Nouvelle tribune des militaires: Darmanin dénonce «une grossière manœuvre», la gauche s'inquiète

Gérald Darmanin a dénoncé lundi une «grossière manœuvre» et le manque de «courage» de «gens anonymes», face à la publication d'une nouvelle tribune dans Valeurs actuelles de militaires appelant à la «survie» de la France. CLEMENT MAHOUDEAU / AFP
Gérald Darmanin a dénoncé lundi une «grossière manœuvre» et le manque de «courage» de «gens anonymes», face à la publication d'une nouvelle tribune dans Valeurs actuelles de militaires appelant à la «survie» de la France. CLEMENT MAHOUDEAU / AFP
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Publié le Lundi 10 mai 2021

Nouvelle tribune des militaires: Darmanin dénonce «une grossière manœuvre», la gauche s'inquiète

  • Gérald Darmanin a dénoncé lundi une «grossière manœuvre» et le manque de «courage» de «gens anonymes», face à la publication d'une nouvelle tribune dans Valeurs actuelles de militaires appelant à la «survie» de la France
  • «Comment peut-on laisser penser que l’armée aujourd’hui serait animée par de tels sentiments et par une volonté de mettre en cause les principes mêmes de la République ?» s'est interrogé François Hollande sur France Inter

PARIS : Gérald Darmanin a dénoncé lundi une "grossière manœuvre" et le manque de "courage" de "gens anonymes", face à la publication d'une nouvelle tribune dans Valeurs actuelles de militaires appelant à la "survie" de la France où, selon eux, "la guerre civile couve".

"Il s’agit de gens anonymes. C'est ça le courage ? D’être anonymes ?", a raillé le ministre de l'Intérieur sur RMC/BFMTV, attaquant le texte attribué par l'hebdomadaire à des militaires d'active, moins de trois semaines après la publication d'une première tribune controversée signée par des militaires à la retraite.

"Quelle drôle de société courageuse que celle qui donne la parole à des anonymes. On se croirait sur les réseaux sociaux", a-t-il insisté.

"Je crois savoir que quand on est militaire on ne fait pas ce genre de choses en cachette, à  la petite semaine", a-t-il ajouté, dénonçant une "grossière manœuvre" à l'approche des élections régionales et présidentielle.

Cette tribune, publiée dimanche soir de manière anonyme et sous forme de pétition sur le site de Valeurs actuelles, dénonce notamment "le chaos et la violence" qui frappe le pays. 

"Nous voyons la haine de la France et de son Histoire devenir la norme", affirment les militaires en activité à l'initiative du texte, qui a obtenu plus de 75.000 signatures quelques heures seulement après sa publication.

"Oui, si une guerre civile éclate, l’armée maintiendra l’ordre sur son propre sol, parce qu’on le lui demandera (...) Il ne s’agit pas de prolonger vos mandats ou d’en conquérir d’autres. Il s’agit de la survie de notre pays, de votre pays", précisent les signataires.

Ce texte apparaît moins de trois semaines après une première tribune signée par des militaires, dont une vingtaine de généraux, dénonçant le "délitement" de la France et se disant prêts à "soutenir les politiques" qui œuvreront contre. 

Ces déclarations, assez proches de l'argumentaire développé par le parti Rassemblement national de Marine Le Pen, ont été accueillies froidement au sein de l'état-major des armées, qui tient à se démarquer de ces propos.

"Un rappel ferme sera fait par le commandement sur le respect du devoir de réserve" car "l'apolitisme fait notre crédibilité et la cohésion est ce qui fait notre force", a déclaré lundi à l'AFP un haut gradé de l'état-major. "On peut avoir des convictions personnelles mais les armées sont apolitiques et d'une fidélité absolue au Président élu, elles sont subordonnées au chef des armées. Si on a des états d'âme, il faut quitter l'armée en conscience".

"Quelle est la déontologie ? Comment peut-on laisser penser que l’armée aujourd’hui serait animée par de tels sentiments et par une volonté de mettre en cause les principes mêmes de la République ?", s'est interrogé l'ancien président de la République François Hollande sur France Inter. 

