WASHINGTON : Les Etats-Unis vont mener le combat contre le changement climatique, faute de quoi « il ne restera plus grand-chose de notre planète », a déclaré lundi le secrétaire d'Etat américain, promettant de faire pression pour que tous les pays réduisent leur dépendance au charbon.
En amont du sommet virtuel sur le climat de jeudi et vendredi organisé par le président américain Joe Biden, Antony Blinken a voulu signifier, lors d'un discours devant la baie de Chesapeake, dans l'Etat américain du Maryland, le retour de Washington à l'avant-garde de ce combat après le désengagement de l'administration de Donald Trump.
« Si l'Amérique ne mène pas le monde dans la gestion de la crise climatique, il ne restera plus grand-chose de notre planète », a-t-il martelé.
« Si nous y parvenons, nous allons capitaliser sur la plus grande occasion depuis des générations de créer des emplois de qualité; nous bâtirons une société plus équitable, plus saine et plus durable; et nous protégerons cette magnifique planète », a-t-il ajouté.
Le temps presse !, avertit l'ONU
2021 doit être l'année de l'action contre le changement climatique « dont les répercussions sont déjà trop coûteuses pour les populations de la planète », a exhorté l'ONU lundi, avant un sommet sur le climat organisé par Joe Biden.
« Nous sommes au bord du précipice », a mis en garde le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors de la présentation, en compagnie de Petteri Taalas, le patron de l'Organisation météorologique mondiale, de son rapport annuel.
Les pays « doivent agir maintenant pour protéger les populations contre les effets désastreux du changement climatique », a-t-il ajouté.
Le rapport rappelle que l'année dernière a été l'une des trois plus chaudes jamais enregistrées et que les concentrations de gaz à effet de serre ont augmenté malgré le ralentissement économique lié à la pandémie.
Pour l'ONU, 2021 est donc une année « cruciale » pour tenter de freiner les effets « désastreux » du changement climatique. L'organisation compte sur une série de sommets clés, qui commencent cette semaine, pour offrir aux dirigeants de la planète l'occasion d'agir.
Alors que les Etats-Unis ont signé la semaine dernière une déclaration commune avec leur principal adversaire stratégique, la Chine, promettant de « coopérer » pour « affronter la crise climatique », Antony Blinken place aussi le curseur en termes de compétition.
« Pour l'instant, nous sommes en retard. La Chine est le plus grand producteur et exportateur de panneaux solaires, de turbines éoliennes, de batteries, de véhicules électriques. Elle détient près du tiers des brevets mondiaux sur l'énergie renouvelable », a-t-il relevé. « Si nous ne rattrapons pas notre retard, l'Amérique va rater l'occasion de modeler l'avenir climatique du monde de manière conforme à nos intérêts et valeurs, et nous perdrons un nombre incalculable d'emplois pour les Américains. »
Dans ce combat, Antony Blinken a mis particulièrement en avant la pression nécessaire sur les pays encore dépendants du charbon.
« Nos diplomates vont mettre en cause les pratiques des pays dont l'action -- ou l'inaction -- nous freinent », a-t-il expliqué.
« Quand des pays continuent de dépendre du charbon pour une part significative de leur énergie ou d'investir dans de nouvelles centrales à charbon, ou de permettre une déforestation massive, ils entendront de la part des Etats-Unis et de nos partenaires à quel point ces actions sont nocives », a-t-il insisté.
La Chine, principal émetteur mondial de gaz à effet de serre, possède environ la moitié de la production mondiale d'électricité au charbon, l'un des principaux freins à la lutte contre le réchauffement. Mais le sujet est aussi sensible aux Etats-Unis: l'ex-président Trump, qui avait retiré son pays de l'accord de Paris sur le climat, s'était érigé en défenseur des producteurs de charbon -- même si la demande américaine de charbon ne cesse de diminuer.
Joe Biden a rejoint l'accord de Paris dès le premier jour de son mandat. Et il organise ce sommet virtuel pour préparer la conférence des Nations unies sur le climat, la COP26, qui aura lieu en novembre à Glasgow, en Ecosse.
Malgré les vives tensions avec Moscou et Pékin, il a invité le président russe Vladimir Poutine, qui interviendra par visioconférence, et le chinois Xi Jinping - qui réserve sa réponse.
Aux républicains qui soupçonnent le président démocrate de vouloir transiger avec Pékin au nom de la crise environnementale, Antony Blinken a assuré lundi que le climat n'était pas « une monnaie d'échange ».
« Nous allons mettre la crise climatique au cœur de notre politique étrangère et de sécurité nationale », a-t-il assuré, car « le changement climatique risque d'aggraver énormément chacun des défis sécuritaires auxquels les Etats-Unis sont confrontés ».
« Mais cela ne signifie pas que les autres pays peuvent marchander leurs progrès climatiques pour s'acheter notre bienveillance face à leur mauvais comportement sur d'autres sujets importants pour notre sécurité nationale », a-t-il promis.