REIMS: L'agression dans un quartier prioritaire de Reims d'un photo-journaliste du quotidien régional L'Union, toujours entre la vie et la mort, a soulevé dimanche l'indignation de la classe politique, jusqu'à l'Elysée, qui a demandé une interpellation « au plus vite » des auteurs.
Le pronostic vital de la victime, Christian Lantenois, 65 ans, « est toujours engagé », a indiqué le procureur de Reims Matthieu Bourrette à la mi-journée, sans plus de détails sur l'enquête, ouverte pour « tentative de meurtre ».
Alors qu'il couvrait des regroupements de jeunes dans le quartier Croix-Rouge, le journaliste a été agressé samedi après-midi « dans des circonstances encore indéterminées, mais de manière volontaire », avait indiqué samedi le procureur.
Cette prise à partie d'un journaliste, dans un contexte plombé par la mort de deux adolescents dans des rixes entre bandes de jeunes, en début de semaine, a fait réagir jusqu'au chef de l’État.
« L’Elysée a appelé la rédaction de L’Union (...) pour exprimer son émotion et sa sympathie, et son souhait de voir les auteurs de l’agression interpellés au plus vite », a indiqué la présidence.
La presse visée ?
« S'en prendre ainsi à un journaliste, c'est menacer ce que nous avons de plus cher : la liberté », a tweeté Gérard Larcher, président Les Républicains du Sénat, donnant le ton d'une vague d'indignation qui enfle à droite.
Soutien à Christian Lantenois, photographe emblématique de @UnionArdennais après sa lâche agression en reportage. S’en prendre ainsi à un journaliste, c’est menacer ce que nous avons de plus cher : la liberté. pic.twitter.com/T2N8JPfhE5
— Gérard Larcher (@gerard_larcher) February 27, 2021
La présidente du RN, Marine Le Pen est allée plus loin : « Plus personne n’est à l’abri de la sauvagerie qui se développe dans nos rues. La sécurité doit être la priorité majeure de tout gouvernement qui se respecte. L’échec d’Emmanuel #Macron dans ce domaine est impardonnable », a-t-elle tweeté.
Dès samedi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait fait part de la pleine mobilisation de la police sur l'affaire. La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a de son côté dénoncé une « lâche agression ».
« Si Christian Lantenois a été visé en tant que journaliste, ce qui s'est passé est une atteinte extrême à la liberté de la presse » a aussi alerté le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire.
Le Syndicat national des journalistes a pour sa part évoqué un épisode qui « s'apparente à un guet-apens ».
Le photo-journaliste s'était spontanément rendu dans le quartier pour accompagner une consœur, alertée d'une possible rixe, selon la rédaction en chef du journal. Il était resté en retrait de sa collègue, dans sa voiture floquée du logo du journal.
« Battes de base-ball ou barres de fer »
Il a été retrouvé vers 15H30 près du véhicule, en marge des attroupements, « au sol » et saignant « au niveau des oreilles », selon le préfet de la Marne Pierre N'Gahane.
Les forces de l'ordre étaient »sur place, car elles avaient identifié des mouvements de jeunes, dont certains portaient des battes de base-ball ou des barres de fer », a-t-il précisé.
Selon une source proche de l'enquête, aucune interpellation n'est encore intervenue, mais une analyse ADN était en cours sur une pierre retrouvée sur les lieux.
Après l'agression, « les jeunes se sont rapidement dispersés, il n'y a pas eu d'autre incident » et le quartier, de quelque 28 000 habitants, « reste depuis très calme », a assuré dimanche le préfet.
« On n'est pas dans un contexte d'affrontements entre bandes », a-t-il aussi souligné.
Selon Xavier Albertini, adjoint à la sécurité à la mairie de Reims, deux précédents regroupements de jeunes dans la semaine avaient donné lieu à « des rencontres rapides entre groupes » rapidement dispersés par la police.
Le quartier n'est toutefois « pas sujet à des rixes quotidiennes ou hebdomadaires, c'est sporadique », a-t-il affirmé. Selon lui, il n'y avait pas de caméras dans la rue de l'agression, mais d'autres, à proximité, seraient analysées.
Sur son site, le journal L'Union décrivait dimanche Christian Lantenois, embauché en 1993, comme « le photographe rêvé des rédacteurs, toujours en alerte », un « témoin de notre société ».