ORLY: « La France toute entière porte le deuil de vos enfants », a déclaré le Premier ministre français lors d'une cérémonie d'hommage aux six jeunes humanitaires français tués dimanche au Niger, devant leurs cercueils disposés les uns à côté des autres à l'aéroport d'Orly, près de Paris.
Myriam, Stella, Nadifa, Charline, Antonin et Léo « avaient entre 25 et 31 ans, ils étaient jeunes, généreux et brillants », a souligné le Premier ministre Jean Castex, visiblement ému, face à leurs familles rassemblées au pavillon d'honneur de l'aéroport.
Et, devant leurs six cercueils, recouverts d'un drap sombre et des portraits, « je veux avant tout exprimer la peine, la douleur, l'incompréhension, la colère de tous les Français », a ajouté Jean Castex, accompagné par le ministre français de la Justice Eric Dupond-Moretti et le secrétaire d'Etat chargé des Français de l'étranger Jean-Baptiste Lemoyne.
Dans la matinée, les dépouilles des six jeunes - quatre femmes et deux hommes - avaient été rapatriées en France par avion depuis Niamey, cinq jours après le drame.
Les six humanitaires de l'ONG française Acted ont été assassinés, avec leur chauffeur et leur guide nigériens, par des hommes armés à moto alors qu'ils visitaient la réserve de girafes de Kouré, à 60 km au sud-est de la capitale Niamey, où ils étaient basés.
Mais, a insisté Jean Castex, ces jeunes « n'étaient pas des soldats, n'étaient pas armés » et « étaient venus au Niger pour y faire le bien ». Ils « y ont rencontré le mal ».
Pour le chef du gouvernement français, « ce crime odieux a tout d'une attaque terroriste » même s'il n'a jusqu'à présent pas été revendiqué.
Selon les premiers éléments de l'enquête antiterroriste ouverte à Paris, l'attaque « paraît avoir été préméditée » avec pour objectif de « cibler a priori plutôt des Occidentaux », a déclaré vendredi une source judiciaire française.
Les experts pointent du doigt l'Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), actif dans la zone des « trois frontières » (Mali, Niger, Burkina Faso) où il est pourchassé par les armées nationales et la force française Barkhane, qui déploie plus de 5.000 hommes au Sahel.
« Cette incarnation du mal, la France ne la connaît malheureusement que trop (...), c'est très vraisemblablement la même haine, la même lâcheté, la même inhumanité qui étaient à l'oeuvre au Niger et au Bataclan », a déclaré M. Castex pendant la cérémonie.
Les six victimes avaient été envoyées par Acted au Niger, pays du Sahel parmi les plus pauvres du monde, où ils venaient notamment en aide aux populations déplacées par le conflit.
L'ONG Acted a décidé de suspendre temporairement ses activités au Niger mais « il n'est pas question de quitter le pays et la région, nous sommes là pour aider les bénéficiaires », a assuré son président Frédéric de Saint-Sernin.