LOURDES: « Il n'y a personne, je ne peux plus vivre »: comme beaucoup d'autres commerçants de Lourdes, David Carpènes lance un cri de détresse après l'annulation de la quasi-totalité des pèlerinages, notamment étrangers, en raison de la pandémie de coronavirus.
A cause de la Covid-19, « 80% des pèlerins ont annulé leur venue », explique le maire de la cité mariale aux pieds des Pyrénées, Thierry Lavit. « Lourdes s'est effondrée », lâche-t-il. Pour la première fois, le sanctuaire va célébrer la fête de l'Assomption le 15 août -point d'orgue de l'année- avec un nombre des pèlerins en simultané limité à 5 000.
En visite à Lourdes (Hautes-Pyrénées) lundi, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé des mesures économiques renforcées pour soutenir les activités dépendantes du tourisme, « en particulier » les « magasins de souvenirs et de piété ».
Autour des commerces traditionnels de la cité pyrénéenne, les rues sont clairsemées. Un paysage inhabituel pour un des premiers sites de pèlerinage catholique du monde qui attirait chaque année des millions de fidèles de toute la planète.
Bien que rouvert depuis le 16 mai, après une fermeture historique de deux mois, le sanctuaire de Lourdes subit l’annulation de la quasi-totalité des pèlerinages organisés, nombreux en période estivale.
Commerçant depuis plus de 25 ans, David Carpènes affirme n'avoir « jamais vu ça » « D'habitude, aux mois de juillet et d'août, c'est bondé de monde. Là, il n'y a personne », poursuit-il. Au mois de septembre, « j'ai deux solutions. Soit je dépose le bilan, soit je me mets dans la rue et je fais la manche. Je ne peux plus vivre », se lamente-t-il.
Lourdes est la deuxième ville hôtelière de France, derrière Paris. Selon la tradition catholique, la Vierge Marie y est apparue à Bernadette Soubirous en 1858, dans la grotte de Massabielle.
Au cœur des échoppes emblématiques de la ville, surnommées « les bancs de la grotte », les cierges, chapelets et gourdes remplies d’eau bénite abondent. Cette année, seul le pèlerin fait défaut.
« C'est le pèlerin qui nous manque. Beaucoup sont des personnes vulnérables qui, avec la Covid-19, ne peuvent pas voyager », explique Claudine Gonzalez, propriétaire de deux commerces, dont l'un a dû fermer.
Entourée de chapelets de toutes les couleurs, « articles religieux par excellence », Mme Gonzalez insiste: « Quand les hôteliers et les restaurants ne fonctionnent pas, c'est tout un écosystème qui s'effondre ».
Tous les ans, les pèlerinages sont organisés d'avril à fin octobre. Mais, face à la recrudescence du virus, « on ne voit pas l'avenir très rose ». « On a besoin d'aide », confie-t-elle.
Symbole de la chute du tourisme dans le bassin lourdais et à seulement deux jours de l'ouverture du 147ème pèlerinage national de Lourdes, moins d'une trentaine d'hôtels ont rouvert sur environ 135 établissements.
« Il n’y a pas assez de gens pour remplir le peu d’hôtels qui ont fait le choix de rouvrir », explique Mathieu Porteil, 39 ans, directeur d'exploitation de l'hôtel Mercure.
Sur le toit de son établissement qui surplombe la cité pyrénéenne, il explique n’« avoir fait que 25% de chiffre d'affaires depuis la réouverture (le 3 juillet) ».
Pour l'avenir, l'équation est simple. « Si nous subissons à nouveau un reconfinement, là, c'est terminé », insiste-t-il.
« Ce que j'attends ? On attend toujours des miracles. On est à Lourdes », plaisante-t-il.