Le ministre de la Santé : « Le Liban est au bord du gouffre face à la Covid-19 »

Karlen aux funérailles de son mari Charbel Karam, de son frère Najib Hitti, et de son cousin Charbel Hitti, à Qartaba, Liban-Nord. Les trois pompiers ont été tués dans l’explosion du 4 août. (Joseph Eid/ AFP)
Karlen aux funérailles de son mari Charbel Karam, de son frère Najib Hitti, et de son cousin Charbel Hitti, à Qartaba, Liban-Nord. Les trois pompiers ont été tués dans l’explosion du 4 août. (Joseph Eid/ AFP)
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Publié le Mardi 18 août 2020

Le ministre de la Santé : « Le Liban est au bord du gouffre face à la Covid-19 »

  • Il n'y a plus de lits disponibles dans les unités de soins intensifs des hôpitaux publics et privés de Beyrouth
  • « Il n’est plus question d’agir avec insouciance. Ce que nous demandons aux Libanais n’est pas au-delà de leurs capacités »

BEYROUTH : « Le Liban est au bord du gouffre face à la Covid-19. » Ces mots inquiétants sont ceux du ministre libanais de la Santé, Hamad Hassan, face à la recrudescence du nombre de cas de contamination au coronavirus. Le ministre appelle à un confinement total de deux semaines pour contrôler la propagation du virus.

Lundi, le pays a enregistré plus de 500 cas en moins de 24 heures. Selon Hamad Hassan, ce chiffre indique qu’il y aurait de « 2 500 à 5 000 cas non diagnostiqués ». 

Le bilan a atteint des records depuis le premier cas détecté le 21 février dernier, et on enregistre aujourd’hui plus de 9 000 personnes atteintes et plus de 104 décès.

« Le Liban se tient aujourd’hui au bord du gouffre » a déclaré Hassan, qui a exhorté les Libanais à « respecter les mesures préventives ».

En effet, le processus de suivi adopté par le ministère compte 1 684 cas de contamination d’origine inconnue, alors que peu de cas de ce type avaient été détectés il y deux semaines, ce qui rend encore plus compliquée la tâche de déterminer la source d’infection et de la contrôler.

Le comité scientifique et médical pour le suivi de la pandémie a recommandé deux semaines de confinement total afin de limiter la propagation du coronavirus.

Selon Hassan, de nombreux patients récemment diagnostiqués auraient été contaminés lors du transport des milliers de blessés après l’explosion au port de Beyrouth, le 4 août dernier. Les blessés et ceux qui les ont secourus ont montré des symptômes dix jours après la déflagration.

Pour rappel, plus de 2 700 tonnes de nitrate d’ammonium stockés dans un entrepôt du port ont explosé au début du mois. Cette catastrophe a provoqué d’énormes dégâts matériels, a tué plus de 170 personnes et en a blessé au moins 6 000.

Hassan a annoncé qu'il n’y a plus de lits disponibles dans les unités de soins intensifs des hôpitaux publics et privés de Beyrouth, certains ayant accueilli les victimes de l’explosion du port. Il a demandé à l’armée de permettre aux hôpitaux qui n'accueillent pas de personnes atteintes de la Covid-19 de recevoir ces patients en raison de l’état d’urgence décrété dans la capitale.

Il a en outre réitéré son appel à porter le masque, étant donnée l’interaction sociale active dans le pays ainsi que les répercussions de la « pénible déflagration » qui ont contribué à propager le virus.

Les services médicaux dans le pays sont inquiets face au grand nombre de cas positifs parmi le corps médical et les employés des hôpitaux. Selon les données du ministère de la Santé, il y aurait plus de 407 infections au sein du personnel médical. On manque de médecins et d’infirmiers dans plusieurs hôpitaux. Ceux qui n’ont pas été atteints essaient de compenser l’absence de leurs collègues confinés.

En outre, plusieurs municipalités ont pris la décision d’isoler des quartiers. C’est le cas à Beyrouth et dans certains villages et villes au sud du Liban, au Mont Liban ainsi qu’au nord du pays, pour limiter la propagation du coronavirus.

De son côté, le gouverneur du Liban-Nord, M. Ramzi Nohra, a décrété l’état d’urgence sanitaire dans les villes de Tripoli et de Mina. Les administrations et services publics ont dû remanier les horaires et les équipes de travail pour réduire le nombre d’employés dans les départements gouvernementaux après la recrudescence du nombre de contaminations.

