PARIS : Conserver la meilleure note de l'épreuve ou de la moyenne annuelle en philo ou arriver au grand oral avec la liste des sujets étudiés: à six semaines du lancement des épreuves du bac, le ministre de l'Education a annoncé mercredi des aménagements de l'examen en raison de la crise sanitaire.
Pour tenir compte des conséquences de la crise sanitaire qui a perturbé l'année des lycéens, « l'épreuve terminale de philosophie continue à être organisée et on maintiendra la meilleure des deux notes entre le contrôle terminal et le contrôle continu », a expliqué Jean-Michel Blanquer sur France 2.
« Il y a beaucoup d'élèves qui ont des mauvaises notes en contrôle continu et certains ont besoin de l'épreuve pour se rattraper, c'est une chance », a-t-il plaidé.
Depuis dimanche, M. Blanquer ouvrait la voie à un aménagement des épreuves du baccalauréat, mais a toujours refusé le passage intégral au contrôle continu.
Pour enrayer les chaînes de contamination à la Covid-19, les lycéens ne vont pas à l'école à temps-plein depuis le mois de novembre. Ils sont en demi-jauge, avec une alternance de classes en présentiel et distanciel.
« Même si on a réussi pendant toute l'année à garder les écoles et les collèges et les lycées ouverts ou en partie ouverts, les choses n'ont pas été complètement normales, donc c'est normal d'aménager », a insisté le ministre.
Concernant l'épreuve « phare » et inédite du grand oral, Jean-Michel Blanquer a également annoncé son maintien. « Si on a créé cet exercice, c'est précisément parce que cette compétence est fondamentale, savoir argumenter, savoir écouter, être capable de parler tout simplement », s'est-il défendu.
Ainsi, lors de la première partie de cette épreuve, qui consiste en un exposé de 5 minutes, chaque candidat « pourra disposer des notes qu'il aura saisies lors de sa préparation de 20 minutes ».
Pendant la deuxième partie de l'épreuve, un entretien, « le candidat pourra recourir à un support » et « chaque candidat présentera au jury un descriptif, visé par ses professeurs d'enseignements de spécialité et par la direction de son établissement, avec les points du programme qui n'auront éventuellement pas pu être étudiés », décrit un communiqué du ministère.
Pour ce premier bac de la réforme instaurée par M. Blanquer, le contrôle continu représentera 82% de la note finale de l'examen, l'épreuve écrite de philosophie et celle du grand oral correspondant aux 18% restants.
« Rejouer le chaos »
Depuis plusieurs semaines, syndicats et lycéens demandaient l'annulation pure et simple des épreuves de philosophie et du grand oral pour apporter notamment plus de sérénité aux élèves.
« Il était vraiment temps de se prononcer car les élèves étaient dans une trop grande incertitude », a commenté Philippe Vincent, secrétaire général du principal syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN), en qualifiant les annonces de M. Blanquer de « compromis raisonnable ».
Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a lui regretté dans un communiqué que la solution retenue pour la philo conduise « à rejouer le chaos du bac 2019 et 2020, où les jurys avaient été amenés à modifier les notes de manière incompréhensible et avaient parfois constaté des pratiques douteuses de construction de la note dans les établissements, conduisant à des ruptures d'égalité inédites ».
« Cette solution pour la philosophie n'est justifiée par rien », a regretté le Snalc. « Soit le ministère estime que l'épreuve peut se tenir, et alors elle doit se tenir normalement, avec un plus grand choix de sujets. Soit elle ne le peut pas, et alors on doit faire comme l'an dernier », a-t-il proposé.
Antonin Nouvian, secrétaire du Mouvement national lycéen (MNL), a lui dénoncé sur Franceinfo « du bricolage » car « on pense que le contrôle continu intégral c'est la solution face à la crise sanitaire et face aux manque de cours », a-t-il lancé, appelant à « continuer la mobilisation ».
Concernant l'épreuve écrite de français, le ministre a précisé que « tous les sujets seront dédoublés ». A l'oral, les examinateurs choisiront deux textes parmi les 14 étudiés. L'élève sélectionnera celui sur lequel il préfère être interrogé.