L'opposant russe Alexeï Navalny annonce la fin de sa grève de la faim

Alexeï Navalny, principal opposant Russe. (Archive du 26/12/2019 | AFP)
Alexeï Navalny, principal opposant Russe. (Archive du 26/12/2019 | AFP)
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Publié le Vendredi 23 avril 2021

L'opposant russe Alexeï Navalny annonce la fin de sa grève de la faim

  • «Je commence à mettre fin à ma grève de la faim», a écrit l'opposant de 44 ans, dans un message publié sur son compte Instagram
  • M. Navalny avait cessé de s'alimenter il y a 24 jours, le 31 mars, accusant l'administration pénitentiaire de le priver d'accès à un médecin alors qu'il souffre d'une double hernie discale, selon ses avocats

MOSCOU: L'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny a annoncé vendredi cesser sa grève de la faim qu'il observait depuis trois semaines pour dénoncer ses conditions de détention, suscitant des inquiétudes pour sa santé et des tensions russo-occidentales.

La veille, des médecins proches du détracteur du Kremlin, dont son médecin personnel, l'avaient exhorté à arrêter "immédiatement" sa grève de la faim, disant craindre sa mort ou des "dommages considérables" pour sa santé.

"Je commence à mettre fin à ma grève de la faim", a écrit l'opposant de 44 ans, dans un message publié sur son compte Instagram.

M. Navalny avait cessé de s'alimenter il y a 24 jours, le 31 mars, accusant l'administration pénitentiaire de le priver d'accès à un médecin alors qu'il souffre d'une double hernie discale, selon ses avocats.

Le militant anti-corruption et adversaire le plus célèbre du Kremlin se plaignait aussi, avant sa grève de la faim, d'une perte de sensibilité aux jambes et aux mains qui, selon lui, pourrait être une conséquence de l'empoisonnement dont il a été victime l'été dernier et dont il accuse le Kremlin.

Selon lui, ses geôliers le torturaient aussi par privation de sommeil, en le réveillant toutes les heures pendant la nuit.

"Soutien énorme" 

L'un de ses proches collaborateurs, Leonid Volkov, s'exprimant jeudi soir sur les réseaux sociaux, avait annoncé que M. Navalny avait enfin été ausculté cette semaine dans un hôpital civil et que son dossier médical a été transmis à ses docteurs.

"Les médecins en qui je crois pleinement ont annoncé hier que nous avions atteint suffisamment de choses pour que je mette fin à ma grève de la faim", a dès lors écrit vendredi M. Navalny. 

"Grâce au soutien énorme de bonnes personnes dans tout le pays et à l'étranger, nous avons fait de grands progrès. Il y a deux mois on riait au nez de mes demandes d'assistance médicale", a ajouté l'opposant.

Il réclame cependant toujours qu'un médecin établisse les raisons de sa perte de sensibilité dans les membres : "Je veux comprendre de quoi il s'agit et comment cela se soigne".

Jeudi, cinq médecins, dont son médecin personnel Anastassia Vassilieva, ont demandé, après avoir eu accès à son dossier, à ce qu'il s'alimente du fait de "symptômes d'insuffisance rénale, de symptômes neurologiques sévères et d'hyponatrémie sévère" pouvant conduire selon eux à des conséquences graves.

En fin de semaine dernière, ils avaient déjà estimé que sa mort pouvait intervenir à tout moment.

Pressions intérieures et extérieures 

Selon le camp de M. Navalny, il a pu voir enfin des médecins hors du système carcéral grâce la pression exercée sur le pouvoir par les manifestations de ses partisans qui ont réuni mercredi soir des milliers de personnes. Le jour même Vladimir Poutine prononçait son discours annuel à la Nation.  

Ces rassemblements, moins importants qu'en janvier au moment de son arrestation, ont aussi été moins brutalement réprimés, même s'ils se sont soldés par plus de 1 900 interpellations.

L'affaire Navalny a nourri ces derniers mois un regain de tensions russo-occidentales, Washington et l'UE dénonçant à la fois son empoisonnement, le refus de Moscou d'enquêter sur celui-ci, son emprisonnement, puis son traitement en prison.

Les Occidentaux ont aussi menacé la Russie de conséquences si l'opposant venait à mourir en prison. 

Moscou a rejeté l'ensemble de ces critiques.  

Le pouvoir de Vladimir Poutine "réagit encore aux pressions intérieures et extérieures", s'est félicité jeudi M. Volkov.

Alexeï Navalny a été arrêté sitôt rentré d'Allemagne en janvier, après cinq mois de convalescence pour se remettre de son empoisonnement à l'agent innervant Novitchok.

Fin février, il a été condamné à une peine de deux ans et demi de prison pour une affaire de fraude remontant à 2014, qu'il dénonce comme politique.

L'opposant a été transféré ensuite dans un camp pénitentiaire de la région de Vladimir, à une centaine de kilomètres de Moscou. 

Il a été hospitalisé dans un hôpital pour prisonniers tuberculeux de la même région en fin de semaine dernière, puis transféré dans un hôpital civil de la ville de Vladimir, selon ses avocats.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.