Appelé à renoncer par plusieurs de ses employés, qui ont lancé une pétition, l'éditeur américain Simon & Schuster a annoncé son intention de publier, comme prévu, l'autobiographie de l'ancien vice-président Mike Pence.
Près de 3 000 personnes ont signé la pétition, qui estime que la maison se rend « complice de préserver la suprématie blanche » en publiant l'ouvrage, et « va générer des revenus au profit d'une figure de la présidence qui a favorisé, sans équivoque », et entre autres, « le racisme, le sexisme » et « l'homophobie ».
Le livre de Mike Pence évoque son parcours et « les moments clés » de son mandat de vice-président et de la présidence Trump, selon une note publiée début avril.
« Nous nous mettons à l'ouvrage chaque jour pour publier, par pour supprimer » (« cancel »), a écrit le PDG de Simon & Schuster, Jonathan Karp, dans une lettre interne transmise mercredi à l'AFP.
Il reprend ainsi le terme « cancel », allusion à la « cancel culture », qui correspond à des initiatives d'activistes qui s'en prennent publiquement à une personnalité accusée d'un commentaire, d'une décision ou d'un acte déplacé ou critiquable. Le mouvement pousse alors l'accusé à s'excuser, revenir sur sa décision voire quitter ses fonctions ou la vie publique.
Supprimer, ou renoncer à publier, « c'est la décision la plus extrême qu'un éditeur puisse prendre », laquelle est « contraire à l'essence de notre mission, à savoir proposer de la diversité dans les écrits et les perspectives », a ajouté Jonathan Karp.
« Pour cette raison, nous allons honorer notre accord de publication avec le vice-président Mike Pence », a annoncé le dirigeant. Le contrat porte sur la publication de deux livres, dont le premier est attendu en 2023.
La semaine dernière, Simon & Schuster avait décidé de ne pas publier le livre de Jonathan Mattingly, l'un des policiers impliqués dans l'homicide de Breonna Taylor, une femme noire tuée, en mars 2020, dans son lit par les tirs de la police qui visaient son compagnon, à Louisville (Kentucky).
En mars 2020, l'éditeur Hachette et sa filiale Grand Central Publishing avaient renoncé à publier l'autobiographie du réalisateur américain Woody Allen après un mouvement de protestation au sein de ses équipes. Des salariés estimaient que l'éditeur n'avait pas pris suffisamment de précautions vis-à-vis de ce récit, en particulier concernant les accusations d'agression sexuelle qui visent Woody Allen.