NEW YORK: Un procureur démocrate en fin de mandat, une autre connue pour sa pugnacité, un fidèle parmi les fidèles des Trump, ou encore un ex-proche de l'ex-président américain décidé à faire couler son ancien patron, Donald Trump : voici quelques protagonistes du dossier judiciaire qui pourrait mener à une inculpation sans précédent d'un ancien président américain.
Cyrus Vance, procureur en quête de postérité
Le procureur de l'Etat de New York pour Manhattan, 66 ans, élu démocrate en poste depuis 2010, est le premier à avoir ouvert une enquête au pénal contre l'ex-président républicain.
Fils d'un ancien secrétaire d'Etat américain, il a été parfois accusé de rechigner à poursuivre les puissants -- notamment pour avoir tardé à inculper Harvey Weinstein. Mais sur ce dossier Trump, il s'est montré déterminé, d'abord dans la longue bataille pour obtenir les archives comptables et financières de l'ancien magnat de l'immobilier new-yorkais, puis en déployant d'importants moyens humains et matériels sur cette enquête ultra-sensible politiquement.
Il en va de sa réputation pour la postérité : il a déjà annoncé qu'il ne briguerait pas de quatrième mandat à l'expiration de son mandat actuel en décembre. Beaucoup d'observateurs estiment qu'il fera tout pour avoir inculpé l'ancien président avant cette date, avec un dossier aussi solide que possible pour faciliter la tâche de son successeur.
Letitia James, procureure pugnace
La procureure générale de l'Etat de New York, démocrate également, fut en 2018 la première femme noire à accéder à ce poste.
Depuis, cette procureure de 62 ans s'est forgé une réputation de procureure particulièrement pugnace et indépendante, multipliant les enquêtes aussi bien contre les grandes entreprises -- notamment les géants de la tech -- que contre l'administration Trump, contre laquelle elle a lancé des dizaines d'actions au civil.
Bien que Donald Trump l'accuse de parti pris contre lui, elle s'est aussi saisie de dossiers compromettants pour le gouverneur démocrate de New York, Andrew Cuomo, affaibli par une série de scandales.
Après avoir livré un rapport percutant sur des accusations de dissimulation du nombre de morts de la pandémie dans les maisons de retraite, elle chapeaute la délicate enquête en cours sur des accusations de harcèlement sexuel visant le gouverneur. Selon la gravité des conclusions de cette enquête, il pourrait être obligé de démissionner.
Allen Weisselberg, fidèle parmi les fidèles de Trump
A 73 ans, ce comptable discret est le plus fidèle des collaborateurs de la holding familiale qu'est la Trump Organization. Il débuta comme comptable dans l'entreprise de Frederick Trump, le père de Donald, avant de rejoindre la Trump Organization comme contrôleur de gestion quand Donald Trump s'est implanté à Manhattan dans les années 1980.
Il a été de toutes les aventures entrepreneuriales de Donald Trump, y compris lorsque le magnat s'est trouvé en difficulté vis-à-vis de ses casinos d'Atlantic City. Selon Barbara Res, une ex-vice présidente de la Trump Organization citée récemment par le Daily News, il « pensait que Trump était un Dieu ».
Aujourd'hui, tout le monde se demande s'il va se retourner contre son patron. Les enquêteurs mettent la pression sur lui depuis des mois, n'hésitant pas à viser aussi sa famille -- notamment son fils Barry Weisselberg -- pour convaincre cet homme réputé connaître tous les secrets de la Trump Organization de collaborer avec eux.
Michael Cohen, la soif de revanche
L'ex-avocat personnel de Trump, 54 ans, fut le premier des proches de Donald Trump épinglé par la justice, qui l'a condamné fin 2018 à trois ans de prison pour fraude fiscale et violation des lois sur le financement des campagnes électorales.
Mais il fut aussi le premier de ses fidèles -- il a travaillé 10 ans durant comme homme de confiance du magnat, se disant prêt à « prendre une balle pour son patron » -- à retourner sa veste et à collaborer avec les enquêteurs. Il a encore été interrogé plusieurs fois ces dernières semaines par l'équipe de Cyrus Vance.
En février 2019, entendu par une commission parlementaire, il avait accusé Donald Trump tous azimuts, affirmant entre autres que le milliardaire sous- ou sur-évaluait régulièrement ses actifs, tant auprès des banques que des compagnies d'assurances que pour remonter aux classements annuels des personnes les plus riches, établis par des organismes comme Forbes.
Très actif sur Twitter ou via son podcast « Mea Culpa », il se réjouit fréquemment des tracas judiciaires de son ancien patron et de sa possible prochaine inculpation.