WASHINGTON : Joe Biden s'est félicité mercredi d'une « victoire historique » pour les Américains après l'adoption au Congrès de son colossal plan de relance économique, un succès majeur 50 jours après son arrivée à la Maison Blanche.
Malgré l'opposition en bloc des républicains, qui dénoncent des dépenses extravagantes et mal ciblées, et une défection dans leurs rangs, les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, ont pu l'approuver par 220 voix contre 211.
Ce résultat a été accueilli par une ovation des démocrates dans l'hémicycle.
Joe Biden va promulguer vendredi ce plan de 1 900 milliards de dollars, un montant vertigineux équivalant au PIB de l'Italie.
« Cette loi représente une victoire historique, historique, pour les Américains. J'ai hâte de la signer cette semaine », a réagi le président lors d'un discours à Washington sur la campagne de vaccination.
« Chaque élément du plan de sauvetage américain répond à de véritables besoins », a-t-il ajouté, comme en réponse aux critiques républicaines.
Les chefs démocrates du Congrès ont salué l'une des « lois les plus importantes » des dernières décennies.
« Nous sommes à un tournant décisif de l'histoire de notre pays », a lancé la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, dans l'hémicycle.
« C'est de loin l'une des pires lois que j'ai vues », « un exemple classique de programme démocrate hypertrophié », a rétorqué le chef des sénateurs républicains Mitch McConnell.
« Il s'agit d'une longue liste de priorités de gauche qui datent d'avant la pandémie et ne répondent pas aux besoins des Américains », a aussi accusé le chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy.
Reprenant la grande ligne d'attaque des républicains, il a réaffirmé que seuls 9% du plan étaient « liés à la lutte contre la Covid ».
La pandémie a fait plus de 500 000 morts aux Etats-Unis, et la première économie mondiale s'est contractée de 3,5% l'an passé, sa pire année depuis la Seconde Guerre mondiale.
Selon des experts, le « plan de sauvetage américain », très populaire dans les sondages, devrait doper la croissance.
« Je pense que nous pourrons retrouver le plein emploi dès l'année prochaine », a déclaré la secrétaire au Trésor Janet Yellen dans un communiqué.
D'après la Maison Blanche, cette législation « historique » créera plus de 7 millions de nouveaux emplois cette année et rendra les soins de santé plus abordables tout en sauvant des vies grâce aux aides pour la vaccination généralisée. Elle affirme également qu'elle réduira de moitié la pauvreté des enfants.
Mais d'autres économistes mettent en garde contre le risque d'inflation.
Chèques aux Américains
Des millions d'Américains vont toucher des chèques d'aides directes allant jusqu'à 1 400 dollars par individu et personne à charge, pour un montant global de quelque 400 milliards de dollars.
Le plan prolonge en outre jusqu'en septembre des allocations chômage exceptionnelles qui devaient expirer le 14 mars.
Quelque 15 milliards de dollars sont consacrés à la vaccination, 50 milliards pour les tests et le traçage et 10 milliards pour la production de vaccins.
Le plan consacre également 126 milliards de dollars aux écoles, de la maternelle au lycée, pour soutenir leur réouverture malgré la pandémie, ainsi que 350 milliards en faveur des Etats, des collectivités locales.
Loi « la plus importante »
Le projet initial comprenait une hausse du salaire minimum fédéral qui a dû être abandonnée au Sénat, où le montant des allocations chômage et le plafond pour toucher les chèques ont d'autre part été abaissés sous la pression d'un démocrate conservateur.
Ces compromis pouvaient faire craindre une fronde des progressistes, mais les troupes démocrates sont unies derrière le plan Biden.
C'est en saluant « la plus importante loi votée par le Congrès pour aider les travailleurs depuis des décennies » que le sénateur indépendant Bernie Sanders avait approuvé le plan samedi à la chambre haute.
A la Chambre comme au Sénat, seuls les démocrates ont voté en faveur du plan de relance. Un revers pour Joe Biden, sénateur pendant plus de 35 ans et arrivé à la Maison Blanche sur la promesse de trouver des terrains d'entente avec les républicains, après les profondes divisions de l'ère Trump.
Le vieux routier de la politique espère ensuite parvenir à une meilleure entente pour son prochain gigantesque projet législatif, qui devrait concerner les infrastructures américaines.