Tchad: le fils Déby prend les pleins pouvoirs

Le général de corps d'armée de 37 ans, Mahamat Idriss Déby Itno, fils du président tchadien Idriss Deby Itno (Photo, AFP/ Archives)
Le général de corps d'armée de 37 ans, Mahamat Idriss Déby Itno, fils du président tchadien Idriss Deby Itno (Photo, AFP/ Archives)
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Publié le Mercredi 21 avril 2021

Tchad: le fils Déby prend les pleins pouvoirs

  • Mahamat Idriss Déby est le nouvel homme fort du Tchad: il prend la tête d'une junte militaire et concentre tous les pouvoirs
  • Les obsèques nationales d'Idriss Déby Itno auront lieu vendredi à N'Djamena, en présence du président français Emmanuel Macron

N’DJAMENA: Au lendemain de l'annonce de la mort du président tchadien, Idriss Déby Itno, qui a dirigé le pays d'une main de fer, son fils Mahamat Idriss Déby est le nouvel homme fort du Tchad: il prend la tête d'une junte militaire et concentre tous les pouvoirs. 

Après trentre ans au pouvoir, Idriss Déby est mort lundi, selon la présidence tchadienne, à l'âge de 68 ans, des suites de blessures subies au front contre des rebelles. 

Son fils, jeune général de corps d'armée de 37 ans, a dissous l'Assemblée nationale et le gouvernement. « Il occupe les fonctions de président de la République, de chef de l’État et de chef suprême des Armées », selon la charte de transition publiée mercredi. 

« Il nomme et révoque les membres du gouvernement de transition » et désigne « les membres du Conseil national de transition », en charge de la fonction législative. 

Un Conseil militaire de transition (CMT) a été mis en place, composé de 15 généraux connus pour être dans le cercle des plus fidèles du défunt chef de l’État. Ce CMT a juré que de nouvelles institutions verraient le jour après des élections « libres et démocratiques » dans un an et demi.  

Dans la capitale N'Djamena, la vie reprenait mercredi timidement. Les banques, les marchés, et la plupart des commerces étaient ouverts. Devant les ministères où les drapeaux sont en berne, des fonctionnaires échangeaient sur les lendemains incertains.  

Les rebelles, qui mènent depuis dix jours une offensive depuis la Libye contre le régime tchadien, ont promis de marcher sur N'Djamena et rejeté « catégoriquement » ce conseil militaire. 

 « Nous comptons poursuivre l'offensive », a assuré mardi Kingabé Ogouzeimi de Tapol, porte-parole du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT). 

Avec la mort d'Idriss Déby Itno, les Occidentaux, Paris en tête, perdent leur plus solide allié contre les jihadistes dans une région sahélienne tourmentée, où l'ancienne colonie française entourée d’États faillis faisait jusqu'ici figure d'îlot de relative stabilité. 

Depuis son arrivée au pouvoir par les armes en 1990, avec l'aide de Paris, Idriss Déby avait toujours pu compter sur son allié français qui a installé à N'Djamena le QG de sa force antijihadiste au Sahel, Barkhane. 

La position de la France sur la transition militaire est donc particulièrement scrutée. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a appelé mardi à une transition militaire d'une « durée limitée » qui conduise à un « gouvernement civil et inclusif ». 

Les obsèques nationales d'Idriss Déby Itno auront lieu vendredi à N'Djamena, en présence du président français Emmanuel Macron. Dix autres chefs d'Etat sont également attendus, dont plusieurs venant de pays sahéliens, comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso, selon une liste du protocole d'Etat tchadien. 

« La transition annoncée doit être limitée, se dérouler de manière pacifique, dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, et permettre l’organisation de nouvelles élections inclusives », a également averti dans un communiqué le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. 

« Les conséquences potentiellement explosives du décès du président Idriss Déby ne peuvent être sous-estimées, tant pour l'avenir du Tchad que pour celui de la région », a noté mercredi l'ONG Human Rights Watch. « Les partenaires régionaux et internationaux du Tchad devraient suivre de près la situation et user de leur influence pour prévenir les exactions contre les civils », poursuit l'ONG. 

D'autant que la période de transition peut être prorogée une fois, selon la nouvelle charte. 

« Coup d'Etat » 

Pour de nombreux opposants qui ont toujours été réprimés par le régime d'Idriss Déby, cette prise de pouvoir n'est rien d'autre qu'un « coup d’État ».  

Une trentaine de partis d'opposition tchadiens ont dénoncé mercredi « un coup d'Etat institutionnel », et ont appelé « à l'instauration d'une transition dirigée par les civils (...) à travers un dialogue inclusif ». L'opposition a aussi demandé à « ne pas obéir aux décisions illégales, illégitimes et irrégulières prises par le CMT, notamment la charte de la transition et le couvre-feu ». 

Mahamat Idriss Déby « est beaucoup trop jeune et n'est pas spécialement aimé par les autres officiers », a déclaré Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris. 

La toute puissante Direction Générale des Services de Sécurité des Institutions de l’État (DGSSIE), jusqu'alors dirigée par Mahamat Idriss Déby, « risque de se diviser. Ils vont régler leurs problèmes, comme ils l'ont fait dans le passé, par des tentatives d'éliminations physiques, avec donc l'implication de violences armées dans la capitale », poursuit-il. 

Les menaces pèsent donc de toutes parts sur le nouvel homme fort du régime. Un Zaghawa, comme son père. Un militaire de carrière, comme son père. Jeune, certes. Mais Idriss Déby était lui-même arrivé au pouvoir à 38 ans, à la tête d'une rébellion.  

Parmi ses premières mesures: un couvre-feu de 18H00 à 05H00 locales a été instauré mardi et les frontières terrestres et aériennes ont été fermées. Depuis mercredi, les frontières sont de nouveau ouvertes, et le couvre-feu a été raccourci de 20H00 à 05H00.  

Mort au combat 

L'armée assure qu'il est mort au combat, alors qu'il dirigeait les opérations dans le Nord, à plus de 300 km de N'Djamena, contre la coalition de rebelles du FACT. 

Dans le massif du Tibesti, frontalier avec la Libye, mais aussi dans le Nord-Est qui borde le Soudan, des rebelles tchadiens affrontent régulièrement l'armée, depuis leurs bases arrières dans ces pays. 

En février 2019, venus de Libye pour tenter de renverser le régime, ils avaient été stoppés par des bombardements d'avions de combats français sur demande de N'Djamena. 


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.