Mort de George Floyd: policiers et experts accablent Derek Chauvin

Brandon Williams, neveu de George Floyd, et Rodney Floyd, frère de George Floyd, s'enregistrent à l'entrée de sécurité du Hennepin County Government Center le 9 avril 2021 à Minneapolis, Minnesota. Le procès de l'ancien policier de Minneapolis Derek Chauvin, qui est accusé de plusieurs chefs d'accusation de meurtre dans la mort de George Floyd, se poursuit.  (Brandon Bell/Getty Images/AFP)
Brandon Williams, neveu de George Floyd, et Rodney Floyd, frère de George Floyd, s'enregistrent à l'entrée de sécurité du Hennepin County Government Center le 9 avril 2021 à Minneapolis, Minnesota. Le procès de l'ancien policier de Minneapolis Derek Chauvin, qui est accusé de plusieurs chefs d'accusation de meurtre dans la mort de George Floyd, se poursuit. (Brandon Bell/Getty Images/AFP)
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Publié le Samedi 10 avril 2021

Mort de George Floyd: policiers et experts accablent Derek Chauvin

  • Le chef des forces de l'ordre de Minneapolis a estimé lundi que son ancien subordonné avait "violé les règles" et "les valeurs" de la police lors de l'interpellation
  • L'expert a admis que George Floyd avait d'abord "activement résisté" aux policiers, mais déclaré qu'il avait "lentement cessé de résister" et que "les anciens policiers auraient dû cesser d'utiliser la force"

MINNEAPOLIS : Des policiers et des experts médicaux ont accablé Derek Chauvin pendant la deuxième semaine du procès de ce policier blanc accusé d'avoir tué George Floyd en lui maintenant le genou sur le cou pendant près de dix minutes, l'année dernière à Minneapolis.

L'ancien agent a écouté sans broncher les témoins expliquer que cette procédure était "disproportionnée" par rapport à l'attitude soumise du quadragénaire afro-américain, en violation du code de la police de la ville.

Medaria Arradondo, chef de la police

Le chef des forces de l'ordre de Minneapolis a estimé lundi que son ancien subordonné avait "violé les règles" et "les valeurs" de la police lors de l'interpellation.

S'agenouiller sur le cou du quadragénaire noir "pouvait être raisonnable dans les premières secondes pour le contrôler, mais plus une fois qu'il n'exerçait plus de résistance, et surtout pas après qu'il se fut évanoui", a affirmé cet homme noir de 54 ans, venu témoigner en uniforme.

Il a nié "avec véhémence" qu'il y ait eu "un usage approprié de la force dans cette situation".

Soucieux de différencier Chauvin des 700 policiers sous ses ordres, il a souligné "l'énergie, le temps et les ressources" consacrés à leur formation.

Jody Stiger, policier et expert

Expert de l'usage de la force au sein de la police de Los Angeles, il a estimé mercredi que Derek Chauvin avait employé une "force létale" disproportionnée alors que George Floyd était allongé sur le ventre, menotté, et ne montrait pas de résistance.

"Un policier ne peut utiliser qu'un niveau de force proportionnel à la sévérité du crime ou au niveau de résistance d'un individu face aux policiers", a-t-il expliqué, alors que le quadragénaire était soupçonné d'avoir voulu écouler un faux billet de 20 dollars.

L'expert a admis que George Floyd avait d'abord "activement résisté" aux policiers, mais déclaré qu'il avait "lentement cessé de résister" et que "les anciens policiers auraient dû cesser d'utiliser la force."

Depuis 20 ans, a-t-il souligné, les policiers sont formés à installer un suspect sur le côté ou en position assise une fois menotté.

Martin Tobin, spécialiste de la respiration

Ce pneumologue réputé et spécialiste de la respiration a livré jeudi un témoignage clair et pédagogue sur les dernières minutes de vie de George Floyd. Celui-ci est décédé suite au "faible niveau d'oxygène" fourni à son coeur alors qu'il était allongé en position ventrale sur l'asphalte, les mains menottées, et subissait la pression de Derek Chauvin sur son dos, son cou et ses côtes.

"A chaque respiration, il doit se battre contre l'asphalte, il doit se battre avec le faible niveau d'air qu'il aspire en essayant de relever les genoux des policiers" qui eux appuient ses mains menottées sur sa cage thoracique, a-t-il expliqué jeudi aux jurés, s'aidant de photos et de croquis.

Ce "faible niveau d'oxygène" causé par des difficultés à respirer "a endommagé son cerveau et provoqué une arythmie qui a causé un arrêt du coeur", a estimé le Dr Tobin.

"C'est l'instant où la vie quitte son corps", a dit l'expert en commentant un extrait vidéo, passé au ralenti, du moment où George Floyd expire pour la dernière fois, quelques minutes avant l'arrivée des ambulanciers. 

Une personne en bonne santé "serait morte de ce que M. Floyd a subi", a-t-il affirmé.

Andrew Baker, le médecin légiste

Le coeur de George Floyd n'a pas supporté la violence de l'arrestation et la pression des policiers sur son cou, a confirmé le chef des services locaux de médecine légale qui a réalisé l'autopsie. 

La contrainte physique et la douleur "vont déclencher des hormones de stress, l'adrénaline va pousser le coeur à battre plus vite pour avoir plus d'oxygène", a-t-il expliqué.

Ses problèmes cardiaques (hypertension, artères coronaires partiellement bouchées) et sa consommation de drogue ont contribué à sa mort mais ne sont pas des causes "directes", a-t-il dit, contredisant l'avocat de Derek Chauvin.

Andrew Baker a reconnu que la méthamphétamine faisait accélérer le rythme cardiaque, mais une très faible dose de drogues avait été détectée. Il a aussi écarté la thèse d'un mauvais fonctionnement des poumons alors que George Floyd se remettait d'une infection au Covid-19.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.