PARIS: La France va donner d'ici la fin 2021 « au moins 30 millions de doses de différents vaccins » au programme Covax, le mécanisme mondial de fourniture de vaccins aux pays pauvres, a annoncé vendredi le président Emmanuel Macron, devant le Sommet mondial de la Santé de pays du G20 réuni à Rome.
« Nous n'avons pas le droit de stocker les vaccins dans certains pays alors que d'autres en manquent. Et il est choquant qu'on commence parfois à vacciner les enfants là où on n'a pas encore commencé à vacciner les plus âgés, les plus fragiles dans d'autres pays », a lancé le président français dans un discours enregistré en vidéo, relayant un appel de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Dans le cadre d'une initiative européenne, la France partagera au moins 30 millions de doses de différents vaccins d'ici la fin de l'année », a-t-il ajouté, pour dire « non au clientélisme, oui au multilatéralisme vaccinal ».
Actuellement, un tiers des populations des pays les plus riches ont déjà eu au moins une première dose contre 0,2% dans les pays pauvres, selon Covax. L'OMS a donc appelé les pays riches à faire passer la solidarité internationale avant la vaccination des enfants et adolescents.
Car d'ici la fin mai, 140 millions de doses manqueront à Covax et encore 50 millions en juin par rapport aux volumes initialement prévus pour vacciner 20% de la population des pays pauvres.
Jusqu'ici les Etats-Unis ont annoncé vouloir donner à Covax 80 millions de doses, dont 60 millions d'AstraZeneca. La France, appelant ses partenaires européens à la suivre, avait déjà annoncé un don de 500 000 doses d'ici fin juin et la Suède 1 million.
Emmanuel Macron, qui prononcera lundi, par vidéo, un discours d'ouverture de l'Assemblée mondiale de la santé, l'instance suprême de l'OMS, a aussi annoncé que la France donnerait 500 millions d'euros supplémentaires à l'initiative Act-A, à l'origine de Covax.
Le chef de l'Etat s'est, par ailleurs, dit disposé à soutenir une levée des brevets sur les vaccins, mais sous réserve qu'un rapport conjoint de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et de l'OMS la juge nécessaire pour accélérer la production dans le monde.
A l'instar du reste de l'Union européenne, Emmanuel Macron a longtemps jugé que la levée des brevets, réclamée de nombreux pays en développement et ONG et soutenue par les Etats-Unis, n'était pas le véritable obstacle.
« Sur les questions de propriété intellectuelle, il ne doit y avoir aucun tabou, aucune idéologie, simplement des solutions reposant sur un diagnostic clair. A chaque fois que la propriété intellectuelle est un obstacle à la production, nous devons y apporter une réponse comme jadis » pour le VIH, a dit le président français.
« C’est pourquoi je demande (...) un rapport conjoint, incluant les analyses de l'OMC, de l'OMS » à remettre au G20 à Rome en octobre. « Si ses conclusions impliquent de faire usage de nouvelles mesures en matière de propriété intellectuelle, évidemment, je les soutiendrai », a-t-il assuré.