MOSCOU : Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant de l'URSS et l'un des artisans de la fin de la guerre froide, a fêté mardi ses 90 ans en quarantaine, "fatigué" des restrictions dues au coronavirus.
A cette occasion, il a reçu des messages de félicitations de personnalités du monde entier, du président russe Vladimir Poutine mais aussi de son homologue américain Joe Biden ou encore de la chancelière allemande Angela Merkel.
L'ancien dirigeant soviétique célèbre ses 90 printemps dans un hôpital russe où il se trouve "pour la durée de la pandémie", a affirmé Vladimir Poliakov, le porte-parole de la Fondation Gorbatchev, soulignant que l’intéressé "est fatigué de tout cela, comme nous tous".
Il est prévu que M. Gorbatchev, né dans le sud-ouest de la Russie en 1931, retrouve dans la journée des amis et des proches en respectant les mesures de distanciation, ou par visioconférence, selon la même source.
Et il a déjà reçu son lot de compliments. "Vous appartenez à juste titre à une pléiade de personnes extraordinaires et d'hommes d'Etat remarquables de l'époque contemporaine qui ont influencé de manière significative le cours de l'histoire nationale et mondiale", a déclaré M. Poutine, dans un message adressé à l'ancien dirigeant. L'actuel président russe a également fait l'éloge de "l'énergie et du potentiel créatif" de Mikhaïl Gorbatchev qui reste impliqué dans un nombre de projets éducatifs et humanitaires.
"Nous n'étions pas prêts"
Lors de son passage au pouvoir entre 1985 et 1991, Mikhaïl Gorbtachev a mené d'importantes réformes démocratiques connues sous les noms de "perestroïka" (restructuration) et de "glasnost" (transparence) qui lui ont valu une immense popularité en Occident.
En 1990, il avait ainsi obtenu le prix Nobel de la paix pour "avoir mis fin pacifiquement à la guerre froide". Mais pour beaucoup de Russes, il est in fine le responsable de l'éclatement de l'URSS, survenu en 1991 après un putsch manqué des conservateurs soviétiques contre sa politique d'ouverture.
Vladimir Poutine, arrivé au sommet de l'Etat en 2000, a qualifié cet événement de "plus grande catastrophe géopolitique" du XXe siècle et prône une politique de retour de la puissance russe sur la scène internationale. Pendant des années, ses relations ont donc été complexes avec Mikhaïl Gorbatchev, qui a critiqué à plusieurs reprises M. Poutine, tout en disant voir en lui une chance pour un développement stable de la Russie.
Dans un message de félicitations, la chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part remercié M. Gorbatchev pour son "engagement personnel en faveur du dépassement pacifique de la guerre froide et de l'accomplissement de l'unité allemande". "Votre importante contribution à la réunification dans la liberté restera aussi inoubliable en Allemagne que votre engagement personnel constant en faveur des relations amicales entre nos deux pays", a assuré Mme Merkel.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré que le peuple britannique et lui-même restaient "admiratifs du courage et de l’intégrité" dont M. Gorbatchev avait fait preuve pour "mener la guerre froide à une fin pacifique".
Signe d'une possible évolution des mentalités, le quotidien officiel russe Rossiïskaïa Gazeta a lui suggéré mardi que le démembrement de l'Union soviétique n'était peut-être, finalement, pas de la seule faute de Mikhaïl Gorbatchev. "Gorbatchev est venu trop tard car il était très difficile d'empêcher l'effondrement", a estimé le journal. Mais Gorbatchev est aussi "venu trop tôt car nous n'étions alors pas prêts à comprendre et à concrétiser ce qui venait d'être conçu".