LONDRES: La chercheuse australo-britannique Kylie Moore-Gilbert a déclaré que l’Iran avait tenté «à plusieurs reprises» de la recruter comme espionne lorsqu’elle était emprisonnée dans le pays.
Lors d’un entretien sur Sky News Australia mardi, elle a raconté que l’Iran voulait «avoir le beurre et l’argent du beurre» en recevant une compensation de l’Australie par voie diplomatique, tout en l’utilisant comme espionne.
«Je savais que la raison pour laquelle ils ne s’étaient pas engagés dans des négociations avec les Australiens était qu’ils voulaient me recruter», a-t-elle affirmé sur la chaîne de télévision. «Ils voulaient que je travaille pour eux comme espionne et me disaient que si je coopérais et travaillais pour leur compte, ils me libèreraient… Ils m’assuraient que je pourrais gagner ma liberté et conclure un accord avec eux.»
Kylie Moore-Gilbert a été arrêtée à Téhéran en 2018 lors d’un voyage au cours duquel elle devait assister à une conférence universitaire. Elle a été incarcérée dans la prison d’Evin et condamnée à une peine de dix ans de prison, à la suite d’allégations controversées d’espionnage pour le compte d’Israël — accusations qu’elle a toujours niées.
L’entretien avec Sky News était sa première prise de parole après sa libération dans le cadre d’un échange de prisonniers impliquant l’Australie, l’Iran, Israël et la Thaïlande l’année dernière.
La chercheuse a mis en cause la stratégie diplomatique de l’Australie. «Je ne suis pas convaincue que la voie de la diplomatie discrète tienne debout», a-t-elle lancé, ajoutant que lors d’un appel téléphonique passé depuis la prison, elle avait supplié sa famille de s’adresser aux médias.
«Je savais que mon arrestation n’était pas rapportée par les médias, délibérément, et cela contre ma volonté. On m’a dit que les médias étaient au courant de mon incarcération mais que le gouvernement leur avait demandé d’étouffer l’affaire, car sa stratégie était de tenter de trouver une solution diplomatique avec l’Iran de manière discrète», a-t-elle détaillé dans l’entretien.
«J’ai une vision très différente de la situation, basée sur mon propre vécu en Iran, mais le point de vue du gouvernement a prévalu, et les médias ont joué le jeu pendant des mois.»
Le gouvernement australien a rejeté les accusations d’espionnage dont elle a été accusée, les considérant «sans fondement», et l’Iran n’a encore révélé aucune preuve concernant ses crimes présumés. Mme Moore-Gilbert a qualifié ces accusations de «ridicules» et affirmé qu’elle avait «puisé dans ses forces» pour tenir, malgré sa détention sous de faux chefs d’accusation.
Elle a confié que son séjour à la prison d’Evin avait été marqué par sept grèves de la faim et qu’à certains moments elle avait envisagé des tentatives d’évasion. «J’ai envisagé de m’évader, Mais où serais-je allée? Qu’aurais-je fait?», a-t-elle ajouté. «Je ne parlais pas la langue, j’étais vêtue d’un uniforme de prison… Sans personne dehors pour m’aider, je ne sais pas ce que j’aurais fait.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com