Chine: un projet de super-barrage fait des vagues en Inde

Une habitante (devant) tient une khata pour célébrer l'achèvement d'une route moderne à Medog, un comté éloigné de la région du Tibet, dans l'ouest de la Chine, le 31 octobre 2013. (STR / AFP)
Une habitante (devant) tient une khata pour célébrer l'achèvement d'une route moderne à Medog, un comté éloigné de la région du Tibet, dans l'ouest de la Chine, le 31 octobre 2013. (STR / AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 11 avril 2021

Chine: un projet de super-barrage fait des vagues en Inde

  • C'est en travers de ce coude, dans le comté de Medog, que la Chine prévoit d'édifier un colossal ouvrage d'art qui ridiculiserait son propre record du monde, le Barrage des Trois gorges du Yangtsé
  • En octobre dernier, la région du Tibet a signé un "accord de coopération stratégique" avec Powerchina, une entreprise publique de BTP spécialisée dans les projets hydroélectriques

PÉKIN : Un barrage géant qui produirait trois fois plus d'électricité que celui des Trois gorges, l'actuel record du monde... La Chine envisage d'édifier au Tibet une mégastructure en travers du Brahmapoutre, qui inquiète les écologistes ainsi que le voisin indien.

La scène se passe à plus de 1.500 mètres d'altitude, dans le canyon qui est à la fois le plus long et le plus profond du monde. Contournant un imposant massif himalayen, le fleuve dessine un "coude" avant de s'orienter sud-ouest en direction de l'Inde puis du Bangladesh, où il se jette dans le Gange et enfin dans la mer.

C'est en travers de ce coude, dans le comté de Medog, que la Chine prévoit d'édifier un colossal ouvrage d'art qui ridiculiserait son propre record du monde, le Barrage des Trois gorges du Yangtsé, d'une capacité de "seulement" 22,5 millions de kilowatts.

Le plan quinquennal (2021-25) adopté début mars par le Parlement chinois prévoit de "construire une base hydroélectrique dans le cours inférieur du Yarlung Tsangpo", nom tibétain du Brahmapoutre.

Pas de budget, ni de calendrier, encore moins de détails techniques. 

Très en amont, le fleuve est déjà barré par deux installations alors que six autres sont en projet ou en construction.

Mais le "Super-barrage" aurait une tout autre dimension.

En octobre dernier, la région du Tibet a signé un "accord de coopération stratégique" avec Powerchina, une entreprise publique de BTP spécialisée dans les projets hydroélectriques. 

Fin novembre, le patron de Powerchina, Yan Zhiyong, dévoilait une partie du projet à la Ligue des jeunesses communistes.

S'enthousiasmant pour "la région la plus riche du monde en ressources hydroélectriques", il expliquait que "le coude" du Brahmapoutre disposait de capacités théoriques de près de 70 millions de kilowatts -- plus de trois fois les Trois gorges.

"Très mauvaise idée" 

Si pour Pékin, le projet se justifierait au nom de la lutte contre les énergies fossiles, il risque de susciter une forte opposition des mouvements écologistes, à l'instar du Barrage des Trois gorges, construit entre 1994 et 2012 dans le centre du pays.

L'ouvrage a engendré la création d'un immense lac de retenue et le déplacement de 1,4 million de personnes en amont.

"Construire une infrastructure de la taille du Super-barrage est probablement une très mauvaise idée pour un tas de raisons", s'insurge Brian Eyler, directeur du programme Eau, énergie et durabilité au centre de réflexion américain Stimson Center.

Outre que la zone est connue pour son activité sismique, elle abrite également une biodiversité unique. Le barrage stopperait la migration des poissons ainsi que l'écoulement des sédiments qui enrichissent les terres lors des crues saisonnières en aval, relève-t-il.

Dans une région sous tension, le risque écologique se double d'une dimension politique, comme le souligne Zamlha Tempa Gyaltsen, spécialiste des questions d'environnement au Tibet Policy Institute, un centre de réflexion rattaché au gouvernement tibétain en exil en Inde autour du dalaï lama. 

"Nous disposons d'un riche patrimoine culturel tibétain dans ce secteur et la construction d'un barrage quel qu'il soit provoquerait des destructions écologiques et l'immersion d'un partie de la région", déclare-t-il à l'AFP. 

"Beaucoup d'habitants devraient quitter leurs terres ancestrales", pointe-t-il, disant redouter l'immigration de travailleurs chinois qui deviendrait permanente.

"Guerre de l'eau"

Mais moins d'un an après un affrontement meurtrier dans l'Himalaya entre soldats indiens et chinois, c'est à New Delhi que le projet inquiète le plus. 

De par sa présence au Tibet, le régime communiste est assis sur un véritable château d'eau arrosant une grande partie de l'Asie.

"La guerre de l'eau est une composante cruciale de cette agression (chinoise) car elle permet à la Chine d'utiliser sa puissance tibétaine en amont sur une ressource essentielle", tempêtait le mois dernier le politologue Brahma Chellaney, dans le quotidien Times of India.

Quant au risque sismique, il ferait de ce projet "une bombe à eau à retardement" pour les riverains en aval, avertissait-il. 

Réagissant au projet chinois, le gouvernement indien a émis l'idée de construire à son tour un barrage sur le Brahmapoutre, afin de constituer sa propre réserve d'eau.

"Il reste beaucoup de temps pour négocier avec la Chine", se rassure Brian Eyler. "Un mauvais résultat, ce serait de voir l'Inde construire un barrage en aval".


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Short Url
  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Short Url
  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Short Url
  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.