COPENHAGUE : Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées mercredi à travers le Danemark en soutien à des Syriens qui se sont vu retirer leur permis de séjour du fait d'une situation jugée « sûre » à Damas et ses environs, une décision soutenue par une vaste majorité parlementaire.
Début avril, le plaidoyer télévisé d'une adolescente menacée d'expulsion à quelques mois du bac a eu raison de la relative indifférence qui entourait jusque-là la question dans le petit pays scandinave.
A Copenhague, la place de l'hôtel de ville était bondée, a constaté une journaliste de l'AFP mais des manifestations étaient organisées dans plus d'une vingtaine d'autres villes du royaume, où quelque 10% des 5,8 millions d'habitants est d'origine étrangère.
« L'objectif de la manifestation est vraiment de montrer au gouvernement qu'un large groupe (...) a vraiment honte du repli qu'on voit actuellement en terme de droit des réfugiés », a expliqué à l'AFP l'un des organisateurs, Tim Whyte, secrétaire-général d'ActionAid Danemark, l'un des organisateurs du rassemblement.
Brandissant des pancartes en forme de coeur où il était notamment inscrit « solidarité » ou « on a de la place », les manifestants – majoritairement masqués en raison de la crise sanitaire – étaient réunis face à l'imposant hôtel de ville de Copenhague.
« Je suis là car je pense que ça n'a aucun sens de renvoyer des réfugiés syriens en Syrie en l'état dans lequel le pays est actuellement », a dit Marie-Louise Møller, une consultante de 50 ans.
L'été dernier, Copenhague a décidé de réexaminer les dossiers de Syriens originaires de la capitale syrienne sous contrôle du régime de Bachar al-Assad, un réexamen étendu depuis aux personnes originaires des alentours de Damas, au motif que « la situation actuelle à Damas n'est plus de nature à justifier un permis de séjour ou l'extension d'un permis de séjour ».
Depuis, 248 personnes, qui n'avaient à l'origine obtenu qu'un permis temporaire, se sont vu retirer leur permis selon les chiffres de l'Agence des migrations.
Une fois les possibilités d'appel épuisées, les déboutés, ont jusqu'à trois mois pour quitter volontairement le pays avant d'être placés en centre administratif de rétention à défaut d'être expulsés vers la Syrie en l'absence de relations diplomatiques entre Copenhague et Damas.
« Le Danemark et la Hongrie sont les seuls pays européens qui veulent renvoyer des Syriens et ce n'est pas possible pour l'instant mais nous craignons que les Syriens soient motivés à rentrer alors que la Syrie n'est absolument pas sûre pour le moment », s'est inquiétée Lisa Blinkenberg, responsable de la question chez Amnesty Danemark.
Légalement, les permis de résidence temporaire sont donnés sans limite de temps en cas de « situation particulièrement grave dans le pays d'origine caractérisée par des violences arbitraires et des agressions contre des civils ». Mais ils peuvent être de facto révoqués lorsque la situation n'est plus jugée comme telle.