PARIS : Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est dit lundi prêt à étudier l'idée de la création d'une académie de police, mais s'est montré peu enthousiaste, prévenant que dans ce cas, il faudrait faire des choix, du fait notamment des contraintes budgétaires.
Cette demande de création d'un grande académie de police a été formulée plusieurs fois lundi par les représentants syndicaux de la police lors de la troisième table ronde du «Beauvau de la sécurité», consacrée à la formation.
«Nous croyons à la création d'une académie de police, pour notamment faire vivre un esprit de corps», a ainsi défendu un représentant du syndicat Alliance.
«Une grande académie de la police, cela représente 200 millions d'euros», a répondu le ministre, ajoutant que compte tenu des contraintes budgétaires, si sa création était décidée, cela signifierait qu'un commissariat dans une grande ville ne verrait pas le jour.
Il a prévenu aussi que si jamais une académie était créée, ce ne serait pas «dans une grande ville».
M. Darmanin a rejeté un regroupement des différentes écoles de police actuelles pour former cette académie.
Il l'imagine plutôt comme «l'Ecole de guerre» (EdG, où se forment les chefs militaires, ndlr), avec «la contrepartie, a-t-il fait valoir, qu'il y ait une sélection, des critères pour l'intégrer».
Dans son entourage, on a assuré à l'AFP que le ministre était «enthousiaste», même s'il mettait «des conditions» à la création de cette académie de police et qu'il avait adressé une lettre de mission en ce sens mi-février à son préfigurateur, le préfet Emmanuel Barbe.
A charge pour ce préfet, de lui faire «une première version de propositions pour la mi-mai, au moment de la clôture du +Beauvau de la sécurité+, puis une version définitive fin juin».
En introduction de la table ronde, le ministre a cité les trois défis à relever par l'institution: celui de «recruter des talents», celui de la «formation initiale, qui a été réduite, ce qui était une erreur (...) et qu'il faut rallonger», et celui de la «formation continue».
Sur ce dernier point, M. Darmanin a fait valoir que parfois «il n'y a pas de réponse pénale, car la qualité des procédures ne sont pas toutes au rendez-vous».
Il a été beaucoup question de la manière de donner envie de rejoindre la police ou la gendarmerie, mais aussi de la diversité des métiers, et de la façon de toucher «la génération Z», née entre 1997 et 2010 et ayant grandi avec le numérique et les réseaux sociaux.
Au-delà de ces tables rondes, des groupes travaillent sur les différentes thématiques du «Beauvau de la sécurité» afin d'élaborer des propositions.