LONDRES : Le gouvernement britannique s'est résolu à se pencher sur le projet controversé d'une mine de charbon en Angleterre, après avoir suscité la polémique pour ne pas s'y être opposé plus tôt, au point de remettre en cause sa crédibilité sur le climat.
Le ministre des Collectivités locales Robert Jenrick a annoncé jeudi soir l'ouverture d'une "enquête publique" sur l'avenir de ce projet, le premier en trente ans, de mine souterraine dans le comté de Cumbrie (nord-ouest de l'Angleterre).
Dans une lettre adressée au conseil du comté, le ministre estime que ce dossier a soulevé des problèmes qui dépassent les enjeux locaux.
Le ministre "reconnaît que les soutiens et opposants ont pris des positions différentes sur le sujet et estime que cela doit être analysé lors d'une enquête publique" et "de plus la controverse sur la demande d'autorisation a augmenté", selon la lettre.
Il s'agit d'une volte-face pour le gouvernement qui avait choisi début janvier de ne pas intervenir, laissant le soin aux autorités locales de se prononcer.
Le conseil du comté de Cumbrie avait lui-même annoncé début février un réexamen de ce projet, auquel il avait déjà donné un premier feu vert, pour évaluer plus précisément son impact sur l'environnement.
L'objectif de la mine, située sur la côte près de Whitehaven, est d'extraire du charbon afin de fournir des aciéries au Royaume-Uni et en Europe, avec à la clé la création de 500 emplois.
Cette mine, dont ses promoteurs veulent cesser l'exploitation au plus tard en 2049 ne serait pas concernée par l'objectif du Premier ministre Boris Johnson de sortir du charbon pour produire de l'électricité à horizon 2025.
La position initiale sur le sujet du gouvernement conservateur, qui vise la neutralité carbone pour le pays en 2050, avait suscité une vague d'indignation de la part d'ONG environnementales et de scientifiques.
Ils avaient remis en cause la crédibilité du gouvernement dans la lutte contre le changement climatique, alors même que le Royaume-Uni organise dans quelques mois la COP26 à Glasgow.
Les mouvements écologistes ont donc salué le changement de pied des pouvoirs publics.
C'est "un virage à 180 degrés surprenant mais qui est le bienvenu", pour Tony Bosworth, de l'ONG Les Amis de la Terre.
"Cela n'aurait jamais dû prendre si longtemps (...), c'était intenable dès le départ. Mais c'est une nouvelle fantastique et mieux vaut tard que jamais", se félicite Doug Parr, chez Greenpeace.
Compte tenu du soutien apporté aux aéroports et de l'échec d'un plan d'aide aux ménages pour la transition énergétique, "la route est longue avant que Boris Johnson puisse bénéficier de toute la crédibilité dont il a besoin avant d'être l'hôte de discussions cruciales sur le climat cette année", selon lui.