ADDIS ABEBA: L'armée éthiopienne se bat actuellement sur « huit fronts », notamment au Tigré où les rebelles ont adopté des tactiques de « guérilla », a déclaré samedi le Premier ministre éthiopien Ahmed Abiy.
« Actuellement, les forces de défense nationale et les forces fédérales mènent un combat majeur sur huit fronts dans le nord et l'ouest du pays contre des ennemis (...) qui sèment la discorde entre les Éthiopiens », a affirmé M. Abiy lors d'une cérémonie officielle.
Dans la région du Tigré (nord), « la junte que nous avons éliminée en trois semaines s'est maintenant transformée en force de guérilla, s'est mêlée aux agriculteurs et a commencé à se déplacer d'un endroit à l'autre », a-t-il déclaré, en référence au Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), parti au pouvoir dans cette région et qui a dominé la politique nationale en Éthiopie pendant près de trois décennies.
« Maintenant, nous ne sommes pas capables de l'éliminer en trois mois », a-t-il reconnu.
« Éliminer un ennemi qui est visible, et éliminer un ennemi qui se cache et opère en se dissimulant parmi la population n'est pas la même chose. C'est très difficile et compliqué », a expliqué le Premier ministre, lauréat du prix Nobel de la paix en 2019.
Début novembre 2020, Abiy Ahmed avait annoncé l'envoi de l'armée fédérale au Tigré pour arrêter et désarmer les dirigeants du TPLF, dont les forces sont accusées par Addis Abeba d'avoir mené des attaques contre des camps militaires des forces fédérales.
L'armée éthiopienne a reçu l'appui de forces venues d'Érythrée, pays frontalier du Tigré au nord, et de la région éthiopienne de l'Amhara, qui borde le Tigré au sud, et M. Abiy a proclamé la victoire le 28 novembre, après la prise de la capitale régionale Mekele.
Le mois dernier, le Premier ministre avait déjà déclaré que les combattants pro-TPLF étaient comme « de la farine dispersée par le vent ».
Samedi, M. Abiy a assuré que les forces fédérales avaient « mené de vastes opérations au cours des trois derniers jours », causant « de lourds dommages aux ennemis du peuple », promettant que ces efforts »seront renforcés et poursuivis ».
L'armée éthiopienne combat également un groupe rebelle dans la région Oromia du pays, que le gouvernement a rendu responsable de multiples massacres de civils.
Au Tigré, les troupes érythréennes sont accusées d'atrocités (massacres, viols, pillages...). Addis Abeba et Asmara ont longtemps nié que les Érythréens étaient actifs dans la région, malgré les témoignages de résidents, de groupes de défense des droits humains, de diplomates et même de certains responsables civils et militaires éthiopiens.
Les restrictions d'accès imposées aux organisations humanitaires et aux journalistes indépendants ont rendu difficile l'établissement d'un bilan clair des violences. Mais de nombreux rapports font état de massacres, d'exécutions extrajudiciaires et de violences sexuelles.
Samedi soir, le ministère des Affaires étrangères a annoncé que les troupes érythréennes avaient « commencé à évacuer » le Tigré pour être rapatriées.