"Il y a maintenant des militaires d'active qui veulent signer une tribune de manière anonyme. Ils sont factieux et lâches. Moi je n'ai pas peur, je dis mon nom et ce que je ferai si je suis élu : purger l'armée de ses membres factieux", a réagit dimanche le candidat de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon.

"Ça m'inquiète", a reconnu le patron du PS Olivier Faure, estimant que la gauche "devait réfléchir à toutes ces menaces".

Nouvelle tribune de militaires ouverte cette fois aux signatures

Après un premier texte controversé dont certains signataires sont menacés de sanctions, Valeurs Actuelles a publié dimanche soir une nouvelle tribune de militaires "pour la survie de notre pays", lancée cette fois par des militaires d'active, et ouverte aux signatures.

La tribune affichait plus de 36.000 signatures au compteur peu après 01h00, a constaté l'AFP.

"Agissez, Mesdames et Messieurs. Il ne s’agit pas, cette fois, d’émotion sur commande, de formules toutes faites ou de médiatisation. Il ne s’agit pas de prolonger vos mandats ou d’en conquérir d’autres. Il s’agit de la survie de notre pays, de votre pays", écrivent les auteurs dans ce texte adressé au Président de la République, aux ministres, aux parlmenetaires et aux officiers généraux.

Les auteurs disent être "entrés récemment dans la carrière" et précisent qu'ils ne peuvent pas "réglementairement" s'exprimer "à visage découvert".

"Nous sommes de ce que les journaux ont nommé +la génération du feu+. Hommes et femmes, militaires en activité, de toutes les armées et de tous les grades, de toutes les sensibilités, nous aimons notre pays. Ce sont nos seuls titres de gloire. Et si nous ne pouvons pas, réglementairement, nous exprimer à visage découvert, il nous est tout aussi impossible de nous taire", écrivent-ils pour se présenter.

"Afghanistan, Mali, Centrafrique ou ailleurs, un certain nombre d’entre nous ont connu le feu ennemi. Certains y ont laissé des camarades. Ils ont offert leur peau pour détruire l’islamisme auquel vous faites des concessions sur notre sol", disent les auteurs .

"Presque tous, nous avons connu l’opération Sentinelle. Nous y avons vu de nos yeux les banlieues abandonnées, les accommodements avec la délinquance. Nous avons subi les tentatives d’instrumentalisation de plusieurs communautés religieuses, pour qui la France ne signifie rien -rien qu’un objet de sarcasmes, de mépris voire de haine".

Valeurs Actuelles avait publié le 21 avril une tribune choc dans laquelle "une vingtaine de généraux, une centaine de hauts gradés et plus d'un millier d'autres militaires", appelaient le président Emmanuel Macron à défendre le patriotisme, et se disaient "disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation".

Ce texte a déclenché une vive controverse dans la classe politique, certain y dénonçant un quasi-appel à l'insurrection quand d'autres saluaient un sursaut salutaire.

Le Premier ministre Jean Castex a dénoncé une initiative "contraire à tous nos principes républicains" et accusé le RN, qui avait appelé les signataires à soutenir son action, de "récupération politique". La ministre des Armées a réclamé que des sanctions soient prises contre les signataires, qu'ils soient d'active ou à la retraite.

Saisi par des parlementaires de la France insoumise, le procureur de Paris Rémy Heitz avait rejeté la demande d'engager des poursuites visant les auteurs et diffuseurs de la tribune car "aucune infraction pénale" n'y figure.


Relations UE/Chine: Macron insiste sur la protection des «intérêts stratégiques» de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron (CL) serre la main du Premier ministre japonais Fumio Kishida (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron (CL) serre la main du Premier ministre japonais Fumio Kishida (Photo, AFP).
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  • La visite d'Etat de XI Jinping vise à célébrer 60 ans de relations diplomatiques bilatérales
  • Les grandes crises internationales, et notamment la guerre en Ukraine, devraient également être au menu des discussions franco-chinoises

PARIS: L'Europe doit défendre ses "intérêts stratégiques" dans ses relations économiques avec la Chine, a déclaré jeudi le président Emmanuel Macron dans une interview à The Economist, à quelques jours d'une visite d'Etat en France du président chinois XI Jinping.

