aujourd’hui, un lieu de contemplation et de réflexion ouvert à tous", a réagi la ministre de la Culture Roselyne Bachelot.
Jean-Luc Martinez, 57 ans, briguait un troisième mandat et assurait l'intérim depuis le 13 avril.
Il est nommé par Emmanuel Macron premier ambassadeur pour la coopération internationale dans le domaine du patrimoine. Il sera chargé de la poursuite de la politique des restitutions et de la lutte contre le trafic international d'oeuvres d'art.
Très sensible à l'accès au Louvre de tous les publics, il a modernisé le musée de sorte que le nombre de visiteurs dépasse les 10 millions de visiteurs en 2019 (dont 71% d'étrangers), avant d'être frappé par la pandémie de coronavirus.
Il a développé les billetteries en ligne, créé des nocturnes, une "petite galerie" pour les familles, ordonné des travaux d'agrandissement, engagé la restauration du Jardin des Tuileries.
M. Martinez aura aussi conduit l'important projet du Louvre Abou Dhabi, intensifié les prêts et dépôts en province. Et inauguré en 2019 un centre ultra-moderne de conservation des réserves, à Liévin, à côté du Louvre-Lens.
Son approche pour compléter les ressources a été discutée. Ayant intensifié la commercialisation de la marque à de grandes enseignes (AirBnB, Uniqlo, Alibaba, etc), il a été accusé par ses adversaires de brader les symboles du Louvre.
Ses opposants lui reprochaient aussi d'avoir freiné les expositions d'art contemporain dans la vénérable institution.
A l'Elysée, "on salue un bilan exceptionnel de Jean-Luc Martinez, qui aura réussi à rajeunir et à renouveler le public, à développer l'éducation artistique et les projets territoriaux".
M. Martinez et Mme de Cars "se connaissent bien et se respectent" et le changement ne doit "être aucunement perçu comme un désaveu" mais répond à la volonté d'"ouvrir un nouveau chapitre" dans "une approche plus contemporaine, sociétale" du musée, ajoute un conseiller d'Emmanuel Macron.