« Tuez vos sénateurs »: un procès new-yorkais teste les limites de la liberté d'expression

Depuis l'attaque du Capitole le 6 janvier dernier, les autorités américaines ont renforcé la surveillance et multiplié les enquêtes visant essentiellement les milieux d'extrême droite. Plus de 400 personnes ont été arrêtées par le FBI pour avoir participé aux émeutes du 6 janvier. (Photo, AFP/Archives)
Depuis l'attaque du Capitole le 6 janvier dernier, les autorités américaines ont renforcé la surveillance et multiplié les enquêtes visant essentiellement les milieux d'extrême droite. Plus de 400 personnes ont été arrêtées par le FBI pour avoir participé aux émeutes du 6 janvier. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Jeudi 29 avril 2021

« Tuez vos sénateurs »: un procès new-yorkais teste les limites de la liberté d'expression

  • Un employé de 37 ans est accusé d'avoir « menacé de tuer » des élus, dont les leaders démocrates du Congrès
  • Brendan Hunt avait posté une vidéo intitulée « Kill your senators », dans laquelle il disait, face caméra: «Il faut que nous retournions au Capitole et leur mettre des balles dans la tête»

NEW YORK : La liberté d'expression a beau être sacrée et protégée par la Constitution américaine, on n'appelle pas impunément à tuer des élus américains sur les réseaux sociaux: c'est ce qu'a décidé mercredi un jury populaire new-yorkais, après une semaine d'audiences qui ont ravivé le souvenir de l'attaque du Capitole du 6 janvier.

Brendan Hunt, alias « X-Ray Ultra », employé des tribunaux de 37 ans, était accusé d'avoir « menacé de tuer » des élus du Congrès américain - dont les leaders démocrates Nancy Pelosi, Chuck Schumer et la jeune Alexandria Ocasio-Cortez (AOC) - avec « l'intention d'interférer dans l'exercice de leurs fonctions » ou « de se venger de les avoir remplies ».

Il a été déclaré coupable après trois heures de délibérations à peine. Il risque jusqu'à 10 ans de prison lors du prononcé de sa peine prévu le 22 juin.

Brendan Hunt était mis en cause pour des messages postés sur divers réseaux: le premier, daté du 6 décembre 2020, sur Facebook, appelait Donald Trump, alors président, à organiser « une exécution publique de Pelosi, AOC, Schumer, etc » et à « descendre ces communistes ». « Si vous ne le faites pas, les citoyens le feront. »

Le dernier datait du 8 janvier dernier, deux jours après l'attaque contre le Capitole par des partisans de Donald Trump, qui rejetaient la certification de la victoire de Joe Biden à la présidentielle. Brendan Hunt avait alors posté une vidéo de 88 secondes sur la plateforme BitChute, prisée de l'extrême-droite, intitulée « Kill your senators » (Tuez vos sénateurs), dans laquelle il disait, face caméra: « Il faut que nous retournions au Capitole, et cette fois qu'on vienne avec nos armes... Ce que vous devez faire, c'est vous armer, aller à Washington, probablement pour l'investiture (...) et leur mettre des balles dans la tête. »

C'est cette vidéo qui lui a valu d'être jugé coupable par le jury, a indiqué un porte-parole des procureurs après le verdict.

 

Simples « diatribes » ?

Après l'« insurrection » du 6 janvier, le FBI déploie tous azimuts ses filets pour arrêter les émeutiers. Parmi les milliers d'appels reçus alors par la police fédérale, l'un l'alerte de l'existence de cette vidéo.

Brendan Hunt, fils d'un juge retraité qui se présente comme acteur, musicien et journaliste, est arrêté le 19 janvier, veille de l'investiture de Joe Biden, à son domicile du quartier new-yorkais du Queens.

Mais les agents ne trouvent chez lui ni armes, ni preuve de participation ou de communication avec un groupe extrémiste. Et les procureurs reconnaissent que M. Hunt n'était ni au Capitole ni même à Washington.

Alors, les menaces de cet homme qui citait « Mein Kampf » dans un texto et disait que Donald Trump devait prendre le pouvoir « comme Hitler » étaient-elles sérieuses, avait-il vraiment l'intention d'attaquer les élus?

