Covid: les plaintes se multiplient contre le Samu, qui défend sa ligne

Un avion du Service médical d'urgence (SAMU) transportant deux patients Covid-19 de la région Ile-de-France arrive à l'aéroport de Biarritz, où une ambulance en attente les conduira à l'unité de soins intensifs de l'hôpital de Bayonne. (AFP)
Un avion du Service médical d'urgence (SAMU) transportant deux patients Covid-19 de la région Ile-de-France arrive à l'aéroport de Biarritz, où une ambulance en attente les conduira à l'unité de soins intensifs de l'hôpital de Bayonne. (AFP)
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Publié le Vendredi 02 avril 2021

Covid: les plaintes se multiplient contre le Samu, qui défend sa ligne

  • «Il y a un fantasme de directives secrètes qui auraient été données», en particulier «pour laisser les gens mourir dans les Ehpad», mais «c'est absolument faux»
  • «La réalité pour tous les patients, c'est l'analyse du rapport bénéfice-risque»

PARIS : "Délaissement", "non-assistance" voire "homicide involontaire": plusieurs plaintes mettent en cause la gestion des malades de la Covid-19 par le Samu, dont les responsables justifient le "tri des patients" et se disent prêts à "rendre des comptes".

Dans la nuit du 7 au 8 septembre 2020, Patricia Urcel décède d'un arrêt cardio-respiratoire à 53 ans, quelques heures après avoir été hospitalisée.

Quelques jours auparavant, elle avait été testée positive à la Covid-19 et face à la dégradation de son état de santé, avait contacté le Service d'aide médicale urgente (Samu) qui lui avait enjoint de ne "surtout pas" aller aux urgences. 

Le 7 septembre au matin, le médecin régulateur joint par téléphone avait estimé qu'elle n'avait pas de "symptômes de quelqu'un qui est en détresse respiratoire", quand le frère de Mme Urcel constatait en utilisant un oxymètre qu'elle présentait un taux de saturation en oxygène alarmant.

Ce n'est qu'au troisième appel de son fils, le 7 au soir, alors qu'elle ne respirait plus, qu'une équipe de secours avait été dépêchée à son domicile des Hauts-de-Seine et l'avait transportée dans un hôpital parisien.

"On s'interroge sur l'absence de décision du médecin régulateur", déclare Me Anaïs Mehiri, avocate du fils et des deux frères de Mme Urcel qui ont porté plainte lundi auprès du parquet de Nanterre, notamment pour "homicide involontaire" et "non-assistance à personne en péril". 

Ce médecin "est pro-actif dans l'idée qu'il ne faut surtout rien faire", affirme l'avocate, qui prépare des plaintes pour une dizaine de cas similaires. 

Au-delà d'éventuelles erreurs de régulation individuelles, l'avocate dénonce, dans une autre démarche en justice, l'impact qu'ont pu avoir des directives nationales sur l'organisation-même de cette régulation.

En juillet, elle a ainsi déposé une plainte collective à Paris, au nom de proches de douze personnes décédées de la Covid-19 en mars et avril 2020, notamment pour "délaissement ayant provoqué la mort".

Les plaignants reprochent au Samu d'avoir suivi des directives publiées par le ministère de la Santé en mars 2020 pour éviter de saturer les hôpitaux. Selon eux, cela a conduit à laisser des personnes souffrantes "jusqu'à ce qu'elles atteignent un état de santé critique".

Assurant qu'il ne s'agit pas d'une "plainte anti-médecins", Me Mehiri explique vouloir viser, "au-delà du Samu, les autorités administratives qui ont pris ces directives".

"Hystérie collective" 

"Il y a un fantasme de directives secrètes qui auraient été données", en particulier "pour laisser les gens mourir dans les Ehpad", mais "c'est absolument faux", affirme François Braun, président du syndicat Samu-Urgences de France.

A la tête des urgences du CHR de Metz-Thionville et du Samu de Moselle, il assure que les soignant n'ont "pas modifié leur éthique" malgré les vagues épidémiques.

"La réalité pour tous les patients, c'est l'analyse du rapport bénéfice-risque", explique-t-il. "Une personne de 97 ans grabataire et dépendante va-t-elle bénéficier d'une réanimation? Certainement pas. Ce n'est pas une baguette magique."

Son service est cependant mis en cause par un homme de 41 ans, qui a porté plainte en octobre, notamment pour "violences involontaires", contre le Centre hospitalier régional de Metz, le Samu-57, la direction générale de la Santé et Santé publique France.

Atteint de la Covid en mars 2020, ce sidérurgiste a contacté à plusieurs reprises le 15, sans parvenir à être hospitalisé. Il ne le sera que quatre jours après avoir ressenti les premiers symptômes, et passera 15 jours dans le coma, intubé, avec un pronostic vital engagé. 

Pour que ce ne soient pas que des "lampistes" qui paient, le plaignant a aussi saisi la Cour de justice de la République (CJR) contre le ministre de la Santé Olivier Véran et sa prédécesseure Agnès Buzyn. "Il est important qu'à l'occasion de cette crise sanitaire soit posée la question de la défaillance du système de santé publique", explique son avocat, Me Bertrand Mertz.

Mais pour les urgentistes, les faits incriminés relèvent de la routine: "Il y a une hystérie collective sur le tri des patients, mais le tri est à la base de la médecine d'urgence", résume le président de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), Karim Tazarourte.

Chef des urgences de l'hôpital Edouard Herriot (Lyon) et du Samu du Rhône, M. Tazarourte estime "normal et même sain de rendre des comptes". Mais il l'assure: aucun de ses confrères "ne s'amuserait à laisser mourir des patients par défaut de soins".


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.