"Il faut être d'un grand pragmatisme et regarder cette question avec nos intérêts stratégiques", dit le chef d'Etat français, interrogé sur l'ouverture ou non du marché européen à la Chine.

"C'est un de mes objectifs principaux en accueillant le président Xi Jinping, il faut tout faire pour engager la Chine sur les grandes questions mondiales et avoir un échange sur nos relations économiques qui reposent sur la réciprocité", ajoute le président, qui accueillera son homologue chinois les 6 et 7 mai.

Et de citer le cas des voitures électriques chinoises, selon lui "taxées à 10%" sur le marché européen alors que leur production est "massivement aidée" par l'exécutif chinois. A l'inverse, les véhicules électriques européens, pour lesquels "l'Europe a des règles qui limitent les aides" à leurs producteurs, sont "taxés à 15%" sur le marché chinois.

Plan

"Aujourd'hui nous devons avoir sur le plan commercial avec la Chine un comportement respectueux, mais de défense de nos intérêts, de réciprocité et de sécurité nationale", insiste M. Macron, qui dit soutenir les enquêtes ouvertes par la Commission européenne sur le véhicule électrique, le photovoltaïque, l'éolien concernant des subventions chinoises soupçonnées de fausser la concurrence.

"Il ne faut pas oublier les enjeux de sécurité nationale", souligne M. Macron. "Il y a de nombreux secteurs pour lesquels la Chine exige que les producteurs soient chinois, parce qu'ils sont trop sensibles. Eh bien nous Européens, nous devons pouvoir faire la même chose."

La visite d'Etat de XI Jinping vise à célébrer 60 ans de relations diplomatiques bilatérales. Il s'agira du début de sa première tournée européenne depuis la pandémie de Covid-19, qui avait vu le géant asiatique couper longuement nombre d'interactions avec le reste du monde.

Les grandes crises internationales, et notamment la guerre en Ukraine, devraient également être au menu des discussions franco-chinoises.

"Notre intérêt est d'obtenir de la Chine qu'elle pèse pour la stabilité de l'ordre international. Ce n'est pas l'intérêt de la Chine aujourd'hui d'avoir une Russie déstabilisatrice de l'ordre international, d'avoir un Iran qui peut se doter de l'arme nucléaire et d'avoir un Moyen-Orient plongeant dans une forme de chaos. Il faut donc travailler avec la Chine pour construire la paix", affirme M. Macron.


Rétractation de Takieddine: Carla Bruni-Sarkozy désormais entendue comme suspecte

La mannequin et chanteuse franco-italienne Carla Bruni-Sarkozy (Photo, AFP).
La mannequin et chanteuse franco-italienne Carla Bruni-Sarkozy (Photo, AFP).
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  • Parmi les mis en cause, outre M. Sarkozy et Mimi Marchand, l'intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie
  • L'affaire dans l'affaire a explosé en novembre 2020 lorsque Ziad Takieddine, principal témoin à charge contre Nicolas Sarkozy depuis 2012, avait opéré une spectaculaire volte-face sur BFMTV

PARIS: L'enquête sur la rétractation en 2020 de l'intermédiaire Ziad Takieddine, qui accuse Nicolas Sarkozy d'avoir financé sa campagne présidentielle 2007 avec des fonds libyens, pourrait provoquer une nouvelle mise en cause emblématique, avec l'audition jeudi de Carla Bruni-Sarkozy comme suspecte.

L'épouse de l'ex-chef de l'Etat avait déjà été entendue comme témoin en juin 2023 dans cette information judiciaire.

Mais une source proche du dossier, confirmée par une source judiciaire, a indiqué à l'AFP que la chanteuse et mannequin était jeudi interrogée en audition libre de mise en cause par les enquêteurs de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Nanterre.

L'ancien chef de l'Etat, qui conteste les faits, a été mis en examen dans ce dossier début octobre, pour recel de subornation de témoin et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'escroqueries au jugement en bande organisée.

D'après des éléments de l'enquête, Carla Bruni-Sarkozy avait d'abord été entendue comme témoin simple, notamment du fait du témoignage de la papesse des paparrazis "Mimi" Marchand (de son vrai nom Michèle Marchand), également mise en cause dans le dossier.

