BRUXELLES: Les dirigeants de l'Union européenne ont exprimé mardi leur "solidarité" avec l'Espagne face à l'afflux de migrants venus du Maroc dans l'enclave de Ceuta sur fond de crise diplomatique entre ces deux pays, appelant Rabat à empêcher les départs depuis son territoire.
"Tout notre soutien et notre solidarité avec l'Espagne", a tweeté en espagnol Charles Michel, le président du Conseil européen, institution représentant les Vingt-Sept.
"La coopération, la confiance et les engagements partagés devraient constituer les principes d'une relation forte entre l'Union européenne et le Maroc", a-t-il ajouté.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a également exprimé la solidarité de l'UE dans un message en espagnol sur Twitter, soulignant l'importance en matière de migration de nouer des "partenariats renforcés fondés sur la confiance mutuelle et des engagements communs" avec des pays comme le Maroc.
Plus tôt dans la journée, la commissaire européenne chargée de la migration, Ylva Johansson, avait jugé "inquiétant qu'au moins 6.000 personnes, dont un grand nombre d'enfants, aient rejoint Ceuta à la nage, en mettant leur vie en danger". "Beaucoup ont dû être secourus, une personne est morte", a-t-elle rappelé.
"Le plus important maintenant, c'est que le Maroc continue à s'engager à empêcher les départs irréguliers, et que ceux qui n'ont pas le droit de rester soient renvoyés de façon ordonnée et efficace. Les frontières espagnoles sont les frontières de l'Europe", a-t-elle poursuivi devant le Parlement européen.
Ursula von der Leyen a aussi souligné que l'UE avait "besoin de solutions communes pour la gestion de la migration". Elle a appelé à un accord sur la réforme de la politique migratoire et de l'asile dans l'UE proposée en septembre par la Commission, qui bute sur des discussions difficiles entre Etats membres.
Les forces de l'ordre marocaines sont intervenues mardi matin pour stopper le flux de migrants, dont le flux s'est tari à la mi-journée.
Le ministre espagnol de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a annoncé que son pays avait renvoyé au Maroc 2 700 des quelque 6 000 migrants entrés à Ceuta. Le Premier ministre Pedro Sanchez a assuré que tous les adultes entrés illégalement seraient expulsés, dans "le cadre des accords signés avec le Maroc depuis des années".
Les relations diplomatiques entre les deux pays se sont tendues depuis l'accueil en Espagne, fin avril, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, Brahim Ghali, venu pour des soins.
Le conflit au Sahara occidental, ancienne colonie espagnole classée "territoire non autonome" par les Nations unies en l'absence d'un règlement définitif, oppose depuis plus de 45 ans le Maroc au Polisario, soutenu par l'Algérie.
Le Polisario réclame un référendum d'autodétermination alors que Rabat propose une autonomie sous sa souveraineté.