La levée des brevets sur les vaccins mise en doute par le désaccord Berlin-Washington

Des militants se rassemblent au National Mall pour soutenir l'accès mondial au vaccin COVID-19 / AFP
Des militants se rassemblent au National Mall pour soutenir l'accès mondial au vaccin COVID-19 / AFP
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Publié le Vendredi 07 mai 2021

La levée des brevets sur les vaccins mise en doute par le désaccord Berlin-Washington

  • La protection des brevets n'est pas le facteur qui empêche la production des vaccins, insistent les groupes pharmaceutiques
  • La production est aussi freinée par des barrières douanières ou la pénurie de certains ingrédients

NEW YORK : L'idée d'une levée des brevets sur les vaccins anti-Covid est globalement rejetée par les entreprises pharmaceutiques. Si leurs profits ne sont pas dans l'immédiat menacés, elles craignent qu'une telle proposition instaure un précédent freinant l'innovation.

Pas d'impact immédiat sur les labos

La protection des brevets n'est pas le facteur qui empêche la production des vaccins, insistent les groupes pharmaceutiques. 

"Donner aux pays qui en ont besoin un livre de recettes sans les ingrédients, les garanties et la main d'oeuvre qualifiée n'aidera pas les gens qui attendent le vaccin", a souligné Michelle McMurry-Heath, patronne du lobby des sociétés de biotechnologie BIO.

Maîtriser la technologie de l'ARN messager (ARNm), à la base des vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna, acheter les machines, mener les essais cliniques, lancer la fabrication à grande échelle, "ne se fait pas en 6, 12 ou 18 mois", a remarqué le PDG de Moderna, Stéphane Bancel, jeudi. Son entreprise s'est d'ailleurs engagée dès octobre à ne pas poursuivre d'autres entreprises qui utiliseraient ses brevets pour produire des vaccins contre le Covid-19 à leur tour.

La production est aussi freinée par des barrières douanières ou la pénurie de certains ingrédients. 

Pour les entreprises qui tirent actuellement des profits du vaccin - Johnson & Johnson et Astrazeneca se sont engagés à l'écouler à prix coûtant - la levée des brevets ne les affectera pas "spécialement dans les mois à venir", affirme Ian Gendler, du cabinet de recherche Value Line.

La proposition pourrait-elle avoir un effet positif sur la réputation de laboratoires souvent décriés pour les tarifs élevés des médicaments? Pas sûr, selon Farasat Bokhari, économiste spécialisé dans les questions de concurrence et de santé à l'université britannique d'East Anglia. "A ce stade, ce serait sous la pression des gouvernements et ils apparaîtraient comme des réfractaires."

Une « pente glissante »?

Pour le patron de la biotech new-yorkaise Acorda Therapeutics, Ron Cohen, en soutenant la levée temporaire des brevets, "Joe Biden s'engage sur une pente dangereuse et glissante". "Quels seront les prochains brevets sur la liste à ne plus être protégés une fois que ce précédent aura été institué?", s'alarme-t-il sur Twitter en remarquant que le cancer ou la maladie d'Alzheimer peuvent aussi être considérés comme des "crises mondiales". 

Le système de propriété intellectuelle tel qu'il existe n'est pas fondamentalement menacé, nuancent plusieurs experts. 

Mais lever des brevets pour le Covid-19 "crée un précédent pour les crises sanitaires à venir", avance M. Bokhari. Les laboratoires pharmaceutiques, aidés ou non par les fonds publics, "n'auraient plus d'incitation à investir la prochaine fois qu'il y a une urgence". 

Vaccin: oui à la levée des brevets, priorité aux pays pauvres

La levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19 est une bonne idée mais les pays les plus riches doivent tenir leurs engagements envers les plus pauvres, a estimé vendredi la prix Nobel d'économie Esther Duflo.

Le soutien américain à une levée des brevets sur les vaccins "est une bonne chose" en ce qu'il "met la pression sur les groupes pharmaceutiques", a déclaré l'économiste dans un entretien au quotidien italien La Repubblica.

Pour autant, ce partage des brevets, encore hypothétique, ne règle pas la question de l'accès des pays les plus pauvres aux sérums disponibles sur le marché.

En créant et en finançant Covax, un système de partage des vaccins anti-Covid, des États, des organisations internationales et des personnalités comme Bill Gates ont permis de fournir 50 millions de doses aux pays pauvres. Mais "ce sont deux milliards de doses qui sont nécessaires", rappelle Esther Duflo.

Or, "l'effort économique pour aider les pays pauvres serait dérisoire: pour acheminer dans ces pays deux milliards de doses de vaccins, il faudrait 29 milliards de dollars. Disons que si on porte ce chiffre à quatre milliards, la dépense est légèrement supérieure à 50 milliards. On voit bien que ce n'est rien comparé aux milliers de milliards de dollars que les Etats-Unis à eux seuls investissent dans leur plan de reprise", selon l'économiste franco-américaine, prix Nobel 2019.

La représentante américaine au Commerce, Katherine Tai, a créé la surprise mercredi en annonçant que Washington était désormais favorable à "la levée" des brevets sur les vaccins contre le Covid-19, une mesure réclamée depuis des mois à l'OMC par de nombreux pays, l'Inde et l'Afrique du Sud en tête.

Mais les brevets sont essentiellement détenus par des laboratoires américains, globalement opposés à leur levée qui les priverait, selon eux, d'un retour sur des investissements coûteux.

Quel partenariat public-privé ?

Soutenir la levée des brevets sur les vaccins anti-Covid relève sans doute surtout "d'une question d'optique" pour l'administration Biden, estime Damien Conover, spécialiste du secteur pharmaceutique pour le cabinet Mornigstar. 

Habituellement défenseurs du maintien des droits de propriété intellectuelle, les Etats-Unis font face à la pression des pays en développement, qui déplorent la lente distribution des vaccins à travers le monde quand 45% de la population américaine a déjà reçu une dose.

Cette iniquité "reste encore à résoudre", remarque M. Bokhari. "Il faut par exemple trouver où sont les goulets d'étranglement dans la production", dit-il. 

A ses yeux, le gouvernement américain peut surtout aider à nouer des accords de licences entre les groupes pharmaceutiques et les fabricants dans les pays en développement, qui incluent des transferts de savoir-faire.

Le spécialiste de propriété intellectuelle à l'université de Columbia à New York, Shyam Balganesh, argue, lui, pour une large mise en commun de toutes les connaissances sur le Covid-19, qui ne va pas disparaître de sitôt. 

Les réticences des entreprises ne font pas le poids selon lui face aux aides apportées par les gouvernements, qui ont financé une partie de la recherche, facilité les processus réglementaires ou la logistique, et au fait que la situation est exceptionnelle. 

Surtout, remarque-t-il, "que ce soit l'industrie pharmaceutique, qui affirme qu'on ouvre la boîte de Pandore, ou que ce soit les défenseurs de la santé publique, qui célèbrent ce développement, il est important de reconnaître que nous ne savons pas quel sera le texte adopté".

Veut-on lever les brevets sur les vaccins pour plusieurs années ou jusqu'à ce qu'on atteigne une immunité collective? Veut-on aussi y inclure les traitements? "Il y a encore beaucoup de points à négocier."


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.