Cette dernière avait argué de rencontres avec son amie pour justifier de déplacements au domicile du chef de l'Etat à des moments-clés de l'opération.

Mais selon une source proche du dossier, le juge d'instruction s'est depuis interrogé sur divers éléments à charge.

Tout d'abord, une "volonté de dissimulation" de Carla Bruni qui a "effacé l'intégralité des messages qu'elle a échangés avec Mimi Marchand" le jour de la mise en examen de cette dernière, le 5 juin 2021.

Ensuite, Carla Bruni est soupçonnée d'avoir aidé Michèle Marchand et le paparazzo Sébastien Valiela à obtenir un test PCR mi-octobre 2020 leur permettant de partir au Liban faire l'interview qui donnera lieu à la rétractation de M. Takieddine.

Questionné sur ces éléments lors de sa mise en examen début octobre, Nicolas Sarkozy, avait répondu: "A ce moment-là, elle a besoin de passer un test PCR comme des millions de Français à cette époque. Ma femme aide Michèle Marchand comme elle rend service à son amie pour qu'elle parte en voyage".

"On est harcelés de demandes d'autres personnes pour les aider à faire des tests PCR. Ma femme n'y est pour rien", avait ajouté l'ex-chef de l'Etat.

Sur les messages supprimés par son épouse sur son téléphone, il avait souligné avoir lui gardé les siens, ajoutant: "Si c'était une volonté stratégique ou de dissimuler, on pourrait se demander pourquoi elle et pas moi ?"

Des auditions ont été réalisées ces derniers mois dans l'entourage de Carla Bruni, a indiqué à l'AFP une autre source proche du dossier.

«Pas un centime»

Ce volet "rétractation" est incident à l'enquête principale sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007, qui sera jugé début 2025.

L'affaire dans l'affaire a explosé en novembre 2020 lorsque Ziad Takieddine, principal témoin à charge contre Nicolas Sarkozy depuis 2012, avait opéré une spectaculaire volte-face sur BFMTV et Paris Match en déclarant que l'ex-chef de l'Etat n'avait "pas touché un centime, cash ou pas cash, pour l'élection présidentielle" 2007 de la part du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi.


Soixante-six migrants qui tentaient de traverser la Manche secourus

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  • Dans la matinée, les services de secours ont été "informés par le sémaphore de Dieppe qu'une embarcation de migrants se trouvait au large de Dieppe"
  • Les naufragés ont ensuite été "déposés au port de Dieppe où ils sont pris en charge par les services de secours terrestres et la police aux frontières"

RENNES: Soixante-six migrants, dont des femmes et des enfants, qui tentaient de traverser la Manche, ont été secourus mercredi par la France.

Dans la matinée, les services de secours ont été "informés par le sémaphore de Dieppe qu'une embarcation de migrants se trouvait au large de Dieppe". Une vedette côtière de la gendarmerie maritime a "porté secours à l’embarcation, en difficulté, dans l’après-midi".

L’équipage a récupéré "66 naufragés dont des femmes et des enfants", précise la préfecture maritime.

Les naufragés ont ensuite été "déposés au port de Dieppe où ils sont pris en charge par les services de secours terrestres et la police aux frontières". Il sont hébergés dans un gymnase.

"Les services de l'État procèdent à l'examen des situations administratives des migrants au cas par cas... Trois personnes ont d'ores et déjà été interpellées par la police nationale et placées en garde à vue, soupçonnées d'être des passeurs", indique la préfecture dans un communiqué.

Pendant ce temps au Royaume-Uni, les premiers migrants susceptibles d'être expulsés vers le Rwanda ont été arrêtés et placés en détention, a annoncé mercredi le gouvernement britannique, le Premier ministre Rishi Sunak saluant une nouvelle étape dans le déploiement d'une mesure phare de sa politique migratoire.

Le gouvernement conservateur a promis de mettre un terme à ces traversées par des migrants clandestins. Plus de 7.500 sont arrivés depuis le début de l'année, un record historique pour les quatre premiers mois de l'année.