VILLEFRANCHE-SUR-SAONE, France : « Un coup de pouce » : pour la première fois en France, des détenus ont reçu des ordinateurs qu'ils vont pouvoir utiliser depuis leurs cellules pour étudier et passer un diplôme.
Neuf des quelque 600 détenus que compte la maison d'arrêt de Villefranche-sur-Saône (Rhône), se sont vu remettre vendredi des ordinateurs portables afin de passer un diplôme d'accès aux études universitaires (DAEU), diplôme national équivalent au baccalauréat, délivré par l'Université Grenoble Alpes (UGA).
L'objectif est de permettre à ces détenus volontaires, et sélectionnés en amont, d'étudier depuis leurs cellules, en plus de leurs heures de cours prévues chaque semaine et encadrées par des professeurs.
« Cette expérimentation est une première en France », et va permettre de « faciliter une continuité dans l'apprentissage » ainsi qu'une « certaine autonomie, essentielle à la réinsertion », assure Julien Velten, proviseur au sein de la prison et directeur de l'Unité pédagogique régionale (UPR).
Avec leurs ordinateurs, les prisonniers auront seulement accès à l'interface de l'université afin de s'entraîner en vue de l'examen prévu en juin et en décembre, pour lequel ils doivent valider quatre matières (français, langue vivante, et deux matières aux choix).
« Faciliter la tâche »
Placés en détention provisoire ou condamnés à de courtes peines, les étudiants sont âgés de 21 à 45 ans. La majorité d'entre eux ont déjà des diplômes de niveau inférieur à celui du baccalauréat et pourront accéder aux études universitaires grâce au DAEU.
« J'ai envie d'ouvrir une entreprise de transport. Donc, j'ai besoin de ce diplôme pour accéder aux formations nécessaires », affirme T.A., âgé de 40 ans. « Ces ordinateurs vont nous faciliter la tâche parce que quelques heures de cours par semaine ne suffisent pas pour avoir le diplôme ».
Pour R.A., 26 ans, cet ordinateur c'est « un coup de pouce » pour décrocher ce diplôme, un « petit challenge » qu'il s'est fixé. « Je ne pense à ce que je ferai après. Mon but aujourd'hui, c'est surtout d'avancer ».
Cette expérimentation intitulée « Sonate en cellule » fait partie d'un projet plus global visant à l'insertion de publics défavorisés dans le système d'enseignement supérieur. Les frais d'inscription sont pris en charge par l'université, et le coût des ordinateurs par le ministère de l'Education.
Pour Stéphanie Pichot, professeur d'histoire géographie auprès des détenus, accéder à ces études est d'abord une manière « de se projeter après la prison et de mieux vivre la détention ».