Pour Hassan, il ne s’agit plus d’un prix à payer, mais d’une question de vie ou de mort. « Il n’est plus question d’agir avec insouciance, a-t-il ajouté. Ce que nous demandons aux Libanais n’est pas au-delà de leurs capacités. Les deux semaines de confinement permettront aux équipes médicales de retracer les cas infectés ainsi que les personnes avec lesquelles ils sont entrés en contact. Ils pourront ainsi traiter les patients et réduire par la suite le nombre de cas infectés pour permettre aux hôpitaux d’absorber le nombre de personnes atteintes. » 

À une question portant sur la fermeture de l’aéroport, Hassan a assuré : « Il est vrai que le nombre de cas positifs parmi les arrivants a diminué de 2 pour 1 000, pourtant nous avons décidé que même ceux qui présentent un test de dépistage négatif seront confinés à leur domicile pendant une semaine. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


Explosion au port de Beyrouth: première comparution d'un ex-ministre

Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
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  • Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020
  • En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques

BEYROUTH: Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques.

Une série d'actions en justice avaient en outre été intentées contre lui par des responsables politiques et fonctionnaires cités dans l'enquête, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad al-Machnouk, soupçonné de "négligence et manquements".

Le juge a repris en février ses investigations, après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination d'un Premier ministre réformateur, Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Selon la source judiciaire qui a requis l'anonymat, l'interrogatoire a porté sur un rapport que M. Machnouk avait reçu le 5 avril 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, concernant la "détention d’un navire dans les eaux territoriales libanaises, dont l’équipage avait demandé à être autorisé à reprendre la mer".

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale libanaise.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium acheminées par navire, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises, qui étaient au courant des dangers encourus, ont rejeté toute enquête internationale.

L'enquête avait notamment été suspendue après les accusations de partialité du juge proférées par le Hezbollah, désormais très affaibli par sa dernière guerre contre Israël fin 2024. Le parti qui dominait la vie politique libanaise avait demandé le renvoi de M. Bitar.

Deux juges de la direction des enquêtes de Paris sont attendus à Beyrouth à la fin du mois, pour présenter à M. Bitar les éléments recueillis par la justice française, trois ressortissants français figurant parmi les victimes, selon une source judiciaire.

Le 11 avril, deux anciens hauts responsables de la sécurité avaient également comparu pour la première fois devant M. Bitar.


Cellule terroriste: Amman partage les détails de l’enquête avec Beyrouth

Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
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  • Beyrouth ne sait pas si des citoyens libanais sont impliqués dans un groupe de fabrication de missiles
  • Les services de renseignement de l'armée arrêtent deux Palestiniens pour contrebande d'armes à la frontière libano-syrienne

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a été informé, mercredi, par le roi Abdallah de Jordanie des résultats de l'enquête sur une cellule de fabrication de missiles découverte en Jordanie. Deux membres de cette cellule avaient été envoyés au Liban pour y suivre une formation.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a exprimé la «pleine disposition du Liban à la coordination et à la coopération» entre les deux pays et a chargé le ministre de la Justice Adel Nassar de travailler avec son homologue jordanien, en coopération avec les agences de sécurité et judiciaires, sur les enquêtes et l'échange d'informations.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les services de renseignement de l'armée libanaise «suivaient de près l'affaire de la cellule terroriste et nous ne savons pas encore si des Libanais sont impliqués».

«Cette agence a demandé à la Jordanie de lui fournir des informations concernant les enquêtes, de s'appuyer sur les enquêtes libanaises et, dans le cas où une implication libanaise serait prouvée, l'affaire serait alors renvoyée à la justice libanaise», a déclaré cette personne.

Parallèlement, les services de renseignement de l'armée libanaise ont déclaré avoir arrêté deux Palestiniens dans la ville de Sidon, dans le sud du pays, pour «commerce et contrebande d'armes militaires à travers la frontière libano-syrienne, et ont saisi plusieurs armes et munitions militaires en leur possession».

Le commandement de l'armée a déclaré que les détenus faisaient l'objet d'une enquête sous la supervision du pouvoir judiciaire.

Les médias ont rapporté que les deux hommes étaient des membres de l'appareil de sécurité du mouvement Hamas à Sidon.

Aucune agence de sécurité officielle n'a confirmé l'existence d'un lien entre les arrestations et la cellule jordanienne.

Mardi, l'agence de presse jordanienne a cité des responsables des services de renseignement qui ont déclaré qu'«une série de complots visant la sécurité nationale du pays ont été déjoués et 16 personnes soupçonnées de préparer des actes de chaos et de sabotage ont été arrêtées».

Les plans prévoyaient la production de missiles à l'aide de matériaux locaux et de composants importés. Des explosifs et des armes à feu ont été découverts, ainsi qu'un missile dissimulé prêt à être utilisé.

Les 16 suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la mise au point de drones, d'avoir recruté et formé des individus au niveau national et d'en avoir envoyé d'autres à l'étranger pour qu'ils y poursuivent leur formation.

