PARIS : La France a entamé samedi deux semaines de vacances scolaires confinées, sans déplacements entre régions mais avec couvre-feu à 19H00 pour tout le monde, dans l'espoir de freiner l'épidémie de Covid-19 pendant que la vaccination, toujours chaotique, accélère.
Pas de départs à la mer ou à la campagne, ou alors seulement au prétexte de déposer un enfant chez des proches : pour la seconde année consécutive, les vacances de printemps ont un goût de confinement, même si celui de 2021 permet de s'aérer plus d'une heure et laisse ouverts les parcs, jardins et plages.
Au péage de Virsac, porte d'entrée vers Bordeaux et la côte girondine, les gendarmes ont multiplié les contrôles vendredi soir, mais "globalement les gens qui sont dehors ont des motifs valables", constatait le capitaine Lionel Billette, commandant en second de l'escadron de sécurité routière de la Gironde, à la veille d'un week-end classé vert par Bison Futé.
Moins disciplinées, plus de 110 personnes rassemblées dans un restaurant clandestin ont été verbalisées dans le XIXe arrondissement de Paris dans la nuit de vendredi à samedi, et le gérant et l'organisateur ont été placés en garde à vue, ont indiqué samedi la préfecture de police et le parquet. Dans un tweet, la préfecture de police a aussi confirmé une opération dans un restaurant clandestin à Saint-Ouen, qui a mené à 62 verbalisations et à l'interpellation du gérant, comme l'a révélé BFMTV.
Le 10 avril 2020, après plus de trois semaines de confinement strict, la France sortait tout juste du pic de 7 000 malades accueillis en réanimation.
Un an plus tard, de nombreux secteurs (restauration, culture) sont fermés depuis cinq mois et la situation est redevenue très tendue à l'hôpital, conséquence d'une épidémie hors de contrôle en mars, poussée par le variant anglais plus contagieux du coronavirus.
Bientôt 100 000 morts
Vendredi soir, le ministère de la Santé a battu le rappel des troupes, en appelant "tous les professionnels de santé", étudiants, réserve sanitaire, retraités, médecins libéraux, à renforcer les hôpitaux, en s'inscrivant d'abord sur une plateforme du ministère, Renfort RH Crise.
Depuis plusieurs semaines, pour augmenter les capacités d'accueil, les réas grignotent les espaces d'autres services et les hôpitaux sont contraints de déprogrammer des activités moins urgentes pour accueillir les malades de la Covid-19.
Vendredi, plus de 5 750 patients atteints par le virus étaient soignés dans ces services, sur une capacité actuelle portée à 8.000 lits de réa toutes pathologies confondues. Le bilan des décès continue de grossir, avec 301 morts comptabilisés dans les hôpitaux vendredi, et un total (98 395) qui rapproche la France de la barre des 100 000 morts, déjà dépassée en Italie ou au Royaume-Uni. En 2021, environ 340 malades de la Covid-19 sont décédés chaque jour en moyenne.
Rare signe encourageant, avant même la fermeture des écoles, la circulation du virus a continué de progresser la semaine dernière, mais de manière moins rapide que les précédentes, "ce qui peut témoigner d’un ralentissement", a relevé Santé publique France.
Mais s'il devait se confirmer, le freinage de l'épidémie n'aura d'effets à l'hôpital qu'une à deux semaines plus tard.
500 000 doses vendredi
La seule porte de sortie reste donc la vaccination. La cadence accélère, avec plus de 500 000 injections vendredi, après plus de 400 000 jeudi. Mais même à ce rythme, une protection totale de la population adulte est encore loin: si le taux de couverture vaccinale avec deux doses approche les 75% chez les résidents des Ehpad, il atteint seulement 35% chez les 75-79 ans en ville, 9% chez les 70-74 ans, 4% chez les 65-69 ans.
Samedi matin, le Premier ministre Jean Castex, en déplacement dans un centre de vaccination à Lyon, a confirmé que la campagne vaccinale commencerait "à partir de la semaine prochaine" pour les enseignants de plus de 50 ans au contact d'enfants handicapés.
"Ces priorités, fixées par l’Etat, doivent être les mêmes partout sur le territoire national. Il ne peut donc y avoir de politique vaccinale à géométrie variable selon les communes", a précisé Matignon.
A l'instar d'autres pays européens, la campagne de vaccinations reste chaotique en France, soumise notamment aux déconvenues en chaîne du produit d'AstraZeneca, entre baisse de livraisons et craintes sur les effets secondaires, même s'ils restent rarissimes.
Vendredi, la Haute autorité de santé (HAS) a recommandé une 2e dose de vaccin différent (Pfizer/BioNTech ou Moderna) pour les moins de 55 ans qui avaient reçu une première dose d'AstraZeneca avant qu'il ne soit suspendu en mars pour ces catégories d'âge à cause de cas de thromboses atypiques.
La HAS a aussi recommandé de ne pas utiliser le vaccin AstraZeneca en Moselle, Guyane, Mayotte et à La Réunion, car il est trop peu efficace contre le variant sud-africain du coronavirus, plus présent sur ces territoires.