Les avocates commis d'office affirmaient que non, qu'il s'agissait de simples « diatribes », d'opinions qu'il avait parfaitement « le droit de dire », « aussi choquantes soient-elles », en vertu du premier amendement de la Constitution américaine. Ses propos étaient d'autant moins sérieux, selon elles, que l'accusé avait des problèmes d'alcool, comptait tout juste 99 abonnés à sa chaîne vidéo.

Une des avocates, Leticia Olivera, avait argué dans sa plaidoirie mardi que « personne ne prenait » ses messages au sérieux, et qu'il avait lui-même retiré sa vidéo sur BitChute dès le lendemain, après plusieurs critiques d'internautes dont la dernière le traitait de « clown ».

Mais retrait ou pas, « le premier amendement ne protège pas » de telles menaces, avait rétorqué mercredi le procureur David Kessler dans son réquisitoire.

« Le gouvernement n'a pas besoin de prouver que l'accusé a essayé de tuer » un élu, le seul fait de « proférer la menace est un délit », avait-il souligné. Même si elle est lancée sur les réseaux sociaux, et non adressée directement aux personnes visées, a-t-il ajouté.

Pour bien faire sentir aux jurés que la menace était « réelle », les procureurs avaient rejoué pendant le procès une vidéo de l'attaque du Capitole, et cité comme témoin un policier du Capitole, qui a témoigné de la journée « surréaliste » du 6 janvier.

Le verdict sera-t-il contesté, dans un pays où le premier amendement est sacro-saint? « Je suis sûr qu'en appel, la question de la liberté d'expression sera soulevée », a indiqué à l'AFP Dimitriy Shakhnevich, professeur de droit pénal à l'université de la ville de New York.

Plus de 400 personnes ont été arrêtées par le FBI aux Etats-Unis pour avoir participé à l'attaque du Capitole. Ce procès fédéral était le premier à évoquer ces événements.


L’humoriste Stephen Colbert défend les manifestants propalestiniens sur les campus après les critiques de Trump

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza. (Photo AFP)
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  • L’humoriste estime que les manifestations devraient être autorisées à se poursuivre tant qu’elles sont pacifiques
  • Donald Trump prétend que le rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville n’est «rien» par rapport aux manifestations propalestiniennes dans les universités

LONDRES: L’humoriste américain Stephen Colbert a défendu les manifestants propalestiniens sur les campus, s’opposant ainsi aux récentes critiques de l’ex-président Donald Trump.

La semaine dernière, ce dernier avait comparé les regroupements d’étudiants au rassemblement nationaliste blanc de 2017 à Charlottesville, en Virginie, affirmant que ce dernier n’était «rien» en comparaison.

Lors du Late Show, M. Colbert a exprimé sa solidarité avec les manifestants exhortant leurs institutions à couper les liens avec les entreprises qui tirent profit du conflit à Gaza.

L’animateur a déclaré que les manifestations pacifiques «devraient être autorisées», reprochant à M. Trump de «banaliser l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire américaine».

«Même si vous n’êtes pas d’accord avec le sujet de leurs manifestations, tant que ces dernières sont pacifiques, les étudiants devraient être autorisés à manifester. C’est le droit que leur confère le premier amendement.» 

L’ancienne star de l’émission The Colbert Report a critiqué la réaction des responsables universitaires et des forces de l’ordre aux récents événements survenus à l’université Columbia, dénonçant le recours à des policiers lourdement armés et les menaces de faire appel à la garde nationale comme une «tactique classique de désescalade».

M. Trump a, quant à lui, salué la manière dont les forces de l’ordre ont géré la situation, félicitant la police de la ville de New York.

Les propos de M. Colbert ont coïncidé avec le déploiement de la police antiémeute au Hamilton Hall de l’université Columbia, ce qui a entraîné l’arrestation de nombreux étudiants propalestiniens qui occupaient le bâtiment.

Les descentes de police ont été condamnées par des groupes de pression tels que Jewish Voice for Peace et la rapporteuse spéciale de l’ONU, Francesca Albanese. Le maire de New York a indiqué que 282 étudiants avaient été arrêtés.

Des affrontements entre des groupes propalestiniens, des contre-manifestants et les forces de l’ordre ont ensuite éclaté dans d’autres campus des États-Unis.

Par ailleurs, l’université Brown, dans le Rhode Island, a conclu un accord avec les manifestants mardi. Il semble que ce soit la première fois qu’une université américaine accepte de voter sur le désinvestissement en réponse aux manifestations.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
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  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.