Selon les déclarations des suspects, deux membres de la cellule – Abdallah Hicham et Muath al-Ghanem – ont été envoyés au Liban pour coordonner leurs activités avec une figure importante de l'organisation et recevoir une formation.

En décembre, l'armée libanaise a lancé un processus de désarmement des factions palestiniennes situées à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens. Ces factions, fidèles à l'ancien régime syrien, étaient principalement basées dans la région de la Békaa, le long de la frontière avec la Syrie, et dans la région méridionale.

Le Premier ministre Nawaf Salam a exprimé «l'entière solidarité du Liban avec la Jordanie dans la lutte contre les complots qui menacent sa sécurité et sa stabilité» et sa «volonté de coopérer avec les autorités jordaniennes en cas de besoin concernant les informations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans ces complots ont reçu une formation au Liban», selon son bureau de presse.

Lors du lancement du projet de réhabilitation de la route de l'aéroport de Beyrouth, M. Salam a déclaré que les questions de sécurité sur la route de l'aéroport étaient «en cours d'examen avec le ministre de la Défense Michel Menassa et le ministre de l'Intérieur Ahmed Hajjar».

Au cours des dernières 48 heures, la municipalité de Beyrouth a entrepris des efforts pour retirer des rues de la capitale les drapeaux des partis et les images des politiciens et des chefs de partis, en particulier ceux qui sont associés au Hezbollah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans de nouvelles frappes israéliennes sur le sud

Le Liban a fait état de deux morts dans des frappes israéliennes distinctes sur le sud du pays mercredi, alors que l'armée israélienne a déclaré avoir tué un agent du Hezbollah, malgré le cessez-le-feu entre les deux parties. (X/@MajaletAzhar_)
Le Liban a fait état de deux morts dans des frappes israéliennes distinctes sur le sud du pays mercredi, alors que l'armée israélienne a déclaré avoir tué un agent du Hezbollah, malgré le cessez-le-feu entre les deux parties. (X/@MajaletAzhar_)
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  • Deux personnes ont été tuées dans deux nouvelles frappes israéliennes sur le sud du Liban mercredi
  • Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre, Israël continue de mener régulièrement des attaques au Liban

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées dans deux nouvelles frappes israéliennes sur le sud du Liban mercredi, a indiqué le ministère libanais de la Santé, l'armée israélienne disant avoir visé deux combattants du Hezbollah.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre, Israël continue de mener régulièrement des attaques au Liban, affirmant viser le Hezbollah pro-iranien.

"La frappe menée par l'ennemi israélien à l'aide d'un drone sur une voiture (...) a fait un mort" dans la région de Wadi al-Hujair, a indiqué le ministère de la Santé, "un terroriste de la force al-Radwan du Hezbollah", selon l'armée israélienne.

Une deuxième frappe israélienne sur la localité de Hanine a "coûté la vie à un civil et en a blessé un autre", selon le ministère de la Santé libanais. D'après l'agence nationale d’information officielle Ani, la frappe visait une "moto".

L'armée israélienne a indiqué avoir visé "un terroriste du Hezbollah" dans ce secteur, sans préciser s'il avait été tué ou non.

Mardi, une attaque de drone israélien sur une voiture dans le secteur de Aïtaroun a fait deux morts, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé, l'un des trois blessés, un adolescent âgé de 17 ans, étant décédé.

L'armée israélienne avait affirmé mardi avoir éliminé "un commandant appartenant à la division des opérations spéciales du Hezbollah" dans cette région du sud du Liban.

Le même jour, l'ONU a indiqué que 71 civils, y compris plusieurs femmes et enfants, avaient été tués par l'armée israélienne au Liban depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu ayant mis fin le 27 novembre à une guerre meurtrière entre Israël et le Hezbollah.

L'accord de cessez-le-feu prévoit que seuls les Casques bleus de l'ONU et l'armée libanaise soient déployés dans le sud du Liban, frontalier d'Israël.

Le Hezbollah, très affaibli par la guerre, doit pour sa part se retirer au nord du fleuve Litani, à quelque 30 km de la frontière israélienne, et démanteler ses infrastructures militaires restantes dans le sud.

L'armée israélienne devait se retirer entièrement du sud du Liban mais elle s'est maintenue dans cinq points stratégiques.

Déclenchée en octobre 2023, la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza a poussé le Hezbollah à ouvrir un front depuis le sud du Liban en soutien au mouvement palestinien.

En septembre 2024, le conflit a dégénéré en guerre ouverte: les bombardements israéliens ont décimé la direction du Hezbollah et fait plus de 4.000 morts.