Les Etats-Unis se rapprochent d'une cyber-riposte après l'attaque sur Microsoft Exchange

Pour Microsoft, un nouveau type de logiciel de rançon exploite la faille de sécurité consécutive à l'attaque sur les serveurs d'Exchange du géant américain de l'informatique (Photo, AFP).
Pour Microsoft, un nouveau type de logiciel de rançon exploite la faille de sécurité consécutive à l'attaque sur les serveurs d'Exchange du géant américain de l'informatique (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 13 mars 2021

Les Etats-Unis se rapprochent d'une cyber-riposte après l'attaque sur Microsoft Exchange

  • «La Maison Blanche travaille étroitement avec le secteur privé pour édifier de meilleurs cyberdéfenses à la suite de l'attaque ciblant les serveurs de Microsoft Exchange»
  • Ce logiciel, baptisé «DearCry», a été détecté après l'attaque attribuée à «Hafnium», un groupe de hackers chinois soutenu par Pékin selon des experts

WASHINGTON: Un haut responsable américain a affirmé vendredi que l'administration Biden s'apprêterait à décider d'une riposte aux récentes cyberattaques, au moment où l'inquiétude grandit sur les conséquences de la dernière en date.

Le haut responsable, qui n'a pas souhaité être identifié, a déclaré que la Maison Blanche travaillait étroitement avec le secteur privé pour édifier rapidement de meilleurs cyberdéfenses à la suite de l'attaque ciblant les serveurs du service de messagerie Exchange de Microsoft. 

L'attaque est intervenue quelques mois après celle sur le logiciel de sécurité de SolarWinds, qui a potentiellement compromis des milliers de réseaux d'ordinateurs du gouvernement et du secteur privé.

Des responsables américains avaient précédemment insinué que des actions envers la Russie pourraient être entreprises, Moscou ayant été lié à l'attaque sur SolarWinds. 

Les dernières déclarations du haut responsable laissent entendre qu'une riposte est imminente.

«Vous pouvez vous attendre à de prochaines annonces sur ce sujet dans quelques semaines, et non quelques mois», a affirmé le haut responsable américain, dans une réunion avec la presse sur les deux cyberattaques.

Les agences fédérales ont effectué des progrès pour réparer les systèmes dans les neuf agences touchées par l'attaque sur SolarWinds, a-t-il ajouté.

Mais une opération d'urgence est en cours pour remédier à l'attaque envers Microsoft Exchange, qui a ouvert des failles de sécurité, activement exploitées par des cybercriminels, et d'autres.

Pour trouver des solutions, «pour la première fois nous avons invité des entreprises du secteur privé à participer» dans des réunions majeures de sécurité nationale au sujet des attaques, a également souligné le haut responsable, qui affirme que la réponse «est encore en train d'évoluer».

Selon lui, «nous avons vraiment une courte fenêtre de temps pour réparer les serveurs vulnérables», «c'est une question d'heures et non de jours».

Des attaques «destructrices»

Pour Microsoft, un nouveau type de logiciel de rançon exploite la faille de sécurité consécutive à l'attaque sur les serveurs d'Exchange du géant américain de l'informatique. Et selon des experts en cybersécurité, l'attaque massive pourrait faire des dégâts importants.

«Nous avons détecté et nous bloquons une nouvelle famille de logiciels de rançon utilisés après une attaque initiale sur des serveurs locaux d'Exchange non mis à jour», a indiqué jeudi soir sur Twitter le département sécurité de Microsoft.

Ce logiciel, baptisé «DearCry», a été détecté après l'attaque attribuée à «Hafnium», un groupe de hackers chinois soutenu par Pékin selon des experts. Il aurait touché au moins 30 000 organisations, y compris des entreprises, des villes, et des collectivités locales aux Etats-Unis.

D'autres spécialistes, dont le fondateur de ID Ransomware Michael Gillespie, ont détecté jeudi le logiciel qui encrypte les systèmes informatiques et demande une rançon pour les débloquer.

«Il sera facile de faire des mises à jour pour empêcher des intrusions futures, mais pas d'apporter des correctifs sur les systèmes qui ont été attaqués», a affirmé Brent Callow, de la société de sécurité informatique Emsisoft.

«Il est absolument essentiel que les gouvernements mettent au point rapidement une stratégie pour aider les entreprises à sécuriser leurs serveurs Exchange et corriger les failles avant que la situation, qui est déjà grave, n'empire», a-t-il ajouté.

Cette semaine, le FBI et le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) avaient déjà mis en garde contre la vulnérabilité d'Exchange. Celle-ci pourrait être exploitée pour «compromettre des réseaux, voler des informations, encrypter des données en vue d'une demande de rançon, ou même perpétrer des attaques destructrices», selon un communiqué commun.

Le département cybersécurité du DHS a appelé à la création d'un correctif unique pour le gouvernement et le secteur privé, alors que les experts veulent des mesures fortes de l'administration Biden, comme le «hack back», une cyber-riposte qui consiste à hacker en retour.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.