WASHINGTON: Menés par Jon Ossoff, le démocrate de Géorgie nouvellement élu, vingt-huit sénateurs américains ont publié dimanche soir une déclaration commune qui appelle à un cessez-le-feu immédiat dans la guerre israélienne contre Gaza.
Une déclaration brève, rédigée dans un visible souci des balises politiques, les sénateurs n’attribuent pas de responsabilités. Les signataires, exclusivement démocrates, sont majoritairement des sénateurs libéraux ou progressistes, comme Dick Durbin de l'Illinois, le deuxième leader démocrate au Sénat, ainsi que les anciens candidats à la présidentielle, Bernie Sanders et Elizabeth Warren, connus pour leur soutien public aux droits des Palestiniens.
«Nous exhortons à un cessez-le-feu immédiat afin d’éviter de perdre davantage de vies civiles, et pour empêcher une nouvelle escalade du conflit en Israël et dans les territoires palestiniens», ont déclaré les sénateurs.
Le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, n'a pas signé la déclaration. Il a plutôt fait écho à la position du président Joe Biden et de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, et réitéré son soutien sans équivoque à Israël qui «a le droit de se défendre».
La déclaration des 28 sénateurs survient quelques jours après que 25 députés démocrates de la Chambre des représentants aient envoyé une lettre au secrétaire d'État Antony Blinken, avant le début de la guerre. La missive dénonçait la démolition israélienne de maisons dans les quartiers arabes de Jérusalem, et particulièrement le quartier de Cheikh Jarrah, où des plans en cours prévoient l’expulsion de Palestiniens pour laisser la place aux colons juifs.
Le sénateur démocrate Chris Van Hollen du Maryland, qui a signé la lettre d'Ossoff, avait précédemment publié sa propre déclaration au début de la guerre. Bien qu’il approuve du «droit de légitime défense» d'Israël, il soutient également le droit des Palestiniens de vivre dans la paix et la sécurité aux côtés des Israéliens.
«Les Israéliens et les Palestiniens ont tous deux le droit de vivre en sécurité, le droit à l'autodétermination et le droit de voir leurs droits de l’homme protégés», affirme-t-il.
La réponse de la Chambre a été menée par la députée progressiste Marie Newman de l'Illinois, et qui a été rejointe par les représentants Rashida Tlaib du Michigan, Cori Bush du Missouri, Alexandria Ocasio-Cortez de New York, Ilhan Omar du Minnesota et Andre Carson de l'Indiana. À ceux-là s’ajoutent des démocrates traditionnellement pro-palestiniens tels que Bobby Rush de l'Illinois et Betty McCollum du Minnesota, un éminent membre du parti qui préside le Comité des crédits de défense.
Dans un appel passionné lancé du parquet de la Chambre, Tlaib a décrit son expérience de Palestinienne dont la famille vit toujours dans les territoires occupés.
«Je suis le seul membre palestinien américain du Congrès maintenant, et ma simple existence a perturbé le statu quo», a-t-elle déclaré. «(C'est) tellement personnel pour moi».
«Je sers de rappel à mes collègues que les Palestiniens existent bel et bien, que nous sommes humains, que nous sommes autorisés à rêver. Nous sommes des mères, des filles, des petites-filles. Nous sommes en quête de justice, et nous sommes résolument engagés dans la lutte contre toutes les formes d’oppressions», poursuit la députée.
Ces sénateurs, des personnes «pleines de bonnes intentions», ne représentent toutefois qu’une minorité d'élus, se désole l'ancien membre du Congrès démocrate Jim Moran.
Il affirme à Arab News être «fier de ces membres du Congrès d’avoir osé s’exprimer». Il rappelle cependant que «la grande majorité des membres (…) restent sous l'influence de groupes de pression pro-israéliens, et ont peur de s'exprimer».
De nombreux membres du Congrès «craignent» d'exprimer une opinion sur les injustices subies par le peuple palestinien par l'allié israélien. L'aile droite du Parti républicain prend souvent pour cible les membres progressistes du parti et ceux qui soutiennent les Palestiniens, que ce soit financièrement ou par le biais de campagnes d’infox.
Khaled Saffuri, analyste politique à Washington et expert en politique américaine, estime que les derniers efforts de certains sénateurs et représentants ne vont probablement pas créer un changement majeur dans la culture du Congrès, qui a toujours soutenu Israël «indépendamment de la nature de ses actions».
Mais, «malgré leur infériorité numérique et leur sous-armement, ces membres du Congrès méritent notre respect et notre soutien».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com