Une frappe française a tué 19 civils au Mali en janvier, selon une enquête de l'ONU

Une capture vidéo mise à disposition le 30 mars 2021 montre des images aériennes de la zone autour du village de Bounti dans le centre du Mali. (AFP)
Une capture vidéo mise à disposition le 30 mars 2021 montre des images aériennes de la zone autour du village de Bounti dans le centre du Mali. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 30 mars 2021

Une frappe française a tué 19 civils au Mali en janvier, selon une enquête de l'ONU

  • Le rapport publié mardi par la Mission de l'Onu au Mali (Minusma) constitue la plus grave mise en cause d'une opération de la force antijihadiste Barkhane par les Nations unies depuis le début de l'engagement français au Sahel en 2013
  • Une centaine d'hommes, des civils, étaient réunis à l'ombre des arbres pour célébrer un mariage qui avait eu lieu la veille dans les parages, séparément des femmes et des enfants selon la tradition locale, dit le rapport

BAMAKO: Une enquête de l'ONU conclut qu'une frappe aérienne conduite par l'armée française au Mali en janvier a tué 19 civils réunis pour célébrer un mariage, et pas seulement des jihadistes, comme Paris a persisté à le dire mardi.

Le rapport publié mardi par la Mission de l'Onu au Mali (Minusma) constitue la plus grave mise en cause d'une opération de la force antijihadiste Barkhane par les Nations unies depuis le début de l'engagement français au Sahel en 2013.

Le ministère français des Armées a de nouveau réfuté toute bavure. Il "maintient avec constance et réaffirme avec force" que "le 3 janvier, les forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel" près de Bounti (centre). Il "émet de nombreuses réserves quant à la méthodologie retenue" et "ne peut considérer que ce rapport apporte une quelconque preuve" contredisant sa version.

Le rapport, rédigé à partir des investigations de la Division des droits de l'Homme de la Minusma appuyée par la police scientifique de l'ONU, indique au contraire que le groupe touché "était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire".

Une centaine d'hommes, des civils, étaient réunis à l'ombre des arbres pour célébrer un mariage qui avait eu lieu la veille dans les parages, séparément des femmes et des enfants selon la tradition locale, dit le rapport, qui s'appuie sur des dizaines d'entretiens.

Parmi eux "se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la katiba Serma", appartenant au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou Jnim en arabe), alliance jihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda.

"Préoccupations importantes" 

Cette région aride de forêts clairsemées et de brousses surplombées d'un impressionnant massif rocheux est une zone d'activité et de refuge pour des groupes liés au Jnim mais aussi des jihadistes rivaux affiliés au groupe Etat islamique (EI). Le secteur, ainsi que le Burkina Faso et le Niger voisins, étaient à l'époque le théâtre d'une vaste opération antijihadiste, Eclipse, menée par Barkhane et ses partenaires locaux.

Cinq soldats français venaient d'être tués au Mali entre fin décembre et début janvier.

Au moins 22 personnes ont été tuées dans la frappe de Bounti, dont trois membres présumés de la katiba Serma; 19 sur le coup, 3 au cours de leur évacuation, dit la Minusma.

Les autorités françaises ont toujours assuré qu'il n'y avait pas de mariage, que le renseignement avait "formellement" établi qu'il s'agissait d'un rassemblement de jihadistes et que l'intervention d'une patrouille d'avions français lâchant trois bombes avait "neutralisé" une trentaine de jihadistes.

En revanche, pour l'ONU le rapport "soulève des préoccupations très importantes sur le respect de la conduite des hostilités", a déclaré le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres, Stéphane Dujarric, en réponse à une question sur la réaction de M. Guterres.

Ces préoccupations portent aussi sur "l'obligation des États membres de tout faire pour vérifier que les cibles sont bien des objectifs militaires", a ajouté le porte-parole.

La Minusma invoque les principes de protection des civils pour dire que la présence de membres d'un groupe armé ne suffisait pas pour y assimiler les autres participants. En outre, si, comme le dit l'armée française, il s'agissait d'un groupe jihadiste, "il apparaît difficile d'exclure la présence de civils dans le groupe d'hommes en si peu de temps".

Les experts de l'ONU qui se sont rendus sur place n'ont trouvé aucune trace d'armes ou de motos, moyen de déplacement privilégié des jihadistes, dit-elle.

"Guerre informationnelle" 

Depuis des rébellions indépendantiste puis jihadiste en 2012 dans le Nord, le Mali est en proie à une tourmente multiforme qui a fait des milliers de morts, civils et combattants, et des centaines de milliers de déplacés, malgré l'intervention de forces de l'ONU, africaines et françaises.

La France, qui engage environ 5 100 hommes au sein de Barkhane, a déjà été en butte à des soupçons de bavure, mais jamais encore à un rapport aussi circonstancié de l'ONU.

L'accès à l'information est extrêmement difficile dans une zone aussi reculée et dangereuse. Aucune image n'a été diffusée de la frappe. Les forces françaises n'avaient pas immédiatement réagi en janvier aux premières mises en cause et aux premières déclarations de villageois.

La ministre française des Armées Florence Parly a parlé de "guerre informationnelle" que livreraient les groupes jihadistes. Les autorités maliennes avaient fourni des évènements une version cohérente avec celle de la France.

Mais plusieurs ONG réclamaient une enquête indépendante.

La Minusma "recommande" aux autorités maliennes et françaises de mener une telle enquête, de rechercher les responsabilités et d'octroyer le cas échéant une réparation aux victimes et à leurs proches.

La frappe "soulève de sérieuses inquiétudes quant au fait que l'attaque était illégalement disproportionnée", a jugé Jonathan Pedneault, chercheur auprès de Human Rights Watch (HRW), lui aussi favorable à une "enquête complète et impartiale".


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

Short Url
  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Short Url
  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Short Url
  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.