Les options de Biden pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien

Le président américain Joe Biden quitte la Maison Blanche pour passer le week-end à Camp David, le 12 février 2021 à Washington DC. (Eric BARADAT / AFP)
Le président américain Joe Biden quitte la Maison Blanche pour passer le week-end à Camp David, le 12 février 2021 à Washington DC. (Eric BARADAT / AFP)
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Publié le Dimanche 14 février 2021

Les options de Biden pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien

  • Conformément à une loi adoptée par son Parlement contrôlé par les conservateurs, Téhéran cessera le 21 février de se soumettre au régime très strict d'inspections internationales
  • Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a suggéré que l'UE joue un rôle pour "chorégraphier" les mesures des deux pays ennemis

WASHINGTON : Le temps presse. Mais le gouvernement de Joe Biden fait mine de prendre son temps. Déterminé à sauver l'accord sur le nucléaire iranien abandonné par Donald Trump, le nouveau président des Etats-Unis va bientôt devoir dévoiler son jeu.

Quelle est la position américaine?

"Respect total pour respect total": le démocrate résume ainsi son retour conditionnel dans l'accord de 2015 censé empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique.

Autrement dit, il est prêt à revenir parmi les signataires, et donc à lever les sanctions draconiennes imposées par son prédécesseur républicain, mais seulement une fois que Téhéran aura renoué avec les restrictions nucléaires prévues par le texte.

Or la République islamique, qui a commencé à s'affranchir de ces engagements justement en riposte aux sanctions américaines, exige de son côté que Washington lève au préalable toutes ces mesures punitives.

Quelles sont les échéances?

Dans une semaine, les autorités iraniennes devraient franchir un cap qui inquiète les observateurs et les autres signataires de l'accord (Chine, Russie, Allemagne, France, Royaume-Uni). Conformément à une loi adoptée par son Parlement contrôlé par les conservateurs, Téhéran cessera le 21 février de se soumettre au régime très strict d'inspections internationales.

"La plupart des violations" de l'accord entreprises jusqu'ici par l'Iran, notamment en matière d'enrichissement d'uranium, "peuvent être rapidement réversibles", dit Kelsey Davenport, de l'Arms Control Association. Plusieurs experts évoquent un délai de moins de trois mois. 

"Mais les violations que l'Iran a planifiées pour les prochains mois sont plus graves" et "plus difficiles à annuler", prévient-elle. A commencer par celle sur les inspections, car "toute perte d'accès" aux sites iraniens "alimentera les spéculations sur des activités illicites de l'Iran".

Plus loin, en juin, les élections iraniennes risquent aussi de compliquer la donne, si les tenants de la ligne dure l'emportent.

Est-il encore temps?

Le 21 février approche à toute vitesse et "il est impératif que la diplomatie se mette en action", s'alarme un ex-diplomate de l'Union européenne. Pour lui, "les dix prochains jours seront cruciaux pour savoir" s'il est "possible de convaincre l'Iran de ne pas aller de l'avant" avec cette nouvelle violation.

"Tout l'enjeu est de s'assurer que ce seuil ne soit pas franchi à cette échéance-là", acquiesce une source européenne, soulignant qu'il s'agirait aussi d'une "ligne rouge pour la Russie et la Chine".

Jon Wolfsthal, qui conseillait Joe Biden sur ces questions lorsqu'il était vice-président, croit savoir que les Etats-Unis et l'Iran "envisagent, avant le 21, une déclaration qui montrerait leur intention mutuelle à respecter à nouveau l'accord".

Américains et Iraniens vont-ils se parler?

"Nous ne nous fixons aucune date-butoir particulière", a balayé le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, interrogé vendredi sur l'échéance du 21 février.

Officiellement, l'administration Biden, qui a nommé Rob Malley, l'un des artisans américains du texte de 2015, comme émissaire pour l'Iran, se concentre pour l'instant sur ses contacts avec ses alliés européens et les autres signataires. Le dialogue direct avec Téhéran, après la rupture des années Trump, n'interviendrait que dans un second temps.

Mais en coulisses, "je pense que les responsables américains ont déjà commencé à discuter avec les responsables iraniens", glisse un ex-conseiller de la Maison Blanche sous la présidence de Barack Obama.

Quelles sont les options?

Thomas Countryman, qui était sous-secrétaire d'Etat sous l'administration Obama-Biden, estime que le président américain pourrait lever, par décret, "certaines sanctions pour prouver sa bonne volonté".

Mais cette piste semble peu praticable tant que l'Iran ne fait pas le premier pas. Dans les deux pays, reconnait en effet Thomas Countryman, les dirigeants doivent démontrer qu'ils ne "cèdent pas à la pression".

La droite américaine, mais aussi certains démocrates, voient en effet d'un mauvais œil la reprise du dialogue et exhortent Joe Biden à ne pas se précipiter dans les bras des ayatollahs sans garantie concrète.

Une autre option serait selon lui une "déclaration d'intentions réciproque de Téhéran et Washington s'engageant à revenir pleinement dans l'accord", préalable à une négociation sur les modalités et le calendrier.

Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a suggéré que l'UE joue un rôle pour "chorégraphier" les mesures des deux pays ennemis.

Selon une souce europénne, le Vieux Continent peut être "le pivot de cette négociation entre Américains, Iraniens, Russes et Chinois". 

"Tout est dans l'extrême détail du séquençage", dit une autre.

Des observateurs évoquent d'autres gestes américains envers Téhéran pour rebâtir une certaine confiance, comme une aide en matière de vaccins contre le Covid-19, une assistance humanitaire ou des garanties économiques -- en débloquant par exemple la demande iranienne de prêt du Fonds monétaire international.


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.