Ouïghours : La France prête à engager une réflexion sur le terme de "génocide"

Près du consulat de Chine à Istanbul, le 8 mars 2021, lors d'une journée internationale de la femme, des membres de la minorité musulmane ouïghoure tiennent des pancartes indiquant "La Chine arrête le génocide" lors d’une manifestation marquée par l’inquiétude suite à la ratification d'un traité d'extradition entre la Chine et la Turquie. (Ozan Kose / AFP)
Près du consulat de Chine à Istanbul, le 8 mars 2021, lors d'une journée internationale de la femme, des membres de la minorité musulmane ouïghoure tiennent des pancartes indiquant "La Chine arrête le génocide" lors d’une manifestation marquée par l’inquiétude suite à la ratification d'un traité d'extradition entre la Chine et la Turquie. (Ozan Kose / AFP)
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Publié le Vendredi 26 mars 2021

Ouïghours : La France prête à engager une réflexion sur le terme de "génocide"

  • Ce terme (génocide), est un terme juridictionnel. Il mérite d'être posé et nous sommes prêts à envisager une réflexion sur ce thème", a déclaré vendredi le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian sur France Info
  • Peu avant la prise de fonctions de Joe Biden, les États-Unis de Donald Trump ont accusé la Chine de commettre un "génocide" contre les musulmans ouïghours

PARIS : La France est prête à engager une "réflexion" pour savoir si un "génocide" est commis au Xingiang où les autorités chinoises sont accusées de mener une répression comme la minorité musulmane des Ouïghours.

"Ce terme est un terme juridictionnel. Il mérite d'être posé et nous sommes prêts à envisager une réflexion sur ce thème", a déclaré vendredi le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian sur la radio France Info.

"Mais on ne le pose pas comme cela, on le pose en termes juridictionnels. Dans les précédentes affirmations de génocide, c'était une procédure de justice", a-t-il ajouté.

Les députés canadiens ont adopté en février une motion non contraignante assimilant le traitement réservé par la Chine à sa minorité ouïghoure à "un génocide", provoquant la colère de Pékin qui l'a qualifiée de "provocation malveillante".

Le Canada a aussi annoncé se concerter avec ses partenaires de la communauté internationale sur ce sujet.

Peu avant la prise de fonctions de Joe Biden, les États-Unis de Donald Trump ont accusé la Chine de commettre un "génocide" contre les musulmans ouïghours.

Des experts et des organisations de défense des droits de l'Homme accusent la Chine d'avoir fait interner jusqu'à un million d'Ouïghours et d'autres musulmans turcophones dans des camps de rééducation politique du Xinjiang. 

La Chine dément ce chiffre et affirme que ces personnes sont emmenées dans des centres de formation professionnelle, destinés à les aider à trouver un emploi afin de les éloigner de la tentation de l'extrémisme religieux.

Pékin a aussi vivement répliqué à l'imposition lundi de sanctions par les Occidentaux sur la question des Ouïghours, sanctionnant dix personnalités européennes, dont cinq élus du Parlement européen, toutes accusées "de propager des mensonges" sur ce sujet.

Jean-Yves Le Drian a une nouvelle fois demandé que la Haute-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU Michelle Bachelet puisse effectuer une mission de "vérification" au Xingiang, en toute transparence.

"C'est le test de la bonne volonté des Chinois. Le prendront-ils ? Je n'en sais rien", a concédé le ministre.

"Mais il est à mon avis un peu difficile pour les Chinois de dire en même temps +je vais passer un accord d'investissement avec l'UE+, accord qui va être soumis au Parlement européen dans quelques jours, alors que parallèlement les mêmes autorités prennent des sanctions contre des parlementaires européens", a souligné Jean-Yves Le Drian.

Le chef de la diplomatie française a annoncé qu'il recevrait vendredi matin l'eurodéputé français, Raphaël Glucksmann, sanctionné par la Chine.

Il a également relevé que l'ambassadeur de Chine à Paris, Lu Shaye, ne s'était pas excusé après ses "insultes" et "menaces" à l'encontre d'un chercheur et des parlementaires français, ce qui lui a valu une convocation mardi au ministère français des Affaires étrangères.

"Il a tenu des propos qui ne paraissent pas être des propos d'excuses", a-t-il dit, ajoutant avoir "fait savoir" à son homologue chinois que "ce type de comportement était inacceptable", a fortiori s'agissant d'"élus du peuple".

L'ambassadeur de Chine a réitéré, au lendemain de sa convocation, la "ferme opposition" de Pékin à un voyage de sénateurs français à Taïwan.

 


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".