PARIS: Les éclairs ont pu procurer suffisamment de phosphore en frappant la Terre pour contribuer à l'émergence de la vie, selon une étude mardi, qui offre un scénario alternatif à celui couramment admis.
Le phosphore est un élément essentiel de la vie telle que nous la connaissons, permettant de former les structures de base des cellules et la double hélice de l'ADN et de l'ARN.
Il y a des milliards d'années, l'essentiel du phosphore se trouvait scellé dans des minéraux insolubles de la jeune Terre.
Mais l'un de ses minéraux, la schreibersite, est hautement réactif, et peut délivrer du phosphore servant à la formation de molécules organiques.
Comme la plupart des schreibersite trouvées sur Terre viennent de météorites, on a souvent lié ces dernières à l'apparition de la vie. Mais on trouve de la schreibersite dans les roches ressemblant à du verre fondu que produisent les éclairs frappant certains sols riches en argile.
Des chercheurs américains et britanniques ont utilisé des techniques d'imagerie de pointe pour analyser la quantité de roche que produit un éclair.
Ils ont ensuite estimé la quantité de schreibersite qui a pu être produite dans les âges ayant précédé et ayant vu l'apparition de la vie sur Terre, il y a environ 3,5 milliards d'années.
«Les éclairs sur la jeune Terre ont pu produire une quantité significative de phosphore», a dit Benjamin Hess, principal auteur de l'étude et chercheur au Département des sciences de la Terre et des planètes à Yale.
Avec ses collègues, il a estimé que les éclairs ont pu produire entre 110 et 11 000 kilos de phosphore par an, selon l'étude publiée dans Nature communications.
En utilisant des simulations du climat aux premiers âges de la Terre, ils ont conclu que les éclairs ont surpassé les chutes de météorites en terme d'apport de phosphore il y a environ 3,5 milliards d'années. Une époque concordant avec celle de l'apparition de la vie.
Selon M. Hess, cela ne veut pas dire que les météorites n'ont pas contribué à l'apparition de la vie, mais que «plus il y a de sources, mieux c'est».
Il aimerait maintenant savoir si ces mêmes éclairs ont pu produire du phosphore sur d'autres planètes où les chutes de météorites ont été rares.
«Les chutes de météorite ont décru avec le temps alors que la production d'éclair, au moins sur Terre, est assez constante à travers les âges», a-t-il ajouté.