PARIS : Le bras de fer a pris fin, sous conditions : la 5G sera déployée à Paris « dans les prochaines semaines » grâce à un accord annoncé vendredi entre la mairie et les opérateurs télécoms, alors que la capitale française ne bénéficie toujours pas du réseau mobile de dernière génération.
Paris va donc bientôt rejoindre Strasbourg, Lyon ou encore Bordeaux, où la 5G a déjà été allumée, malgré des réticences locales. En la matière, c'est l’État qui décide et les maires ne peuvent pas s'opposer juridiquement. Mais soucieux d'éviter les polémiques, les opérateurs ont engagé à Paris une concertation, qui a abouti vendredi à une « charte de la téléphonie mobile ». Elle sera soumise au conseil de Paris en mars.
C'est la signature de cette charte par les opérateurs (Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR) qui rendra possible le lancement commercial de la 5G à Paris « dans les prochaines semaines ».
Censée donner aux citoyens parisiens « une meilleure information » sur les impacts de la 5G, la charte doit garantir la « transparence sur l'installation des antennes ».
En contrepartie, les opérateurs se sont notamment engagés à « optimiser le recyclage des équipements de téléphonie » ou à favoriser « l'inclusion numérique ».
Suffisant pour éviter un clash au sein de la majorité parisienne menée par la mairie socialiste Anne Hidalgo, alors que ses partenaires écologistes ferraillent contre la 5G ?
Fatoumana Koné, présidente du groupe écologiste au conseil municipal, s'est-elle dite « étonnée voire un peu choquée » par le « forcing » de la maire socialiste, à qui les Verts ont « encore envoyé un courrier il y a peu de temps demandant le moratoire », a-t-elle précisé.
« Avec cet accord, la ville permet l'innovation technologique mais organise son suivi attentif », répond le socialiste Paul Simondon, chargé de la 5G en tant qu'adjoint au budget de la mairie.
Lille attend
Plus de 8 600 sites 5G ont été ouverts commercialement par Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom depuis fin novembre en France, en dehors de Paris et de plusieurs grandes métropoles, selon les données publiées en janvier par l'Autorité de régulation des télécoms (Arcep).
De Paris à Nantes, en passant par Rennes, plusieurs maires écologistes ou de gauche de grandes villes avaient décidé de lancer fin 2020 un « débat public » pour notamment répondre à un « besoin de transparence » au sujet des éventuelles conséquences du déploiement de la 5G sur l'environnement et la santé.
D'autres communes comme Lille ont déjà annoncé être en faveur d'un moratoire jusqu'à la publication prévue au printemps 2021 d'un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
« La 5G doit être accueillie, sans crainte, et avec enthousiasme puisque les autorités sanitaires et de contrôle concluent de manières concordantes à une absence d'effets sanitaires spécifiques de la 5G en dessous des valeurs limites d’exposition », a martelé vendredi Nicolas Guérin, président de la Fédération française des télécoms.
Dix fois plus rapide
Au regard de la loi, les maires ont-ils vraiment le pouvoir d'empêcher l'installation d'antennes relais de téléphonie mobile ?
« Le Conseil d’État a été clair: il ne revient pas aux maires, mais à l’État d'en décider, même si certains peuvent ralentir le processus, par exemple à travers l'accès aux bâtiments publics », avait rappelé fin novembre le secrétaire d'État au numérique Cédric O dans le JDD.
Les opérateurs et les pouvoirs publics cherchent néanmoins à prendre en compte les réticences locales pour désamorcer un sujet devenu encore plus polémique depuis que la Convention citoyenne pour le climat a elle-même recommandé un moratoire cet été.
Plusieurs villes, au départ récalcitrantes, ont fini par laisser les opérateurs allumer leurs réseaux 5G, à l'image de Strasbourg, Lyon et Bordeaux.
Bordeaux, dirigée par l'écologiste Pierre Hurmic, s'est même dite « désolée » de l'ouverture de la 5G locale début février.
« Clairement, on ne peut pas faire ce qu'on veut sur notre propre territoire. Nous ne sommes pas écoutés. L’État, malgré ses grands discours sur le changement climatique, n'entend pas », avait déploré l'adjointe au maire Delphine Jamet auprès de l'AFP.
Si la 5G promet d'offrir, à terme, un débit jusqu'à dix fois plus rapide, les opérateurs comptent surtout sur son lancement pour éviter la saturation de leurs réseaux mobiles.