DHAKA : Les réfugiés rohingyas de Bhasan Char passent leur premier Aïd Al-Fitr, jeudi 13 mai, « isolés », loin de leurs proches.
La plupart des personnes relocalisées sur la nouvelle île ont laissé leurs amis et leurs proches dans 34 camps à Cox’s Bazar, qui abrite plus d’un million de réfugiés rohingyas.
Le Bangladesh a commencé à la fin de l’année dernière à relocaliser les réfugiés, 18 000 à ce jour, à Bhasan Char, à quelque 63 km du continent, en expliquant que cela permettrait de réduire la pression sur les camps encombrés de Cox’s Bazar.
« Nous célébrons l’Aïd différemment cette année, loin de nos amis et de nos proches. D’habitude, nous nous réunissons avec nos proches les jours de l’Aïd », raconte Abdur Rahman, réfugié rohingya âgé de 37 ans, à Arab News.
« En cette occasion spéciale, mes amis et mes proches ne sont pas autour de moi. Je me sens parfois isolé ».
« Le téléphone portable est le seul moyen de communication pour nous, mais il n’est pas toujours abordable », indique M. Rahman.
Une autre réfugiée, Morium Begum, 29 ans, mentionne que les festivités de l’Aïd à Cox’s Bazar manquent à ses enfants.
« Mes enfants avaient l’habitude de visiter leurs amis et de se rendre aux foires de l’Aïd durant cette période à Cox’s Bazar. Mais ici, ils n’ont pas d’amis », confie Mme Begum à Arab News.
« Le confinement actuel dû au coronavirus a probablement contribué davantage à notre isolement. Sinon, les autorités auraient pu autoriser certaines foires de l’Aïd pour les enfants », ajoute-t-elle.
Mohammed Hossain, 19 ans, raconte que l’Aïd était une nouvelle expérience pour lui. « Le champ de la congrégation est préparé avec des tentes de fortune et décoré de manière appropriée, ce qui a créé des festivités sur l’île », dit-il à Arab News. « Je n’ai jamais vu ce genre de disposition lorsque je me trouvais dans les camps de réfugiés de Cox’s Bazar ».
À l’occasion de l’Aïd Al-Fitr, les autorités ont fourni une aide alimentaire spéciale aux réfugiés de l’île.
« Un paquet de nourriture contenant des vermicelles, du lait en poudre, du sucre, de l’huile alimentaire, du riz, des lentilles, des épices, etc. a été fourni à l’occasion de la fête », précise Moazzam Hossain, de la Commission bangladaise d’aide aux réfugiés et de rapatriement.
« Toutes les familles ont reçu cette aide en fonction de leur taille et de leurs besoins », explique-t-il, ajoutant que 5 000 nouveaux vêtements ont également été distribués aux enfants rohingyas.
Pour maintenir la distanciation sociale et respecter les recommandations sanitaires et sécuritaires, les autorités ont organisé trois congrégations distinctes pour l’Aïd sur l’île.
« Depuis le début de l’exode des Rohingyas en 2017, c’est la première fois que les réfugiés de l’île ont eu l’occasion de célébrer la fête dans un environnement confortable, à l’abri des menaces de glissement de terrain, des intempéries et de l’environnement très encombré des camps de réfugiés de Cox’s Bazar », ajoute M. Hossain.
Les services sanitaires d’urgence sont également disponibles pendant l’Aïd, et huit responsables sanitaires du gouvernement sont actuellement en poste sur l’île, mentionne-t-il.
L’ONU et les organismes d’aide internationaux n’ont pas encore commencé leurs opérations d’aide sur l’île.
Actuellement, plus de 40 ONG locales fournissent une aide humanitaire aux réfugiés relocalisés.
« Ici, les réfugiés dépendent entièrement de l’aide humanitaire, car il n’y a pas d’autre source d’aide sur l’île », indique Saiful Islam Chowdhury, directeur général de Pulse Bangladesh Society, à Arab News.
« Nous avons évalué les besoins de chacune des familles et fourni une aide appropriée, afin que toutes puissent profiter du festival », ajoute-t-il.
Ce texte est la traduction d’un texte paru sur arabnews.com