NEW YORK: Le bitcoin tempérait un peu ses pertes après avoir perdu jusqu'à 30% mercredi, suivant un rappel à l'ordre en Chine contre les cryptomonnaies qui se sont ajoutés à des propos d'Elon Musk interprétés négativement la semaine passée.
Vers 15H40 GMT (17H40 à Paris), la principale cryptomonnaie perdait 14% à 37 420 dollars. Elle avait flirté un peu plus tôt avec le seuil des 30 000 dollars, un prix plus vu depuis fin janvier.
Le cours se reprenait notamment après un tweet du patron de Tesla, Elon Musk, laissant entendre que son entreprise, qui a acquis pour 1,5 milliard de dollars de bitcoin plus tôt dans l'année, ne les avait pas vendus contrairement à ce que laissait supposer un précédent tweet du fantasque dirigeant.
Celui-ci a toutefois bien décidé mi-mai de refuser les paiements en bitcoin pour ses véhicules électriques, contrairement à un précédent engagement, citant le risque environnemental causé par le minage de bitcoin.
A son plus bas du jour mercredi, à 30 016 dollars, le bitcoin a perdu près d'un tiers de sa valeur par rapport au début de la semaine et plus de la moitié en comparaison avec son record historique touché il y a seulement un mois, le 14 avril, à 64.869,78 dollars.
L'analyste de Oanda Edward Moya qualifiait le creux soudain de la journée de "flash-crash", ces plongeons boursiers qui se produisent en quelques minutes.
"Après la volte-face de Tesla, la Chine a ajouté du sel sur la blessure en déclarant que les monnaies virtuelles ne devraient pas et ne peuvent être utilisées sur le marché parce qu'elles ne sont pas des monnaies réelles", a commenté Fawad Razaqzada, analyste de Thinkmarkets.
Les cryptomonnaies "ne sont pas de vraies devises", ont en effet estimé mercredi plusieurs fédérations bancaires chinoises de référence, mettant en garde contre la "spéculation", dans un pays qui prépare par ailleurs sa propre monnaie numérique.
Coinbase bousculé
La Chine a un temps été une des places fortes du bitcoin, la plus répandue des monnaies virtuelles.
Pékin a cependant opéré en 2019 un tournant radical en rendant illégaux dans le pays les paiements en cryptomonnaies, accusées d'être un instrument au service "d'activités criminelles".
La forte volatilité des monnaies virtuelles "porte gravement atteinte à la sécurité des biens des personnes et perturbe l'ordre économique mondial", ont fustigé dans un communiqué commun la Fédération nationale de financement sur internet, la Fédération bancaire de Chine et la Fédération de paiement et de compensation.
Un peu plus tard mercredi, la plateforme américaine d'échange cotée à Wall Street Coinbase a annoncé avoir subi de fortes perturbations, ajoutant sur un compte Twitter de l'entreprise qu'il était difficile de se connecter, de consulter son solde ou d'acheter ou vendre des devises virtuelles.
L'entreprise, qui plongeait de plus de 5% à Wall Street en raison des fortes secousses sur le marché, a affirmé un peu plus tard sur le réseau social qu'elle avait remédié à ces difficultés sur sa plateforme.
L'intérêt pour les cryptomonnaies à travers le monde a bondi depuis fin 2020. Dopé par l'attention d'investisseurs de plus en plus sérieux, des banques institutionnelles de Wall Street à certains géants de la Silicon Valley, le marché des cryptomonnaies a enflé pour atteindre plus de 2 500 milliards de dollars à son plus haut mi-mai, selon le site Coinmarketcap, qui recense près de 10 000 devises.
Le régulateur chinois n'est pas le seul à s'inquiéter de l'envol du marché des cryptomonnaies: ses homologues en Europe ou aux Etats-Unis ont appelé les investisseurs à la prudence, sans cependant interdire les transactions.
La Chine accélère par ailleurs les préparatifs pour lancer sa propre monnaie virtuelle, qui sera émise et encadrée par la banque centrale.
La monnaie numérique chinoise, futur moyen de paiement électronique sur smartphone amené à remplacer les pièces et les billets, pourrait faire ses débuts en 2022 lors des Jeux olympiques d'hiver de Pékin.
La deuxième plus grande cryptomonnaie, l'ethereum, dévissait elle aussi mercredi, lâchant 21% à 2 186 dollars.