Dans les marais de Mésopotamie coulent... les égouts d'Irak

Un poisson pourri flotte à la surface des marais irakiens pollués du district sud de Chibayish, le 14 avril 2021 / AFP
Un poisson pourri flotte à la surface des marais irakiens pollués du district sud de Chibayish, le 14 avril 2021 / AFP
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Publié le Mercredi 05 mai 2021

Dans les marais de Mésopotamie coulent... les égouts d'Irak

  • Selon l'ONU, 70% des déchets industriels de l'Irak sont reversés dans les fleuves ou la mer
  • Le PNUE a déjà mesuré que si en 2015, chaque Irakien avait à sa disposition 2.100 mètres cubes d'eau par an, ce nombre tomberait à 1.750 en 2025.

Au milieu des marais mésopotamiens, dans le "jardin d'Eden" de Mésopotamie, trésor multimillénaire inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, une tache sombre s'agrandit: depuis d'énormes tuyaux jaillit une eau saumâtre, celle des égouts que l'Etat irakien, incapable d'assurer les services de base, préfère déverser là.

Cette eau charrie "pollution et métaux lourds qui menacent directement la faune et la flore des marais", explique à l'AFP Jassim al-Assadi, à la tête de l'association de défense de l'environnement Nature Iraq. 

 

Elle met aussi en danger "indirectement l'humain à travers les buffles" qui constituent l'un des premiers élevages de la région et dont le lait sert à confectionner le "guemar", la mozzarella locale, poursuit celui qui a abandonné son poste d'ingénieur au ministère des Ressources hydrauliques pour se consacrer au sauvetage des marais.

"Autour des tuyaux d'eaux usées, la plupart des poissons meurent et nous, on a plein de maladies, ces tuyaux sont en train de nous détruire", abonde Nader Mohssen, pêcheur et éleveur né dans cet écosystème unique au monde où, selon la tradition, se trouvait le jardin d'Eden.

"Quant aux buffles, ils sont obligés de s'enfoncer dans les marais pour pouvoir boire autre chose que cette eau polluée", raconte-t-il.

Crime et puanteur

Selon l'ONU, 70% des déchets industriels de l'Irak sont reversés dans les fleuves ou la mer.

Pour les habitants des marais, ce serait un comble que leurs égouts viennent aujourd'hui à bout d'un des plus grands deltas intérieurs du monde, alors que ce petit paradis, coincé entre les fleuves Tigre et Euphrate dans le sud de l'Irak, a survécu à l'une des folies destructrices de Saddam Hussein.

Pour punir les habitants de la région qui avaient caché des insurgés en 1991, le dictateur avait fait assécher les marais.

Leur surface humide, de 15.000 km2 en 1991, a ensuite été divisée par deux, ce que l'ONU a qualifié d'"un des pires crimes environnementaux de l'Histoire" et pour lequel 32 responsables de l'ancien régime ont été condamnés, dont un à mort en 2010.

Il y a quelques années, M. Mohssen et les autres habitants des marais -- quelques milliers de familles à cheval sur trois provinces du Sud rural et tribal qui peinent à joindre les deux bouts -- ont cru voir leur jardin d'Eden refleurir.

L'eau est revenue. Et avec elle plus de 200 espèces d'oiseaux migrateurs ou sédentaires et des dizaines de races d'animaux parfois en voie d'extinction ailleurs.

Des touristes, principalement irakiens, recommençaient à venir pour un tour en bateau ou un déjeuner de poisson grillé.

Mais aujourd'hui, ils fuient en se bouchant les narines tant les effluves nauséabonds qui s'échappent des énormes tuyaux d'eaux usées sont pestilentiels.

Pour les autorités locales, les torts sont partagés. D'un côté par des habitants qui font des branchements sauvages sur les réseaux d'évacuation des eaux de pluie faute d'être officiellement raccordés au tout-à-l'égout. De l'autre par le ministère qui n'attribue pas un budget suffisant au Conseil provincial pour construire des stations d'épuration. 

Scénario catastrophe

"De telles unités coûteraient près de 57 millions d'euros", explique Haydar Razzaq, chef de la direction des eaux usées de la province de Zi Qar.

Quant à celles dont la construction a déjà été lancée, les travaux ont été brutalement interrompus et jamais repris, comme souvent en Irak, dit-il. 

Pour M. Assadi, qui a travaillé avec des experts européens et américains sur le sujet, la solution est simple et réside dans les phytotechnologies: l'utilisation des plantes pour dépolluer les marais.

Mais ses demandes aux autorités restent à chaque fois lettre morte, regrette-t-il.

Pourtant, assure le défenseur de l'environnement, quand l'Unesco a inscrit les marais sur sa liste mondiale en 2016, l'Irak s'est engagé à préserver leur écosystème et à fournir des services fonctionnels à leurs habitants.

Et aujourd'hui, au moment où l'ONU estime que l'Irak est "le cinquième pays le plus vulnérable au monde" face au changement climatique, la réhabilitation des marais n'est plus une question de patrimoine, c'est une question de survie.

Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) prévient: une hausse des températures mènera à moins de pluies, plus de tempêtes de sable et donc moins de productivité agricole et plus de sècheresse.

Le PNUE a déjà mesuré que si en 2015, chaque Irakien avait à sa disposition 2.100 mètres cubes d'eau par an, ce nombre tomberait à 1.750 en 2025.

Et chaque été qui passe ressemble un peu plus à ce scénario catastrophe, qui menace à terme toute l'agriculture, l'industrie et surtout la santé des 40 millions d'Irakiens.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.