ADDIS ABEBA: L'armée éthiopienne a annoncé dimanche avoir déployé des troupes dans une région du Nord pour endiguer des violences entre les deux ethnies les plus nombreuses du pays, qui ont fait des centaines de morts ces dernières semaines.
«Un poste de commandement a été installé en lien avec les problèmes de sécurité survenus dans la zone administrative du Nord Shoa et la zone administrative spéciale oromo, dans l'Etat régional de l'Amhara», a indiqué l'armée fédérale dans un communiqué.
«Ce poste de commandement contribuera à assurer la primauté de la loi sur les forces destructrices qui perturbent la paix dans ces régions», a-t-elle ajouté.
A quelques semaines des élections législatives et régionales prévues le 5 juin, cette décision met à nouveau en évidence les violences communautaires en Ethiopie, au-délà du récent conflit armé dans la région septentrionale du Tigré.
L'Amhara, une des dix régions administratives d'Ethiopie, découpées le long de lignes ethniques, est peuplée essentiellement d'Amharas, la deuxième communauté la plus importante du pays. Mais la zone spéciale oromo est elle peuplée d'Oromos, le groupe ethnique le plus nombreux d'Ethiopie.
Le médiateur en chef de l'Ethiopie, Endale Haile, a indiqué début avril que plus de 300 personnes avaient péri et plus de 300 avaient été blessées lors de plusieurs jours de violence en mars en Amhara.
Jemel Hassen Mohamed, un responsable administratif d'un secteur de la zone spéciale oromo avait indiqué que les violences avaient commencé quand un imam oromo avait été abattu devant une mosquée, déclenchant des affrontements entre habitants oromo et forces de sécurité amharas.
De nouvelles violences ont été signalées dans la zone au cours du week-end, mais aucun bilan n'était disponible dimanche.
Les régions administratives en Ethiopie sont dotées de larges pouvoirs et disposent de leurs propres forces de sécurité. Un poste de commandement est une structure de l'armée fédérale déployée dans certaines régions en proie à l'instabilité pour prendre en charge la sécurité.
Au moins deux autres postes de commandement sont opérationnels: un au Tigré, où le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé en novembre l'armée fédérale déloger et désarmer les autorités régionales qui défiaient son autorité, et un dans l'Etat régional du Benishangul-Gumuz, frontalier du Soudan et théâtre de plusieurs massacres à caractère ethnique ces derniers mois.
M. Abiy - un oromo - est arrivé au pouvoir en 2018, dans le sillage d'une longue contestation des jeunesses amhara et oromo contre presque 30 ans de pouvoir de fer de l'élite tigréenne.
Sa politique d'ouverture a réveillé d'anciens différends communautaires et des ambitions territoriales locales, débouchant sur des violences meurtrières.
Certains analystes craignent une aggravation des violences à l'approche des élections du 5 juin.
Birtukan Medeksa, chef du Comité national des élections, a fait savoir mercredi que l'enregistrement des électeurs avait été suspendu dans plusieurs endroits, dont la zone du Nord Shoa et la zone spéciale oromo, en raison de l'insécurité.