ROME: Les écoutes téléphoniques de journalistes italiens ont été condamnées lors d'une enquête sur le trafic de migrants et des groupes de secours humanitaire.
Au moins quinze journalistes chargés de couvrir des histoires d’individus essayant de rejoindre l'Italie de la Libye ont vu leurs conversations interceptées.
Le quotidien Domani rapporte que des centaines de pages de transcriptions de conversations téléphoniques font partie des éléments de l'enquête menée par les procureurs de Trapani, en Sicile, sur les activités des groupes de secours humanitaires. Les transcriptions, rapporte-t-il vendredi dernier, contenaient les noms des sources et des contacts.
Primo Di Nicola, un sénateur du mouvement populiste Five Star, qui siège dans une commission parlementaire de surveillance de la chaîne publique italienne RAI, a condamné ces écoutes téléphoniques et il a en outre proposé un projet de loi pour protéger les journalistes.
Des médias italiens ont par ailleurs exprimé des protestations. «Ce serait très grave si [l’écoute électronique] était un moyen de révéler les sources du journaliste», explique Di Nicola à Arab News, ajoutant: «La protection des sources est à la base du travail des journalistes et elle est également défendue par les principes de la Constitution italienne.»
Les enquêtes remontent à 2017, lorsque le gouvernement sévissait contre les groupes humanitaires qui secouraient les migrants des bateaux en Méditerranée.
«Nous voulons savoir qui a autorisé les écoutes électronique», fait savoir le président de la Fédération nationale de la presse italienne à l'agence de presse italienne Ansa. «Si l’objectif était de découvrir les sources des journalistes, alors les droits professionnels des journalistes ont été violés.»
Le journaliste Nello Scavo, qui travaille pour le quotidien catholique Avvenire, fait partie des personnes placées sur écoute. Il a demandé à une source le moyen d’obtenir une vidéo montrant la violence contre les migrants en Libye. Il s’agit là d’une plaque tournante pour les trafiquants qui lancent des bateaux remplis de migrants vers les côtes européennes.
«La ministre de la Justice, Marta Cartabia, doit clarifier cette situation», indique à Arab News Sergio Scandura, correspondant en Sicile de Radio Radicale et qui fait partie des journalistes placés sur écoute. «Nous voulons savoir qui a commandé ces écoutes téléphoniques et pourquoi, même si tout le monde sait que les sources de la presse doivent toujours être préservées.»
Il n'y a eu aucun commentaire de la part des procureurs italiens, qui ne parlent généralement pas d'enquêtes en cours.
Cependant, des sources du ministère de la Justice ont fait savoir à Arab News que Cartabia allait envoyer des inspecteurs en Sicile dans les prochains jours afin de «clarifier la situation».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com