Un Aïd sous le signe du reconfinement au Liban

Des tables et des chaises sont empilées devant les cafés fermés de la Corniche de Beyrouth, le premier jour du congé de l'Aïd Al-Fitr, le jeudi 13 mai 2021. (Photo, AP)
Des tables et des chaises sont empilées devant les cafés fermés de la Corniche de Beyrouth, le premier jour du congé de l'Aïd Al-Fitr, le jeudi 13 mai 2021. (Photo, AP)
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Publié le Vendredi 14 mai 2021

Un Aïd sous le signe du reconfinement au Liban

  • «L'effondrement et la dévastation actuels ne seront freinés que par la formation d’un exécutif qui s'attaque à la corruption et à la déliquescence qui accablent le Liban»
  • À la mosquée, les diplomates arabes et islamiques se sont fait remarquer par leur absence

BEYROUTH: Les célébrations de l'Aïd Al-Fitr étaient rares jeudi au Liban, et le pays a marqué la fin du ramadan avec un confinement hermétique et un couvre-feu de deux jours, dans une tentative de lutter contre la propagation du coronavirus à l’origine de la Covid-19.

Loin de l’ambiance joyeuse qui accompagne habituellement cette période de l’année, les gens ont évité les rassemblements dans les maisons et les lieux publics. Un chef religieux de premier plan a d’ailleurs fait part de ses craintes lors de son prêche.

Le cheikh Abdellatif Deriane, grand mufti du Liban, a averti que le peuple se rapproche de la famine en raison «des erreurs et des péchés du gouvernement» et de l’explosion des violences sociales, ce qui place le pays sur la trajectoire d’une «révolte des affamés».

Un scénario où «les remords ne servent à rien», prévient-il.

Le mufti fustige par ailleurs les dirigeants politiques qui « violent la constitution, minent le pouvoir judiciaire, ont recours à des illusions confessionnelles, et divisent les citoyens».

La joie de l'Aïd échappe aux Libanais dont conditions de vie continuent de se détériorer dans une tornade de crises fiscales et politiques.

Les autorités ont limité l’entrée aux mosquées à 30% de leur capacité d’accueil. Les fidèles se sont installés sur les places autour de la mosquée Al-Amin, au centre-ville de Beyrouth.

Le Premier ministre libanais sortant, Hassan Diab, était présent lors des prières dirigées par le mufti.

Si les violences entre Israël et Gaza ont dominé ses propos, la situation politique et les conditions de vie gravement érodées ont été abordées dans le sermon de cheikh Deriane.

Le mufti rappelle que «l'effondrement et la dévastation actuels ne seront freinés que par la formation d’un exécutif qui s'attaque à la corruption et à la déliquescence qui accablent le Liban pour la première fois depuis des décennies». «Nous avons besoin d'un gouvernement qui mène les réformes nécessaires. Tout autre avenue serait une tromperie», insite-t-il.

Le haut chef religieux a critiqué les membres de la sphère politique «qui ont failli leurs citoyens lorsqu’ils ont choisi de se livrer à la corruption et d’empêcher la formation d'un gouvernement qui puisse stopper l'effondrement, débuter la reconstruction, et de demander l'aide de la communauté internationale».

À la mosquée, les diplomates arabes et islamiques se sont fait remarquer par leur absence.

L'ambassadeur saoudien au Liban, Walid Bukhari, a effectué les prières de l'Aïd dans le jardin de sa résidence à Yarzeh, en compagnie d’un nombre d'ambassadeurs de pays arabes et islamiques et du personnel de l'ambassade. L'ambassade avait préalablement pris toutes les précautions sanitaires nécessaires.

La levée potentielle des subventions sur les denrées alimentaires de base, les carburants et les médicaments se rajoute à une liste de difficultés qui accablaient les Libanais bien avant le ramadan.

De nombreuses pharmaciens ont fermé boutique, victimes des ruptures de stocks de médicaments et de lait infantile.

Mais malgré le confinement, les stations d’essence ne désemplissent pas, car les gens craignent davantage de pénuries de carburant.

«Les navires qui produisent l'électricité s'arrêteront samedi, et les centrales suivront», explique Abdo Saadeh, président de l'Association des propriétaires privés de générateurs, jeudi.

«Le rationnement du courant électrique au Liban pourrait donc excéder les vingt heures. Parallèlement, il y a une pénurie du diesel qui alimente générateurs privés, ce qui signifie que nous sommes au bord d'un gros problème».

La crise du carburant jette une ombre sur les secteurs vitaux au Liban. 

Le secrétaire général de la Croix-Rouge libanaise, Georges Kettaneh, a annoncé que la Croix-Rouge «a préparé un plan pour remplir ses voitures de carburant, et il n'y a pas encore de crise».

Le chef du Syndicat des propriétaires d'hôpitaux privés, Sleiman Haroun, explique que si «les fonds alloués pour l'achat de carburant ne sont pas débloqués et que le Liban plonge dans un blackout, de nombreux patients qui ont besoin d'oxygène et dépendent des machines de dialyse seront affectés».

Haroun a averti que, si les hôpitaux privés ont des générateurs, il n’est pas pour autant réaliste de demander aux hôpitaux de se fournir en électricité 24 heures sur 24, car le rôle de ces «générateurs est de soutenir le réseau et s’y substituer en cas de panne».



Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.