PARIS: La France a déclaré jeudi dernier qu'elle avait commencé à prendre des mesures pour empêcher certains responsables libanais d'entrer dans le pays au motif qu'ils bloquaient les actions destinées à trouver une solution à la crise politique et économique.
La France a été le fer de lance des efforts internationaux pour sauver le Liban de sa crise la plus profonde depuis la guerre civile de 1975-1990. Toutefois, huit mois plus tard, elle n'a toujours pas réussi à persuader les politiciens qui s’opposaient à cette action d'adopter une feuille de route de réformes ou de former un nouveau gouvernement afin de débloquer l'aide internationale.
Avec l'Union européenne (UE), Paris travaille à la création d'un régime de sanctions pour le Liban qui pourrait, à terme, entraîner des gels d'avoirs et des interdictions de voyage.
Cela devrait néanmoins prendre du temps. Dans le cadre des efforts visant à accroître la pression sur les principaux acteurs libanais, la France a l'intention de cesser de délivrer des visas à certains responsables, font savoir certains diplomates.
«Sur une base nationale, nous avons commencé à mettre en place des mesures restrictives en termes d'accès au territoire français à l'encontre des personnalités impliquées dans le blocage politique actuel, ou impliquées dans la corruption», déclare le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, aux côtés de son homologue maltais.
Le ministre français ne mentionne aucun nom et ne précise pas si des mesures réelles sont déjà en place.
«Ce ne sont pas des paroles en l’air. [Les responsables libanais] peuvent être assurés qu’il ne s’agit pas seulement de menaces», affirme un diplomate français.
Deux autres diplomates soulignent pour leur part qu'une liste de noms a été dressée et que les personnes concernées sont en train d’en être informées. Le ministère français des Affaires étrangères n'a pas répondu aux demandes de commentaires.
Comme de nombreux hauts responsables politiques libanais disposent d’un logement, de comptes bancaires et d’investissements dans l’UE ainsi qu’en France, et qu’ils y envoient leurs enfants dans des universités, un retrait de cet accès pourrait constituer un levier pour qu’ils revoient leur position.
«Nous nous réservons le droit d'adopter des mesures supplémentaires contre tous ceux qui entravent la sortie de crise et nous le ferons en coordination avec nos partenaires internationaux», ajoute Jean-Yves Le Drian.